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810 |
institut présaje
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2014-10-01
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"gérard thoris"
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LES « DIGITAL NATIVES » ET L’ÉVIDENCE D’UNE RUPTURE SOCIÉTALE
| 6 | 3 | 385 |
Mais ce n’est pas facile de caractériser ce changement de personnalité. Marshall McLuhan utilise la typologie binaire de media chauds et froids. « Un medium est chaud lorsqu’il prolonge un seul des sens et […] porte une grande quantité de donnée » (id. p. 41). Le summum du medium chaud est l’écriture alphabétique qui s’adresse à l’œil et, derrière l’œil, à la raison raisonnante ; en même temps, les données transmises par l’écriture alphabétique ne laissent que peu de place à l’interprétation. Au contraire, même si elle ne s’adresse qu’à l’oreille, la communication téléphonique relève du medium froid « parce que l’oreille ne reçoit qu’une faible quantité d’information ». Chacun sait combien il peut jouer sur sa propre intonation pour animer une conversation téléphonique ! La seconde réflexion de Marshall McLuhan aurait donc porté sur la caractérisation des smartphones et autres tablettes : s’agit-il, comme la radio, d’un medium chaud ou, comme la télévision, d’un medium froid ? Vu la nature ambivalente de ces objets, tout choix est une réduction, voire une trahison. Espérons donc ne pas trahir ni notre auteur, ni la réalité en concluant que, comme la parole dont ils sont des substituts, les smartphones relèvent du medium froid. A chacun de voir si les critères qui le définissent pour la parole peuvent être transposés pour le smartphone : « la parole permet une participation dramatique de tous les sens » même si « l’auditeur reçoit peu et doit beaucoup compléter » (id., respectivement p. 100 et p. 42).
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810 |
institut présaje
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2014-10-01
| 7 |
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"gérard thoris"
] |
LES « DIGITAL NATIVES » ET L’ÉVIDENCE D’UNE RUPTURE SOCIÉTALE
| 6 | 4 | 416 |
Ainsi, les smartphones prolongent l’effet de la télévision plus que celui du livre. A ce titre, leur émergence dans la société ne constitue pas une rupture ; par contre, leur place dans le processus d’identification de soi et de socialisation, de périphérique, risque de devenir central. On sait les difficultés dans lesquelles les instances de socialisation, et d’abord la famille et l’école, ont eu de mal à intégrer la télévision dans les processus d’éducation et d’apprentissage. Pour faire simple, elles ont l’une et l’autre tenté de l’exclure ou, à défaut, de la marginaliser. Cela se comprend bien puisque l’écriture alphabétique, nous l’avons dit, est le prototype ancien du medium chaud tandis que la télévision est le prototype moderne du medium froid. Dans cette antinomie, l’école a botté en touche et la famille a, le plus souvent, capitulé devant la télévision. Mais si l’école pouvait exclure l’appareil télévisé, elle ne pouvait pas empêcher que la télévision ait profondément modifié la personnalité de l’élève moyen. En particulier, si « l’homme alphabétisé subit une profonde séparation de sa vie imaginative, émotive et sensorielle » (id., p. 112) qui permet au maître d’école de se concentrer sur la transmission rationnelle de savoirs rationnels, « l’homme télévisé » est formaté à l’inverse et a besoin vital d’intégrer sa vie imaginative au sein même du processus d’apprentissage. C’est peut-être l’échec à tenir compte de ce phénomène qui explique la montée de l’analphabétisme en France. Quoiqu’il en soit, c’était le maître qui décidait d’introduire la télévision à l’école.
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810 |
institut présaje
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2014-10-01
| 7 |
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"gérard thoris"
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LES « DIGITAL NATIVES » ET L’ÉVIDENCE D’UNE RUPTURE SOCIÉTALE
| 6 | 5 | 371 |
Aujourd’hui, c’est l’enfant qui introduit son smartphone ; c’était le maître qui choisissait le programme, c’est l’enfant qui décide de l’orientation de son surf ; c’était le maître qui animait et concluait le débat sur un programme visionné en commun, c’est la cacophonie dans la classe puisqu’il est difficile de construire une synthèse cohérente à partir d’une multitude d’informations partielles qui ne sont pas remises en perspective. Marshall McLuhan avait beaucoup d’intuitions. Il glissait d’un exemple à l’autre avec une facilité déconcertante. Il était rare qu’il tire une conclusion définitive des observations qu’il rapportait. Mais il ouvrait des perspectives sur la compréhension du réel. A ce point d’étape, il est clair que le processus d’apprentissage ne peut être laissé à la spontanéité des relations entre un smartphone et son jeune propriétaire. En même temps, il ne peut les ignorer. Il faut donc inventer de toute urgence un moyen de les intégrer tout en leur donnant du sens. C’est certainement le principal défi intergénérationnel auquel nous sommes confrontés : comment transmettre l’héritage de notre civilisation – ce qui relève de l’histoire longue – à des populations qui surfent sur l’instant ! ^1^ Marshall McLuhan (1968), Pour comprendre les media. Les prolongements technologiques de l’homme, Paris, Mame/Seuil, traduit de l’anglais par Jean Paré, 1ère édition en 1964. Cette formule bien connue est le titre du chapitre 1 de l’ouvrage.
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811 |
institut présaje
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2014-10-01
| 8 |
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"jean-luc girot"
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L’INTERNET DES OBJETS : LE NOUVEAU CHEVAL DE TROIE
| 4 | 0 | 434 |
# L’Internet des objets : le nouveau cheval de Troie Les prophéties de George Orwell se réalisent. A cette nuance près que ce n’est pas un ministre de la Vérité qui nous espionne. Les internautes ignorent les yeux et les oreilles qui surveillent leur mobile ou leur PC explique Jean-Luc Girot. On ira plus loin avec les objets connectés. En 1984, Winston Smith est employé du parti extérieur au ministère de la Vérité, c’est du moins le personnage que George Orwell met en scène en 1949 dans son roman dystopique intitulé « 1984 ». A cette époque, la police de la pensée est un organe de répression qui place dans chaque foyer un « Télécran ». Il s’agit d’un téléviseur chargé de diffuser des messages du Parti, doublé d’un système de vidéosurveillance capable d’espionner l’intimité des foyers. En 2014, il n’existe pas plus de ministère de la Vérité que de police de la pensée, fort heureusement, mais les « Télécrans » sont bien là. Non point qu’ils fussent imposés par un quelconque gouvernement totalitaire, non, bien pire que cela, ils sont installés de plein gré par les citoyens eux-mêmes. Le « Télécran » c’est le micro-ordinateur, ou la tablette équipée de sa webcam. On l’installe partout, la connecte à Internet, sans maîtriser le moins du monde ses fonctions cachées et ouvre son univers à tous les hackers de la planète, avides de collecter des informations pour en tirer quelque funeste parti. La technologie Internet n’est réellement maîtrisée que par une minorité de spécialistes. Qui d’entre nous peut certifier qu’il n’est pas observé et que son accès internet n’est pas piraté à son insu ?
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811 |
institut présaje
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2014-10-01
| 8 |
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"jean-luc girot"
] |
L’INTERNET DES OBJETS : LE NOUVEAU CHEVAL DE TROIE
| 4 | 1 | 206 |
Une mauvaise nouvelle arrivant rarement seule, que penser des objets connectés qui pénètrent insidieusement dans nos foyers ? A peine digérés le web 2.0 et ses réseaux sociaux que voici poindre à l’horizon le web 3.0 également nommé : l’Internet des objets. Le premier se nomme « Nabaztag », il s’agit d’un sympathique lapin né en 2005. Connecté à Internet, il avait pour vocation principale de lire à haute voix les messages reçus sur une boîte email et de changer de couleur en fonction de la météo. Aujourd’hui, la tendance s’accélère et les objets connectés se multiplient pour notre plaisir et notre confort : vélos qui mesurent l’effort, valises qui se retrouvent toutes seules, clés qui ne se perdent plus, plantes qui s’arrosent quand elles ont soif, etc. La liste est déjà longue et s’allonge quotidiennement.
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811 |
institut présaje
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2014-10-01
| 8 |
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"jean-luc girot"
] |
L’INTERNET DES OBJETS : LE NOUVEAU CHEVAL DE TROIE
| 4 | 2 | 389 |
## Quels sont les objets connectés et comment fonctionnent-ils ? Les objets connectés ne constituent pas une catégorie à part. Tous les objets du quotidien sont candidats à la connexion dès qu’ils sont équipés d’un dispositif leur permettant de communiquer leur activité à leur écosystème, via un réseau sans fil. Prenons par exemple les lampes d’ambiance connectées. Elles sont pilotables par un smartphone ou par l’ordinateur familial. Elles changent de couleur et modifient l’ambiance lumineuse de la maison à l’envi. Tout est simple, elles se connectent par le réseau wi-fi domestique et se reconnaissent entre-elles automatiquement. C’est magique... Mais voilà qu’au cours de l’été 2014, un groupe anti-piratage a réussi à intercepter les messages véhiculés entre les lampes du système – dans lequel figuraient les clés d’accès au réseau wi-fi –, mettant immédiatement à mal ce dernier et donnant accès à l’ensemble du réseau concerné. Informé, le fournisseur de lampes a réagi et a modifié son protocole d’accès, mais la preuve est faite que chaque objet connecté présentera toujours une faille. Ainsi, la multiplication de ces derniers constitue une réelle menace pour la sécurité de nos réseaux, de nos données et par extension de la nôtre. Cette malheureuse expérience se renouvellera inéluctablement sachant que la sécurité informatique « absolue » n’existe pas. Tout est question de course à la complexité et à la puissance qui ne finit jamais. Il est probable que les futurs objets connectés afficheront une norme de relative protection aux attaques des hackers, mais ils seront toujours vulnérables d’une manière ou d’une autre.
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811 |
institut présaje
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2014-10-01
| 8 |
[
"jean-luc girot"
] |
L’INTERNET DES OBJETS : LE NOUVEAU CHEVAL DE TROIE
| 4 | 3 | 198 |
Inutile de le nier, les objets connectés constituent une nouvelle faiblesse des réseaux et des systèmes d’information qui multiplient et diversifient les méthodes d’intrusion, comme d’innombrables portes difficiles à sécuriser, voire même à identifier. Sera-t-il toujours possible d’établir la liste exhaustive des objets connectés en sa possession ? Des intrus ne pourront-ils pas se glisser dans nos systèmes ? Comment pourrons-nous garantir leur intégrité ? Il est encore trop tôt pour répondre à ces questions. Alors, faut-il se résigner et lutter de toutes nos forces contre le développement de ces indésirables ? C’est à chacun d’entre nous de répondre à cette question, d’estimer son propre risque et de tenter d’évaluer son exposition au piratage potentiel, mais en connaissance de cause !
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812 |
institut présaje
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2015-06-01
| 0 |
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"michel rouger"
] |
LA DÉMOCRATIE D’OPINIONS ET CHARLY LE NUMÉRIQUE
| 4 | 0 | 377 |
# La démocratie d’opinions et Charly le numérique Les événements dramatiques de janvier en France ont permis de mesurer la montée en puissance des « opinions publiques », une forme nouvelle d’expression des citoyens. Pour Michel Rouger, l’ampleur des mouvements qu’elle est susceptible de déclencher contraint la classe politique et les élites censées parler au nom du peuple à revoir les anciens codes de la démocratie. La démocratie d’opinions a gagné le « S » du pluriel grâce aux techniques d’information et de communication qui sont déjà anciennes à force d’avoir été nouvelles... Quiconque cherche ce que signifient ces opinions a le choix entre le suffrage et le sondage, la manifestation et l’abstention, le jugement et le « mouvement » , le Guignol et le blogueur. La nature de Charly le numérique, les caractéristiques de son expression et des polémiques qu’il a entraînées, le font appartenir au genre des « mouvements ». Il est de nature numérique par les moyens dont ont disposé ses membres - smartphones et réseaux sociaux - sans lesquels il n’aurait pu naitre dans le court temps de sa genèse. Ni se développer, au niveau de ses participants, dans les espaces qu’il a couverts. A la différence des manifestations qui, depuis des siècles, expriment ce pourquoi elles sont engagées, le soutien ou l’opposition aux décisions de tous les pouvoirs, ce type de « mouvement » exprime une opinion de rassemblement, différente de l’opinion d’adhésion et/ou de rejet dont la lutte des classes a fourni tant d’exemples au XXème siècle.
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812 |
institut présaje
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2015-06-01
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"michel rouger"
] |
LA DÉMOCRATIE D’OPINIONS ET CHARLY LE NUMÉRIQUE
| 4 | 1 | 403 |
Il s’agit de servir une cause noble, désintéressée, indépendante, extérieure aux postures élitaires des pouvoirs politiques ou intellectuels, dont les statuts reconnus, voire leurs castes dénoncées, ont pris la place de celle de la noblesse et des privilèges abolis il y a deux siècles. Cette opinion, en forme de rassemblement, réagit plus qu’il ne se construit. Il se veut universel et instantané. Il n’a pas vocation à l’unanimité. Le « mouvement » Charly, à la différence de son cousinage des marches blanches nées avec l’affaire Dutroux en Belgique, n’a pas pris, dans son mutisme endeuillé, l’identité des victimes des violences faites à leurs personnes, à leurs libertés ou à leurs valeurs. Il a pris l’identité polymorphe et polyvalente des agressés silencieux de la société, Charly. Ce comportement discret n’a pu empêcher, ni la tentative de prédation du pouvoir d’État qui y a vu, en lui donnant son soutien visible et sonore en l’accompagnant, le moyen de compenser le désamour dont pâtit l’adhésion de l’opinion à son égard, pas plus, qu’à l’opposé, il n’a pu éviter l’excommunication dont il a fait l’objet de la part de certains intellectuels, au motif que les citoyens absents du mouvement dans les rues pouvaient avoir été les objets d’une exclusion de la société par la volonté dissimulée des présents d’en faire des citoyens à part, voire associés aux mauvais. Ce « mouvement » mérite mieux, il faudra lui redonner ses quartiers de noblesse.
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812 |
institut présaje
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2015-06-01
| 0 |
[
"michel rouger"
] |
LA DÉMOCRATIE D’OPINIONS ET CHARLY LE NUMÉRIQUE
| 4 | 2 | 154 |
Les sociétés modernes ont hérité du siècle des Lumières, Horresco referens, une présence de l’opinion publique, qui s’est progressivement généralisée dans les combats d’adhésion forcée qui l’ont visée, menés par les deux sources de pouvoir et d’influence. L’Etat et les intellectuels, de Louis XIV et Voltaire à Napoléon III et Victor Hugo. Puis la démocratie à développé toutes les formes d’adhésion de bon gré. Il est temps pour ces élites de notre Monarchie Républicaine de considérer que l’Opinion numérique a largement modifié la donne de leurs relations avec le Peuple.
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812 |
institut présaje
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2015-06-01
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[
"michel rouger"
] |
LA DÉMOCRATIE D’OPINIONS ET CHARLY LE NUMÉRIQUE
| 4 | 3 | 373 |
## Risques et dissonances
Avant de conclure sur ce sujet des grands « mouvements » de l’opinion, cette Reine du monde dont Pascal et Chateaubriand ont évoqué la tyrannie, il convient d’ouvrir un débat sur les risques que présentent la multiplication des formes d’opinions, accrues par le numérique, en tous domaines, associées au désamour du Peuple à l’égard des pouvoirs élitaires, ceux de l’État comme ceux, d’influence, des intellectuels.
Un exemple de ce risque de tyrannie est souvent dénoncé, la constitutionnalisation, sous la pression de l’opinion en 2005, de la Charte de l’environnement sous le nom de baptême du principe de précaution. Né de la peur, comme Charly, le principe de précaution devait-il échapper aux corrections de la Loi, que doit assurer le peuple souverain, en rendant la Charte intouchable, sauf par le Conseil constitutionnel ?
Ce n’était pas la volonté politique mais c’est ce à quoi elle a conduit. Depuis 2005, par la sacralisation du principe de précaution, plus aucune loi n’est venue apporter les aménagements indispensables pour continuer à assurer la qualité de vie des citoyens.
On peut déjà, sans excès d’imagination, prévoir quelles empoignades se développeront entre les « mouvements » de l’opinion numérique au fur et à mesure qu’elle prendra conscience des évolutions radicales que les scientifiques préparent, spécialement dans le domaine de la santé et de la biologie humaine.
Rendez vous le 28 septembre.
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813 |
institut présaje
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2014-10-01
| 6 |
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"jacques barraux"
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INTERNET ET LE DESTIN CONTRARIÉ DES CLASSES MOYENNES
| 4 | 0 | 299 |
# Internet et le destin contrarié des classes moyennes
Il y a le paradis perdu des classes moyennes en Occident et le paradis gagné des classes moyennes dans les pays émergents. La révolution numérique inspire un nouveau modèle de croissance à l’Ouest. Pas encore dans les économies émergentes.
Le trafic est intense sur les deux routes du ciel. En bas, la route des avions. En haut, celle des satellites. Or voici qu’à mi-chemin de l’une et de l’autre, une nouvelle voie sera bientôt tracée. Elle sera réservée aux drones géants chargés de relier à internet toutes les zones de la planète encore non connectées. Dans quelques mois, le « Connectivity Lab » de Facebook commencera les premiers essais d’un drone ultra-léger de la taille d’un camion en attendant, plus tard, des engins de la taille d’un Boeing. De son côté, Google, initialement parti sur un projet de ballons, vient de racheter le fabricant de drones solaires Titan Aerospace. Cette actualité a une haute valeur symbolique. Le jour où le réseau complet d’internet et des réseaux sociaux sera élargi à la totalité du continent indien, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du sud, la mondialisation entrera dans une phase nouvelle.
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813 |
institut présaje
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2014-10-01
| 6 |
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"jacques barraux"
] |
INTERNET ET LE DESTIN CONTRARIÉ DES CLASSES MOYENNES
| 4 | 1 | 211 |
## Un réseau, deux modèles
Internet des objets, robots, « fab labs », imprimantes 3D, big data, réalité augmentée… les cascades d’innovations qui jaillissent de la source numérique inondent la planète de manière aléatoire et fragmentée. A l’intérieur de l’espace connecté, internet n’a pas réduit la fracture économique et culturelle qui continue de diviser le monde en deux blocs partiellement étrangers l’un à l’autre. D’un côté les peuples d’Amérique du nord et d’Europe qui contournent le ralentissement de la croissance des pays riches en expérimentant - grâce au numérique - de nouveaux modèles de production et d’échange. De l’autre, les peuples des pays « émergents », dont la forte démographie et l’appétit de consommation garantissent l’attachement inconditionnel au modèle de croissance forte.
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813 |
institut présaje
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2014-10-01
| 6 |
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"jacques barraux"
] |
INTERNET ET LE DESTIN CONTRARIÉ DES CLASSES MOYENNES
| 4 | 2 | 333 |
## Libérer une force contenue
Le numérique n’invente pas une civilisation nouvelle, pas plus que l’imprimerie n’a inventé la Renaissance. Il est un outil qui peut, à un moment donné, libérer une force contenue ou résoudre une contradiction sociétale.
La force contenue libérée, c’est celle des milliards d’habitants d’Asie et d’Afrique qui rêvent d’accéder au paradis des classes moyennes. Les multinationales occidentales, allergiques par principe aux croissances lentes, désinvestissent à l’ouest pour se ruer sur les marchés prometteurs de la société de consommation à l’ancienne. Elles s’y mesurent avec des colosses locaux surgis en quelques décennies. En 2000, le classement « Fortune » des 500 premiers groupes mondiaux ne comptait que 5% d’entreprises issues des économies émergentes. Le cabinet McKinsey estime qu’il en comptera plus de 45% dans dix ans.
Dans ce contexte fébrile, l’outil numérique vise à faciliter l’accès à la société d’abondance. Il est au service du consommateur qui fait confiance à Alibaba et à l’industriel occidental qui double la capacité de ses usines. Il n’est pas encore l’instrument d’un contre-modèle au regard de l’héritage occidental – bien que chacun pressente, en Asie comme en Afrique, qu’il le deviendra sous peu.
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813 |
institut présaje
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2014-10-01
| 6 |
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"jacques barraux"
] |
INTERNET ET LE DESTIN CONTRARIÉ DES CLASSES MOYENNES
| 4 | 3 | 388 |
## La contradiction sociétale
La contradiction sociétale, c’est l’Occident qui la vit depuis le début du XXIème siècle. Là encore, il s’agit d’une affaire de classe moyenne. Une classe moyenne qui, elle, a perdu son paradis. Son statut social se dilue, ses revenus plafonnent alors qu’elle n’a jamais autant souhaité communiquer, voyager, échanger, en un mot, jouir de la vie. Ce que l’on appelle « l’économie du partage » ou « l’économie collaborative » est née d’un singulier amalgame de facteurs négatifs et positifs.
En négatif, la stagnation économique et les coupes radicales dans les hiérarchies intermédiaires des grandes entreprises. En positif, la conversion aux valeurs de développement durable, le goût des réseaux de proximité (réels ou virtuels) et l’appropriation des ressources infinies du numérique. Louer plutôt qu’acheter. Faire plus avec moins (l’innovation « jugaad », selon l’expression indienne à la mode). Créer son propre emploi. Monnayer ses services. Travailler en équipe. Militer pour les projets collaboratifs. On songe au précédent historique des start up dans les garages de la Silicon Valley.
Mais la comparaison a ses limites. La contre-culture californienne des années 60 s’était rapidement évaporée dans les vapeurs anesthésiantes de la « nouvelle économie » de la fin du XXème siècle. Celle qui se développe aujourd’hui en Amérique et en Europe a un visage bien différent : elle est née de la nécessité. Un modèle né d’une crise résiste mieux qu’un modèle né d’une mode...
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814 |
institut présaje
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2014-10-01
| 5 |
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"françois lainée"
] |
BIG DATA PRÉDICTIF : JUSQU’À QUEL POINT SOMMES-NOUS VRAIMENT LIBRES ?
| 4 | 0 | 409 |
# Big Data prédictif : jusqu’à quel point sommes-nous vraiment libres ? Scoring et Big Data. L’exploitation des données. Quelles sont les capacités prédictives des nouveaux outils numériques ? François Lainée reconnait leur étonnant potentiel. Mais le Big Data peut aussi être vu comme une nouvelle boussole pour explorer les frontières d’une Terra Incognita : celle du libre arbitre de l’être humain. Dans un monde qui se numérise et se connecte de plus en plus, le Big Data est à la mode. Le Big Data c’est tout ce qu’il est ou sera possible de faire en utilisant intelligemment ce déluge de données. Les entreprises, notamment celles dont les clients sont les particuliers, ont bien sûr commencé à explorer ces opportunités. Dans cette marche elles avancent par étapes, en commençant, souvent laborieusement, par rassembler et homogénéiser leurs données propres pour mieux connaître leur environnement. Puis elles cherchent quelles données externes elles peuvent y ajouter (Facebook ou Twitter sont alors des sources très prisées). Ensuite viennent l’analyse et la restitution de ces données, souvent en tableaux de bord adaptés aux métiers de l’entreprise. Enfin, parfois, les entreprises s’attaquent au prédictif, en tentant de trouver dans les données des réponses à des questions sur les actions futures de leurs clients ou d’actifs individuels. Les questions abordées sont multiples : « Ce demandeur d’emprunt remboursera-t-il son prêt sur 10 ans ? », « Ce visiteur de mon site web va-t-il ou non finaliser son achat ? », « Quels sont les équipements de mon usine les plus à risque de tomber en panne ? », « Cet employé est-il à fort risque de démissionner ? ».
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814 |
institut présaje
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2014-10-01
| 5 |
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"françois lainée"
] |
BIG DATA PRÉDICTIF : JUSQU’À QUEL POINT SOMMES-NOUS VRAIMENT LIBRES ?
| 4 | 1 | 474 |
L’approche naturelle pour répondre à ces questions à partir des données porte le nom de scoring. Elle consiste, pour une question donnée, à construire une fonction mathématique qui produit un nombre, compris entre 0 et 1, et qui donne la probabilité que la réponse soit oui ou non (0 : l’événement va se matérialiser à coup sûr ; 1 : il n’y a aucune chance/ aucun risque). La pratique du scoring est ancienne. Il y a bien longtemps que les banques et assurances, notamment, construisent des scores de risques de leurs clients pour décider des octrois de prêts ou des souscriptions de police. Sous l’effet du Big Data, les approches de scoring évoluent elles aussi, gagnant en efficacité, et en universalité. L’universalité, tout d’abord, est celle de la mesure de performance d’un score. Il existe maintenant une mesure reconnue, celle de la courbe ROC, valable en tout domaine, pour mesurer la qualité prédictive d’une règle de score. Sans entrer dans le détail, retenons ici que l’efficacité d’un score peut dont être caractérisée par un nombre, entre 0% et 100%, qui caractérise le côté totalement prédictif du score (valeur 100%) ou absolument non prédictif (valeur 0%). L’efficacité est quant à elle liée à des avancées algorithmiques, notamment en matière d’apprentissage machine, un ensemble d’approches qui explorent des bases de données historiques pour « apprendre » ce qui fait un profil propre ou non à matérialiser l’évènement. Ces techniques statistiques utilisent la puissance des calculateurs pour explorer des quantités massives de données, tant en nombre d’individus qu’en nombre de paramètres descriptifs (âge, sexe, situation familiale, lieux de vie, métier, revenu pour un octroi de prêt, mais aussi mouvements détaillés du compte en banque depuis des années). Et la puissance de ces approches commence à donner des résultats étonnants, portant des impacts économiques majeurs, et ouvrant des perspectives philosophiques.
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814 |
institut présaje
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2014-10-01
| 5 |
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"françois lainée"
] |
BIG DATA PRÉDICTIF : JUSQU’À QUEL POINT SOMMES-NOUS VRAIMENT LIBRES ?
| 4 | 2 | 419 |
Ainsi, dans le cas des scores d’octroi de prêts, le Big Data a déjà pu offrir des avancées qui peuvent sembler modestes, mais sont en fait majeures. Les scores traditionnels des banques sont souvent assez médiocres, avec des performances de moins de 25%. Avec les techniques d’apprentissage, cette performance peut augmenter de 5 à 10%, pour atteindre 35%. On est donc toujours loin d’être très prédictif, mais ce gain, traduit dans les comptes des banques en provisions pour risques réduites, peut devenir un levier de profit majeur. D’un point de vue prédictif, toutefois, le verdict est très clair : même en analysant ce qu’elle sait de vous, la banque ne sait que très imparfaitement dire si vous rembourserez votre prêt ou non. Cette question n’est pas déterministe, et les événements futurs, ceux que vous subirez ou choisirez d’engager (un divorce, un changement de travail, un accident, des choix de vie ou de consommation…) pourront influencer le résultat final. Mais la prédiction est parfois presque parfaite. Dans le cas de cohortes de femmes atteintes ou non de cancer du sein, des scores efficaces à plus de 95% ont pu être construits, corrélant l’occurrence de la maladie à une combinaison complexe de paramètres démographiques et médicaux. Dans ces contextes, l’évolution d’un patient vers les zones de paramètres qui prédisent la maladie le place sur une voie certaine vers la maladie. Si cette évolution est elle-même inévitable (l’âge qui avance et des paramètres physiologiques « essentiels », que l’hygiène de vie ou la médecine ne savent pas influencer), on se trouve dans une vie prédite, d’où la liberté semble avoir disparu.
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814 |
institut présaje
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2014-10-01
| 5 |
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"françois lainée"
] |
BIG DATA PRÉDICTIF : JUSQU’À QUEL POINT SOMMES-NOUS VRAIMENT LIBRES ?
| 4 | 3 | 85 |
Ces exemples ne sont qu’une minuscule illustration des potentiels étonnants du Big Data pour tracer de nouvelles frontières à cette Terra Incognita qu’est notre libre arbitre. Data et scoring sont sur ces terrains de nouvelles boussoles. L’exploration commence. Et, en destination de ce nouveau voyage, j’écris ton nom : Liberté.
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815 |
institut présaje
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2014-10-01
| 4 |
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"bernard lecherbonnier"
] |
LA FATALITÉ DE L’AN 15, LE CHOC DE LA DEUXIÈME DÉCENNIE DU SIÈCLE
| 4 | 0 | 470 |
# La fatalité de l’An 15, Le choc de la deuxième décennie du siècle Avec le souvenir de 1914 et les nouvelles convulsions géopolitiques de la planète, nous avons le sentiment d’entrer pour de bon dans le XXIème siècle. Prenons garde, prévient sur un ton pince-sans rire Bernard Lecherbonnier, l’Histoire n’est pas tendre avec les années 15. A l’orée de l’année 2015, nous nous interrogeons. Nous sommes perplexes. Où va le pays ? Où va l’Europe ? Où va le monde ? Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? Et quel avenir nous proposent nos élites, apparemment aussi déboussolées que nous ? En étions-nous là, il y a quinze ans ? Pas tout à fait. Nous avons pris pied dans un siècle prometteur et sympathique. L’illusion n’a pas duré longtemps, tout juste vingt mois ! Ben Laden a éclaté les tours jumelles, les spéculateurs ont pillé les banques américaines et les économies nationales, les fleurs des printemps arabes ont donné des fruits amers. Et voici que la chair de l’Europe saigne en Ukraine... Et voici que des fous égorgent la démocratie... Le XXIème siècle, le vrai XXIe siècle ne serait-il pas en train de débuter ? Les flux économiques se sont profondément modifiés en quelques années, le raz-de-marée numérique bouscule les structures de production et les modèles de distribution, de grands rééquilibrages politiques changent la face de la planète. Du monde bi-polaire au monde multi-polaire, zéro-polaire dit Laurent Fabius. Les pays émergents réclament leur part de planète. Quant à ladite planète, elle a le spleen, elle fond sous le trou d’ozone que son impéritie a foré dans le ciel. On se souvient de la phrase de Jacques Chirac à Durban : « La maison brûle et on regarde ailleurs. »
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institut présaje
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"bernard lecherbonnier"
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LA FATALITÉ DE L’AN 15, LE CHOC DE LA DEUXIÈME DÉCENNIE DU SIÈCLE
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Serions-nous à la veille d’une cassure historique ? Cette rupture ne serait-elle pas en train de s’effectuer sous nos yeux, sous nos pas ? La fatalité paraît peser sur l’An XV des siècles. En quelques mois l’histoire rebat les cartes. Un événement majeur, au milieu d’une ébullition générale, se produit à la charnière des années 14 et 15, qui annonce une nouvelle ère : la victoire de Bouvines en 1214, la mort de Philippe Le Bel en 1314, le désastre d’Azincourt en 1415, la victoire de Marignan en 1515, l’avènement de Louis XIII en 1615, la mort de Louis XIV en 1715, la chute de Napoléon en 1815, le début de la Première guerre mondiale en 1914. Quelle que soit la nature de l’événement qui les marque, victoire ou défaite, début ou fin de règne, toutes ces périodes-charnières ont été affectées par des troubles comparables aux nôtres : crise financière, rupture économique, mutation technologique, contestation institutionnelle, conflit religieux, déstabilisation internationale, invasions et conflits armés.
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institut présaje
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"bernard lecherbonnier"
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LA FATALITÉ DE L’AN 15, LE CHOC DE LA DEUXIÈME DÉCENNIE DU SIÈCLE
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## Le choc de la deuxième décennie Quand on regarde de près chaque siècle de notre histoire, on s’aperçoit que ses premières années constituent une sorte de continuation de la période précédente, puis que lors de la deuxième décennie, autour de l’An XV, le cours de l’histoire s’accélère sous le coup des crises d’où émerge une nouvelle ère historique. Le fait de basculer dans une nouvelle ère, il faut insister sur ce point, n’a rien de dramatique. L’histoire est une succession de grandes ères telles que la Renaissance ou Les Lumières, qui ne durent qu’un temps. Le seul problème est de savoir si nous saurons gérer aussi bien que nos ancêtres la mutation contemporaine, qui nous conduit vers la civilisation que nous dirons numérique faute d’en savoir plus sur l’avenir. Ainsi, loin de s’ouvrir dans des conditions inédites, le XXIème siècle ne fait que reproduire un schéma hérité d’une tradition séculaire. Instructives à cet égard les grandes pages de notre histoire. Les acteurs changent de siècle en siècle, mais c’est toujours la même pièce qui se joue. Longtemps les rois en tinrent le premier rôle, la République leur a succédé. Les constantes de fond n’ont jamais changé… Il y a un monde avant et un monde après l’An XV. La vraie question est aujourd’hui de savoir si nous saurons maîtriser l’enjeu de la mondialisation. A son sujet et pour le plaisir de conclure sur une question-piège : qui est l’auteur de cette vision anticipatrice ?
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institut présaje
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2014-10-01
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"bernard lecherbonnier"
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LA FATALITÉ DE L’AN 15, LE CHOC DE LA DEUXIÈME DÉCENNIE DU SIÈCLE
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« La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l’espèce entière, soit… mais quelle serait une société universelle qui n‘aurait point de pays particulier ?... Et quel serait son langage ?... Comment trouver place sur une terre agrandie par la puissance d’ubiquité ?... Il ne resterait qu’à demander à la science le moyen de changer de planète. » Aldous Huxley ? George Orwell ? Bill Gates ? Jacques Attali ? Non. Chateaubriand. Ce sont les tout derniers propos des Mémoires d’Outre-tombe écrits en … 1840. Bernard Lecherbonnier est co-auteur avec Serge Cosseron de La fatalité de l’An XV, Editions L’Archipel, novembre 2014.
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institut présaje
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2014-10-01
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"albert merlin"
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« TOUT LE MONDE PARLE EN MÊME TEMPS » EST-CE IRRÉMÉDIABLE ?
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# « Tout le monde parle en même temps » Est-ce irrémédiable ? Des avalanches de chiffres dans le désordre, des sites internet croulant sous des montagnes de textes, d’images et de sons ineptes ou futiles, des médias qui confondent l’information et le spectacle, l’ordinateur est-il voué à n’être qu’un amplificateur des défauts de la société ? Albert Merlin rêve d’un autre « bien commun numérique ». Dans ce même numéro, François Ecalle rappelle combien les économistes des « sixties » gémissaient à l'envi sur le manque de données chiffrées, ou du moins leur insuffisance. Comment mesurer l'impact d'une décision gouvernementale quand on ne connait pas les arcanes de la consommation et de la production, ni, a fortiori, les coefficients techniques et les élasticités reliant les engrenages de la chaine de valeur ? On comprend que l'émergence de l'informatique ait suscité alors les espoirs les plus fous : collecter les chiffres, les traiter, les introduire dans les modèles économétriques. On entrevoyait le moment où l'on pourrait, comme dans une usine, entrer la matière statistique en amont, et recueillir les solutions à la sortie. Cinquante ans ont passé. Où en sommes-nous, où en sont les experts en sophistication ? La réponse est tombée à la mi-septembre, après la décision de supprimer la première tranche d'imposition sur le revenu. Où a-t-on vu la moindre mesure d'impact ? On a beaucoup « estimé », glosé, mais pas vraiment mesuré. Il faut le savoir : la plupart des décisions économiques sont encore prises dans le flou, en dépit des outils statistiques disponibles de nos jours.
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institut présaje
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"albert merlin"
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« TOUT LE MONDE PARLE EN MÊME TEMPS » EST-CE IRRÉMÉDIABLE ?
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La désillusion ne concerne pas que les décisions de Bercy. On avait plus ou moins rêvé d'un univers où les méthodes quantitatives régleraient la plupart de nos problèmes, grâce aux calculs d'optimisation : on s'aperçoit aujourd'hui que ces merveilleuses machines, même si elles disposent d’une nourriture abondante, ne peuvent fournir que des approximations. Faut-il s'en étonner? Rappelonsnous Jean Fourastié : ce qui est machinal, la machine peut le faire. Corrélativement, nous expliquait le maitre, l'homme pourra disposer, à la longue, de plus de temps pour l'intelligence, l'imagination, l'humain. Ce n'est pas exactement ce qui se passe aujourd'hui : l'outil numérique devient prédateur, et il y a de moins en moins de temps pour la réflexion. Ira-t-on jusqu’à dire que l’ordinateur ferme la porte à la philosophie, en s’inspirant de Pierre Manent quand il nous explique, dans son essai consacré à Montaigne, que la découverte de l’Amérique par ce philosophe est « inséparable d’un obscurcissement de la philosophie même » ? Ce serait sans doute aller un peu loin, mais comment nier la puissance de l’ogre informatique aujourd’hui ?
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institut présaje
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2014-10-01
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"albert merlin"
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« TOUT LE MONDE PARLE EN MÊME TEMPS » EST-CE IRRÉMÉDIABLE ?
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## L’instantané livré en vrac N’importe : jour après jour, on privilégie l’instantané, livré en vrac. Puisque l'on peut obtenir toutes les informations possibles en quelques minutes, voire quelques secondes, pourquoi s'en priver ? La moisson est présentée comme attrayante ; les amours des ministres, leurs calculs le plus souvent électoralistes ne manquent pas à l'appel. Avec, à l'appui, l'argument bien connu : c'est ce qui plait au public. Résultat : « tout le monde parle en même temps »^1^! Voilà l'effet du numérique sur les médias, alors que l'on rêvait - un peu naïvement - de pédagogie. Comment rectifier le tir ? Sans doute en brisant cette dévotion à l'ordinateur fourre-tout, où les « indicateurs » rapides le disputent aux potins quotidiens. En second lieu, en se rappelant que ce ne sont ni les données statistiques ni les ragots qui mènent le monde, mais les idées et les croyances. En témoignent les conflits qui peuplent actuellement nos continents. Il faudrait ensuite assortir nos raisonnements économiques de considérations presque charnelles, souvent effacées par la domination des technologies. Certains pays y parviennent : quiconque voyage tant soit peu est impressionné par le comportement de nos amis allemands dans leurs transactions. Déjà fiers de leur savoir-faire industriel, ils ajoutent volontiers un zeste de sentiment national, que d'aucuns vont jusqu’à nommer « patriotisme économique ». Tout le contraire de ce que nous offre l'ordinateur, qui nivelle tout.
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institut présaje
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2014-10-01
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"albert merlin"
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« TOUT LE MONDE PARLE EN MÊME TEMPS » EST-CE IRRÉMÉDIABLE ?
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Enfin, comment ne pas constater et déplorer, notamment en France, l'effacement progressif du sentiment de responsabilité, conduisant trop souvent à se débarrasser des problèmes en les repassant aux machines, par nature aveugles ? Tâche particulièrement rude dans un pays où l'on ne parle que de besoin de protection, et où s'allonge de jour en jour la liste des « droits à »... ! Reste à imaginer notre vie quotidienne. Dans son dernier dossier, « The Economist » essaie de nous peindre l’avenir en rose en anticipant les joies du retour à la maison en auto : «Sur le chemin du retour, vous écoutez la musique de votre choix, captez la télévision ou les info. Vous notez à peine que la voiture ralentit ou accélère pour éviter les autres véhicules, sauf quand elle se déporte pour laisser passer l’ambulance.» On est déjà dans le rêve, mais on le sera plus encore lorsque l’on remarquera que les voitures se parlent ! Pourquoi refuser ce confort ? Il est évidemment bon à prendre, à condition de le maitriser. Et de bien noter que ces progrès techniques ne résolvent en rien nos choix politiques, domestiques ou sentimentaux. Nous sommes encore dans le « machinal », héritier du machinisme. Jusqu’au jour où les ordinateurs deviendront vraiment intelligents ou, mieux encore, malins. ^1^ Guillaume Decugis : Tout le monde parle en même temps. On a donné à chacun le moyen de s’exprimer et l’on n’a créé que du bruit. La Croix, 25-09-2014.
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institut présaje
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"olivier babeau"
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DANS LA SOCIÉTÉ PANOPTIQUE DE DEMAIN, COMMENT ÉVITERONS-NOUS LE TOTALITARISME DOUX ?
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# Dans la société panoptique de demain, comment éviterons-nous le totalitarisme doux ? Le citoyen a-t-il conscience du réseau de surveillance dans lequel il est chaque jour un peu plus enserré ? Au nom de la lutte contre la menace terroriste ou de la protection contre toute forme de risque, les démocraties s’insinuent dans les moindres recoins de la vie privée. Olivier Babeau s’inquiète « d’une forme mielleuse de totalitarisme » que seule l’entreprise peut enrayer... La prospective a toujours été un exercice risqué, l’avenir, comme l’a souligné Taleb dans son Cygne noir, étant avant tout le produit de l’imprévu. A l’ère numérique, la vitesse d’évolution des technologies et l’ampleur des changements qu’elles produisent rendent apparemment la tentative plus vaine que jamais. Et pourtant, de toutes les tendances qui se dessinent, aucune ne semble plus inévitable que le scénario orwellien. Si Michel Foucault vivait encore, il ne manquerait pas de souligner la multiplication exponentielle des dispositifs de surveillance. Lui qui avait si bien remarqué, à travers le parallèle frappant entre le supplice de Damien et le règlement carcéral, que notre modernité était caractérisée par une intériorisation silencieuse de la contrainte bien plus efficace que son déploiement spectaculaire, serait frappé par le réseau dense de surveillance ininterrompue dans lequel nous évoluons désormais. La version moderne du fameux panoptikon de Bentham n’utilise plus une technologie architecturale mais informatique, mais il n’en est que plus redoutable.
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institut présaje
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2014-10-01
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"olivier babeau"
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DANS LA SOCIÉTÉ PANOPTIQUE DE DEMAIN, COMMENT ÉVITERONS-NOUS LE TOTALITARISME DOUX ?
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A l’heure actuelle, les efforts de contrôle des Etats se concentrent sur la répression de la menace terroriste, dans le louable souci d’assurer la sécurité des populations. Les révélations de Snowden ont montré quels immenses moyens et quelles méthodes les Etats n’hésitaient pas à employer. En créant les outils ad hoc permettant l’interception et le traitement des échanges numériques entre individus, les Etats se donnent les moyens, demain, d’assurer plus largement la supervision complète de l’action sociale. Cette possibilité sera d’autant plus opportune pour les Etats qu’internet représente pour eux une menace considérable. Parce qu’elle permet aux populations de coopérer directement, sans égard aux institutions et clergés créés pour cela, l’ère numérique est d’abord et avant tout une ère de la transgression : l’économie collaborative qui se développe grâce à la mise en relation opérée par les plateformes collaboratives court-circuite les institutions et menace directement l’industrie culturelle, les taxis, l’hôtellerie, et plus généralement le système politique représentatif en tant que tel. L’institution suprême qu’est l’Etat cherche naturellement à re-médiatiser les rapports sociaux, à réinstitutionnaliser la société qui est plus que jamais, comme le soulignait Clastres dès 1974, « contre l’Etat ».
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institut présaje
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2014-10-01
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"olivier babeau"
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DANS LA SOCIÉTÉ PANOPTIQUE DE DEMAIN, COMMENT ÉVITERONS-NOUS LE TOTALITARISME DOUX ?
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Alors que les responsables politiques cherchent à refonder la légitimité de leur action et sont dans quête éperdu de résultats probants (ils manquent si cruellement en matière économique), la reprise en main du numérique est en train se s’organiser. Elle ne se fait certes pas au nom d’une quelconque répression, mais toujours au nom de l’intérêt des populations : à une logique répressive est substituée une logique de protection, mais le résultat sera identique. L’Etat-providence, qui intervenait ex-post, est ainsi en train de se muer en Etat-nounou. L’empire du Bien décrit par l’inimitable plume goguenarde de Philippe Murray, avec son cortège de festivités, aura enfin avec le numérique les moyens de sa politique. D’ici quelques années, les individus et les objets seront tous connectés, c’est-à-dire contrôlables à distance. La progression des outils de quantified self annonce l’avènement d’une discipline du corps rendant les anciens dispositifs de contrôles risibles : pression artérielle, rythme cardiaque, activité physique et neuronale, alimentation, déplacements, plus rien n’échappera aux devices en tous genres. La soif de protection de l’individu, y compris contre lui-même, s’étanchera dans une consommation numérique immodérée de la part des Etats. Il ne suffira plus de conseiller, exhorter (« mangez-bougez »…) ou alerter. Il faudra prévenir et, si nécessaire, empêcher. Au nom de la quiétude de tous, nous éliminerons le terrible stress et l’horrible risque. Pour notre sécurité et notre bien-être, nous serons câlinés, caressés et rassérénés. Ce n’est ainsi pas Big Brother, mais Big Mother, selon le mot grinçant de l’écrivain Alain Damasio dans son roman d’anticipation La zone du Dehors, qui va apparaître.
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institut présaje
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2014-10-01
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"olivier babeau"
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DANS LA SOCIÉTÉ PANOPTIQUE DE DEMAIN, COMMENT ÉVITERONS-NOUS LE TOTALITARISME DOUX ?
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C’est la dictature de la gentillesse qui s’annonce, ce totalitarisme soft où le citoyen est obligeamment bordé dans son couffin connecté. Les comportements déraisonnables seront traqués et découragés, avec la sollicitude sereine mais ferme qu’une mère met à interdire à son jeune enfant de se pencher à la rambarde. Y a-t-il encore une chance d’échapper à la société du cocooning lénifiant dopée par les technologies numériques ? Le remède, comme souvent, est dans le poison. C’est l’entreprise qui sera, de notre point de vue, le meilleur gardien de nos libertés, contrairement au point de vue relayé à satiété par les médias diabolisant l’action privée et exaltant l’action publique. Les entreprises, on le leur reproche assez souvent, ne se sentent pas investies d’une mission morale, elles ne mènent pas de croisade. Elles répondent à une demande, sans juger de son bienfondé. Or la demande des individus pour plus de vie privée, pour l’anonymat en ligne ou plus généralement la liberté de n’être pas traqués existe et se développe. Certains produits, tels que le BlackPhone, de Deutsche Telekom, commencent à faire de la protection des communications et des connexions de ses abonnés un argument commercial. Les citoyens se rendent compte que leurs données ont de la valeur, qu’elles sont exploitées ou exploitables, et commencent à imaginer des moyens d’en garder la maîtrise. Signe encourageant, de nombreuses start-ups émergent autour de cette idée : Personal (coffre-fort digital), Wicker (sorte de snapchat crypté), Privacy protector (surf anonyme), Mypermission (gestion des permissions d’accès), etc.
Face à un Etat qui ne pourra pas s’empêcher de promouvoir, pour lui-même et au nom du Bien qu’il veut nous imposer, une forme mielleuse de totalitarisme, nous pouvons compter sur les entreprises, à condition qu’elles soient aiguillonnées par une demande lucide.
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institut présaje
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"michel rouger"
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J’ÉCHANGE DONC JE SUIS
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# J’échange donc je suis
Les Français ont dans leurs gènes le goût de la dispute. Les réseaux sociaux ont poussé cette manie jusqu’à l’incandescence constate le président de Presaje. Dans un délire quotidien, la « politique spectacle » et la « politique démolition » pervertissent la démocratie et affaiblissent l’Etat.
« Un gros milliard d'individus tweetent, bloguent et facebouquinent, sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Déguisées, maquillées, leurs images sont dessinées, à gros traits, dans un carnaval planétaire où chacun prend la posture de son « second être », livré à l'échangisme intellectuel. Ces comportements, virtuels et compulsifs, annoncent le siècle des manières et des postures qui remplaceront les lumières et la culture. Zuckerberg qui vend pour exister a enterré Descartes qui pensait pour être.
Chacun sait ce que le siècle des Lumières et de la culture a apporté aux sociétés humanistes. Pour les manières et la posture, on observe quelques phénomènes sympathiques de compassion au niveau individuel, plus antipathiques de démolition au niveau sociétal, domaine favori de Presaje.
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institut présaje
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2014-10-01
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"michel rouger"
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J’ÉCHANGE DONC JE SUIS
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## Sur l'action politique
En France, pays à 1 élu pour 100 habitants, tout est politique. Y compris les mutations technologiques. Le cinéma a créé le spectacle politique sur grand écran avec ses parades politico militaires inspirant l’adoration du chef. Puis la télévision a créé la politique spectacle sur petit écran avec les grandes messes, à prix d’or, des communicants et les « débats » enflammés par des saltimbanques cracheurs de feu. Les unes et les autres, fabriquant la séduction opérée par le chef maquillé, posturé et formaté.
Puis les réseaux sociaux ont créé, sur les tout petits écrans des smartphones, la politique démolition, spectacle inspiré par la lutte des Sumo, transposée dans le cercle virtuel et médiatique du pouvoir.
Véritable usine à fabriquer de la répulsion à base de dénigrement, la politique démolition oblige les politiciens à subir cette essoreuse médiatique dont ils ressortent en charpie. L’adoration du chef n’a plus de sens, la séduction n’a plus d’effet. Tout le monde démolit tout le monde.
Depuis 2009, an 1 du Tweet, tout acteur politique se concentre, jusqu’à l’obsession, tous les matins en se rasant, sauf les femmes, sur les objectifs et les moyens d’inspirer la répulsion du successeur, lequel n’agit plus que pour le rejet-répulsion du prédécesseur, du concurrent, voire du collègue.
Ne soyons pas cruel, laissons le lecteur apprécier. Une telle évolution rejette le modèle de développement durable sur lequel devrait reposer une écologie politique qui reste à inventer. En détruisant tout elle permettra de reconstruire, mais l’épisode 2012-2014 aura fait des dégâts irréparables.
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institut présaje
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2014-10-01
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"michel rouger"
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J’ÉCHANGE DONC JE SUIS
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## Sur le fonctionnement de l'état
L'Etat, à peine sorti des convulsions du milieu du XXe siècle, souffrait déjà des effets de la politique spectacle qui empêchait le politique d'y tenir la place d’autorité qui est la sienne pour le diriger et le contrôler. Certes l'ensemble de l'administration qui structure l'état reste dévouée à la nation et à son peuple, mais les enchainements entre la politique tout spectacle et la politique tout démolition ont inspiré des ambitions naturelles chez les grands serviteurs de l’Etat.
Les vocations se sont multipliées, poussant les plus aptes à se rapprocher de la cour du Monarque républicain où se distribuent les prébendes qui profitent aux séducteurs de la politique spectacle, comme les récompenses distribuées aux Sumos de la politique démolition. L'état y a perdu des serviteurs désintéressés, au point que de plus en plus de bons cerveaux posent la question : faut-il plus d'Etat, moins d'Etat, plus ou moins de politique ? Sans trop savoir par où commencer entre l’œuf et la poule.
Avec un dégât collatéral récent. Les avatars successifs de la politique réelle ont conduit les électeurs à considérer qu'il leur fallait faire protéger leur territoire par des suzerains et des vassaux qui sauraient capter l’impôt redistribué par l’Etat. Le fief et l’impôt ça sent bon la féodalité du Moyen âge, dans un pays immuable, dont la carte du découpage territorial, imaginé par son président, décalquait en 2014 celui du Royaume des Francs au début des Capétiens, mille ans plus tôt.
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institut présaje
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2014-10-01
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"michel rouger"
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J’ÉCHANGE DONC JE SUIS
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## La démocratie d'opinion
Le tout politique et le tout état ont fait de la France le champ de bataille d'opinions, souvent surfaites, dans leurs antagonismes de fausse guerre civile. La politique spectacle offrant l’accès à la Cour, par la télé, la presse d’émotion s’y est installée, au détriment de la presse d'opinion qui n'a plus le temps ni de la réflexion, ni de la rédaction, ni de la diffusion.
Elle tend à devenir commentatrice de commentaires instantanés et incontrôlables, issus de la masse des informations déversées à longueur de journée sur le Web, aussitôt remplacées par les suivantes. La sauvegarde de la presse vivante, non virtualisée, en cours de destruction, exigera beaucoup de temps et de courage de la part de ceux qui ont conscience des conséquences de son atrophie.
Quand à la presse d’information, elle subit par la pression des nouveaux médias la manipulation des marchands étrangers qui pénètrent d’autant plus facilement sur le marché hexagonal qu’ils surfent sur l’autodénigrement qui caractérise les relations entre Français.
Une allusion pour conclure. Les réseaux sociaux, en quelques brèves années, ont transformé l'économie de marché en société de marché. Tout le monde achète et vend partout et tout le temps, dans des conditions de droits quasi inexistants Essentiellement au profit des grands peuples marchands, hyper vendeurs dans leurs gènes, face à des Français qui sont hyper consommateurs dans les leurs. A crédit, of course.
A suivre.
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institut présaje
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2016-11-01
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"michel rouger"
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LA CRISE POLITIQUE DE L'EUROPE CONTINENTALE
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# La crise politique de l'Europe continentale Il est évident que, si à la fin des discussions de séparation avec le Royaume Uni, l’Europe continentale rassemblée autour de la monnaie européenne ressort divisée, les espoirs exprimés dans la préface de Michel BARNIER de 2012 seront anéantis. Rien n’est moins sur. Les analyses de 2011 sur la reprise en mains par les USA de leur famille occidentale, celles de l’usure du modèle de gouvernance de l’UE, poussent à penser à un rééquilibrage de raison entre Berlin et Paris. On ne voit pas le Français s’effondrer et l’Allemand l’écraser, comme en 1940, en plein Brexit. Pour éclairer les chances de ré équilibrage entre Berlin et Paris, revenons aux réflexions géopolitiques de 2012. Qu’étaient les perspectives, vérifiées depuis. « L’Europe, telle qu’un Chinois peut la voir à l’ouest de l’Oural, est passée, dans les années 90, sans drame, d’une coupure longitudinale, le rideau de fer et le mur de Berlin, à une coupure latitudinale le 45e parallèle. Dans l'ancien modèle les mauvais étaient à l'est, enfermés dans leur complexe idéologique et militaire. Les bons étaient à l'ouest, ouverts au monde, avec leur modèle social et industriel, né dans la communauté charbon acier en 1957. En dix ans l’Est géopolitique a disparu. Pendant ces temps cruciaux la France, avec les meilleures intentions du monde, a choisi ses bureaux et son modèle social, hédoniste et providentiel. Les Allemands ont choisi leurs usines et leur modèle à la fois monétaire et industriel exportateur. Les Anglais ont choisi leurs banques et leur modèle monétaire et financier universel. Ce fut le retour juste avant 1914.
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institut présaje
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2016-11-01
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"michel rouger"
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LA CRISE POLITIQUE DE L'EUROPE CONTINENTALE
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Pourquoi, alors, l’Europe n’est elle pas encore morte ? La raison tient aux trois décisions prises, toutes favorables à l’Allemagne et au Royaume uni, ainsi incitées à poursuivre la vie confortable au sein de l’Union. C’était il y a 20 ans, c’est fini. Pour que ce couple francoallemand, séparé de biens, pas encore de corps, se rabiboche, il faudra que soit l’Allemagne change, soit la France change. Pour apprécier la probabilité de la survenance de chaque terme de l’alternative, il faut rappeler les trois décisions néfastes que la France a laissé passer il y a 20 ans.
- La première décision a consisté pour les dirigeants français, en 1990, à regarder passer le train de la réunification allemande sans regarder vers où il allait.
- La seconde a consisté, deux ans plus tard, en 1992, à partager, dans le traité de Maastricht, le modèle monétaire et industriel allemand, sans en avoir ni la monnaie ni l’industrie, avec des engagements de déficit et d'endettement que la France serait incapable de tenir. Y ajoutant l’instauration d’une monnaie unique qui supprimerait les dévaluations répétées, bases de la compétitivité de la France. Ce fut l’acte de condamnation du modèle providentiel des Français.
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819 |
institut présaje
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2016-11-01
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"michel rouger"
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LA CRISE POLITIQUE DE L'EUROPE CONTINENTALE
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- La troisième a consisté à adopter l’Euro sans la Grande Bretagne. Elle a remis la France et son modèle social entre les mains de la politique économique de l’Allemagne et de son modèle monétaire et industriel. C’est ainsi que, depuis 20 ans, l’Europe vit avec un grand malade, son vieux père, le modèle social né pendant la guerre froide. Il a généré deux enfants aux caractères inconciliables, le modèle latin consommateur, le germanique producteur. Le décrochage survenu entre les deux premières économies de l’Union Européenne, au détriment de la France, n’est qu’un des éléments de ce mal être des Français. Lucidement, le malaise économique est plus facile à résoudre que le mal être ambiant. Il suffirait que pendant un quinquennat la société française préfère la production à la consommation, le travail qui se vend à l’emploi qui s’administre. Il est intéressant d’entendre ce qui se dit, à ce sujet, dans les débats de la campagne présidentielle française. Le pouvoir en place à Paris est vilipendé au motif qu’il s’est trop soumis à l’Allemagne et à l’Euro. Jusqu’où ? » Stop ! Regardons vers l’avenir en retenant que la dernière phrase concernait la présidentielle de 2012, pas celle de 2017. Ce qui signifie qu’après un quinquennat pour rien, la France peut en vivre un différent et sortir de son marasme politique. Certes, Paris partagera avec Berlin, en plein Brexit, le même contexte géopolitique mondial, mais, les sujets de demain seront beaucoup plus sensibles outre Rhin : la démographie, les migrations, les rapports de l’UE avec la Turquie, ceux avec les pays de l’ex glacis russe de la précédente guerre froide, les sources d’énergie, les marchés automobiles, la nouvelle guerre froide. Tous seront plus difficiles à gérer politiquement pour les dirigeants allemands que pour les Français. Surtout si le Royaume Uni se rapproche du modèle Français en quittant l’UE.
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institut présaje
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"michel rouger"
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LA CRISE POLITIQUE DE L'EUROPE CONTINENTALE
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Sans remonter au traité de Verdun, au congrès de Vienne, ou aux accords de Yalta, l’Europe a le secret de ces grands débats structurants qui accompagnent ses cassures. Le deal sur le BREXIT, en forme de paix chaude, ne faillira pas à la règle.
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institut présaje
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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# La nouvelle Europe, Considérations sur la constitution de l’Union Européenne
La sécurité du monde exige une nouvelle unité en Europe et donc […] la création d'une sorte d'Etat-Unis d'Europe […] Le premier pas dans cette direction devrait être un partenariat franco-allemand.
Winston Churchill, Zurich, 19 septembre 1946.
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institut présaje
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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## Sidération Le résultat du référendum organisé le 23 juin 2016 a bouleversé le Royaume de sa Majesté et remis en cause son unité. Les responsables politiques ont été sidérés par un résultat auquel nul ne semblait s'attendre. Ce référendum sorti d'un chapeau, pouvait apparaître comme une manœuvre destinée à assoir une légitimité interne et à exercer un levier vis-à-vis des partenaires européens. Le vent de panique qui a soufflé à Londres au lendemain a toutefois bien montré que tout cela relevait surtout d’une manœuvre politique hasardeuse, dont les lourdes conséquences n’ont jamais réellement été évaluées.. Les résultats ont mis en évidence les profondes divisions qui affectent l'électorat du sud face à celui du nord, celui financier, industriel et commerçant dont la prospérité est assise sur une livre forte et l'attractivité des capitaux, face à celui issu de zones désindustrialisées en panne de développement économique et social. La réalité est que, comme bien souvent, le vote avant tout protestataire, délié des enjeux réels de la question, vient non seulement sanctionner un gouvernement en quête de légitimité, mais porter à conséquences pour les générations à venir. Dans son principe, le brexit semble remettre en cause le projet européen en ce qu'il contredit la volonté inaliénable des peuples européens consacrée dans les traités de préserver la paix en Europe en réalisant une intégration croissante. L'aventure britannique ouvre, de fait, une brèche dans laquelle les partis politiques protestataires trouvent une source indécente de réjouissance. Mais en exprimant son renoncement à sa place dans l'Union européenne et ses institutions, le Royaume-Uni perçoit qu'il risque de perdre une position privilégiée, un levier majeur d'influence, y compris dans sa relation privilégiée avec les États-Unis, et une partie encore indéterminée mais probable de sa puissance économique et de son rayonnement international.
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institut présaje
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Ainsi, la démocratie, « le moins mauvais des systèmes politiques », expose ici ses faiblesses, singulièrement lorsque son destin est entre les mains de ceux que Churchill désignait comme « des philosophes névrosés qui se lèvent le matin en se demandant quelle partie de la Grande-Bretagne ils pourraient encore brader et se couchent chaque soir en regrettant ce qu'ils viennent de faire ». Les discours de Mme MAY et de David DAVIS, son ministre en charge du brexit, démontrent autant le degré d'impréparation que les limites mêmes d'un exercice dont personne ne semble cerner les contours. Mais au-delà des atermoiements politiques, des actes manqués et des déclarations fermes d'intention de mettre en œuvre la volonté populaire, l'aboutissement du brexit est confronté à des obstacles juridiques qui pourraient compromettre la fragile volonté qui en a inspiré l’origine.
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institut présaje
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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## Les obstacles juridiques L'article 50 du TUE sur la sortie de l'UE doit se lire à la lumière de l'article 218 du TFUE et de l'avis 2/13 de la Cour de justice de l'UE ainsi que de la contestation en droit interne du référendum desquels il se déduit que la sortie de l'UE n'est pas un acte unilatéral et que l'adhésion à l'UE emporte des conséquences qui vont au-delà de la volonté des peuples. L'article 50 prévoit que tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union qui négocie et conclut alors avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen. Les traités cessent d’être applicables à l’État concerné à partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification du retrait sauf prorogation de ce délai. A ce principe en apparence simple, l'article 218 précise que le Conseil adopte une décision portant conclusion de l'accord et qu'un État membre, le Parlement européen, le Conseil ou la Commission peut recueillir l'avis de la Cour de justice sur la compatibilité d'un accord envisagé avec les traités. En cas d'avis négatif de la Cour, l'accord envisagé ne peut entrer en vigueur, sauf modification de celui-ci ou révision des traités. On pourrait être tenté de dire que la raison politique des EM et du Parlement européen céderait à la volonté ferme exprimée par le peuple britannique, sous réserve de la position future de l'Ecosse et de l'Irlande du Nord.
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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C'est sans compter que l'avis de la CJUE pourrait venir contrarier un fleuve d’obstacles à franchir, dont on sait d’ores et déjà qu’il n’aura rien d’évident. En effet, dans son avis 2/13 relatif à l'adhésion à la CEDH, la Cour a rappelé que le droit de l'Union était d'une nature particulière, et qu'il ne pouvait y être dérogé en ce que les traités fondateurs de l’Union ont, à la différence des traités internationaux ordinaires, instauré un nouvel ordre juridique, doté d’institutions propres, au profit duquel les États qui en sont membres ont limité, dans des domaines de plus en plus étendus, leurs droits souverains et dont les sujets sont non seulement ces États, mais également leurs ressortissants. Parmi ces caractéristiques figurent celles relatives à la structure constitutionnelle de l’Union, qui se reflète dans le principe d’attribution des compétences auxquelles s’ajoutent les caractéristiques spécifiques tenant à la nature même du droit de l’Union par le fait d’être issu d’une source autonome, constituée par les traités, par sa primauté par rapport aux droits des États membres ainsi que par l’effet direct de toute une série de dispositions applicables à leurs ressortissants et à eux-mêmes.
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institut présaje
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Ces caractéristiques essentielles ont donné lieu à un réseau structuré de principes, de règles et de relations juridiques mutuellement interdépendantes liant, réciproquement, l’Union elle-même et ses États membres, ainsi que ceux-ci entre eux, lesquels sont désormais engagés dans un «processus créant une union sans cesse plus étroite entre les peuples de l’Europe». La poursuite des objectifs de l’Union est confiée à une série de dispositions fondamentales, telles que celles prévoyant la liberté de circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes, la citoyenneté de l’Union, l’espace de liberté, de sécurité et de justice ainsi que la politique de concurrence. Ces dispositions, s’insérant dans le cadre d’un système propre à l’Union, sont structurées de manière à contribuer, chacune dans son domaine spécifique et avec ses caractéristiques particulières, à la réalisation du processus d’intégration qui est la raison d’être de l’Union, elle-même forte du principe de la confiance mutuelle et de solidarité entre les États membres. Cette particularité s'impose à tous les EM, y compris ceux qui prétendraient en sortir. Comprendre, il est plus facile de rentrer que de sortir de l'Union du fait que cela marque une volonté particulière et forte des peuples européens de construire un avenir commun fondé sur des valeurs démocratiques, un marché unique, etc. Surtout, l'intégration des législations nationales opérée depuis 1957 ne peut être mis à néant par le simple effet d'un accord international. Il implique un ouvrage législatif colossal qui défie la raison.
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Or on ne peut exclure que si la Cour venait à être saisie, elle émette un avis négatif à un projet d'accord qui maintiendrait une quasi-parité de facto entre le Royaume-Uni et les États membres ou qui permettrait au Royaume-Uni d'imposer un régime d'exception à une libre circulation à géométrie variable, c'est-à-dire qui satisferait principalement les exigences des sécessionnistes. Un avis négatif aurait donc pour conséquence de rendre caduque, ou à tout le moins de sérieusement écorné la légitimité, du projet d'accord négocié, de provoquer de nouvelles tensions entre EM, avec le risque de récession majeure pour le Royaume-Uni du fait de la perte de son statut de porte d'entrée économique de l'Union et d'intégration de ses marchés, notamment financiers dans le marché commun.
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institut présaje
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Ces perspectives doivent se lire à la lumière du droit constitutionnel anglais et de la décision rendue par la High Court de Londres le 3 novembre 2016. Cette décision n'est pas sans rappeler les premières grandes décisions de la Cour Suprême des Etats-Unis sur la séparation des pouvoirs et le rôle essentiel du juge pour faire respecter les prérogatives de chacun. Au demeurant, cette décision ne fait que consacrer deux évidences, d'une part le rôle constitutionnel du juge dans un état de droit et d'autre part, en l'espèce, le fait que le Parlement britannique ne peut être qu'associer au processus dans son intégralité. Le recours formé par le gouvernement britannique démontre implicitement qu'il existe un juge constitutionnel compétent pour arbitrer les compétences entre les pouvoirs qu'un simple référendum ne peut outrepasser. Il en résulte que le vote de principe du Brexit ne peut, à lui seul remettre en cause, les prérogatives du Parlement. Ainsi, quelle que soit la solution qui sera rendue par la Supreme Court, l'accord conclut avec le Conseil devrait être nécessairement ratifié, plaçant un tel accord à la merci d'un revirement de l'opinion publique ou de la rébellion du parlement britannique. Ces paramètres sont eux-mêmes subordonnés aux évolutions politiques susceptibles de survenir d'ici 2019, y compris au regard du contexte même de la négociation de cet accord avec les futurs gouvernements allemands, français et italiens notamment et de l'échéance des élections au Parlement européen cette année là. Le processus amorcé dont l'issue est incertain, ne sera pas un long fleuve tranquille. Il pourrait toutefois offrir paradoxalement l'opportunité de conforter le projet européen au service des peuples.
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Moins le brexit que les débats autour de la ratification du Traité de Lisbonne soulèvent deux questions essentielles pour la future Europe : conforter le caractère démocratique de l'Union européenne de manière compréhensible de tous les citoyens européens et accélérer l'intégration communautaire, selon un modèle cohérent et soutenable à long terme.
## L'Union européenne, un projet plus fort que les égoïsmes nationaux C'est une critique ancienne et facile. Les décisions prises à Bruxelles le sont par des technocrates ignorants de la réalité locale. Les élections européennes sont, notamment en France, des élections de quatrième rang après les présidentielles, législatives et municipales. Le mode de scrutin, proportionnel et archi-régionaliste, ne permet pas de rendre compte d'un lien réel significatif entre l'électeur et l'élu. À cela vient s'ajouter le calendrier qui fait de ces élections une échéance intermédiaire des grands rendez-vous électoraux nationaux et l'occasion pour un vote-sanction de s'exprimer. Il en résulte que le travail parlementaire européen n'est pas plus valorisé qu'il n'est visible et qu'il est aussi aisé de critiquer depuis Bruxelles les politiques nationales qu'à Paris ou Saint Véran de critiquer celles prises à Bruxelles. Pour le décideur public en quête permanente de bouc émissaire, rempart naturel à son éventuelle inaction ou incompétence, cette déstructuration des convictions politiques l'incite à une ambivalence affective vis à vis du projet européen et de ses institutions.
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institut présaje
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Or, ce que les britanniques ont cru depuis leur entrée dans le marché commun, c'est que celui-ci était une sorte de conseil d'administration d'un marché unique qu'ils honoraient de leur présence et qu'ils devaient, par le truchement d'une sorte de titre nobiliaire, en tirer un revenu, un profit propre. S'en est suivi un chantage permanent « I want my money back », auquel ont cédé ses partenaires au nom de la préservation de l'Union. Un statut à part a entretenu le Royaume-Uni dans l'idée qu'il était bien un État membre à part, un pays de marins, toujours prêts à prendre le large. Le Traité de Lisbonne les a confortés dans cette idée. C'est ce qu'a voulu tester à échelle réelle l’ancien Premier ministre David CAMERON en tentant une folle aventure. Ce basculement s'explique d'autant mieux dans un pays pionnier en matière de démocratie parlementaire mais dépourvu de Constitution écrite consolidée.
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institut présaje
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Car là est la contradiction profonde de ce référendum générant l'énigme à résoudre. L'adhésion à l'Union européenne constitue un choix constitutionnel (quasi) irréversible, nonobstant l'article 50. En instaurant et en développant une organisation supranationale, les peuples européens, et non leurs gouvernements de circonstances, ont fait le choix constitutionnel de reformuler leur contrat social dans une dimension qui dépasse le triptyque un peuple, un territoire, une constitution. L'Union européenne au terme d’un processus inédit et impensable vingt ans avant sa constitution, opère un transfert, partiel mais à vocation extensive, de souveraineté afin de forger un destin commun fondé sur la paix, les valeurs démocratiques et la prospérité. Certes, ce que le peuple consacre, il peut l'abolir. Mais en l'occurrence, l'avenir de l'Europe, comme celui d'un État, ne peut être remis en cause au hasard d'un référendum ponctuel qui ne satisferait pas à la solennité d'un acte constitutionnel. En effet, la suprématie du droit de l'Union européenne affirmée par les traités et reconnue sur le plan constitutionnel ne saurait admettre sur le plan des principes comme sur le plan politique, la liquidation d'un projet aussi ambitieux que vital pour l'avenir de l'Europe. L'article 50 laisse entrevoir la porte de sortie qui fait symboliquement office de porte d'entrée de la caverne. C'est ce projet politique constitutionnel, c'est à dire fondamental, que n'ont pas compris les partisans du brexit et que n'ont pas su défendre ceux du remain, celui d'assurer un avenir à l'Europe et de lui éviter de devenir un comptoir économique des puissances émergentes.
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institut présaje
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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## Un projet d'intégration à conforter Las d'une névrose existentielle, le Royaume-Uni prétend rompre les amarres. Il offre l'opportunité à l'Union européenne de reprendre en main son destin, celui d'une intégration pas à pas. Celle-ci doit relever plusieurs défis, notamment favoriser le rattrapage économique des États derniers accédant, renforcer la stabilité financière de la zone euro, redynamiser le développement et la compétitivité de l'Union européenne dans le monde, et bien sûr renforcer la sécurité face à de nouvelles menaces. L'harmonie et l'équilibre de l'Union européenne reposent sur sa capacité à assurer un développement partagé entre les économies des États fondateurs et celles des derniers entrant, notamment grâce à un plan d'industrialisation ou de réindustrialisation d'économies qui ont été profondément affectées par la tutelle soviétique, mais qui restent compétitifs pour le coût et les compétences de la main d'œuvre. Le renforcement de la stabilité financière de l'Union européenne doit s'appuyer sur une intégration fiscale progressive, en commençant par un rapprochement des fiscalités française et allemande. Il est regrettable que les États membres se livrent à un dumping fiscal stérile pour leurs budgets nationaux et à l'échelle de l'Union, favorisant ainsi la défiscalisation massive des revenus des multinationales implantées dans l'Union. Le résultat de ce processus non coopératif est « perdant/perdant » pour l'ensemble des États membres, sans que cela ne trouve de justification sur le plan de l'intérêt général commun. Cette stabilité financière doit également s'appuyer sur une politique monétaire de la zone euro qui restaure les fondamentaux économiques. La politique de rachat des actifs est une formule de la planche à billet qui non seulement ne mène nul part, mais qui profite au secteur bancaire sans avoir d'impact suffisant sur les secteurs industriels et commerciaux.
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institut présaje
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Elle doit également s'appuyer sur la défense de ses intérêts financiers au travers du procureur européen, dont le principe est énoncé dans le Traité de Lisbonne, qui peine à émerger compte tenu des réticences anglaises. Cette institution, au service de chaque contribuable, doit également servir de matrice à une nouveau modèle de coopération judiciaire capable de renforcer la lutte contre toutes les formes de criminalité. Mais surtout, au-delà de cette approche macro-économique, la plupart des responsables nationaux comme les responsables européens, qui se dissuadent de s'engager sur le long terme pour ménager leurs électeurs, oublient que la coexistence pacifique et le sentiment d'appartenance à un continent dont la réalité géographique est si incertaine repose sur le sentiment d'épanouissement. Fourbus par des promesses de lendemains qui chantent, les citoyens attendent de la société qu'elle leur offre les opportunités d'améliorer leur quotidien (profiter du progrès, du confort et des loisirs). Les efforts consentis pour garantir la justice sociale ne doivent pas obérer les aspirations individualistes. Si les peuples du nord ont une mentalité qui semblent les associer plus facilement à cette vision de la société c'est avant tout parce qu'ils lui associent un certain goût de l'effort à une rigueur morale quant à la vie publique. Des réajustements sont donc nécessaires pour améliorer durablement la compétitivité des entreprises de l'Union européenne et garantir un avenir de progrès, dans un espace démocratique unique.
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institut présaje
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
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Les peuples européens ont des histoires, des cultures et des visions variables de la société démocratique. Mais ils ont en commun une population vieillissante et des économies confrontées à la concurrence des nouvelles puissances. Les États ne pourront durablement coexister avec des variables sur les régimes de retraite ou sur les niveaux de protection sociale, mais également sur les niveaux de sécurité et de défense. La jeune génération européenne devra se construire avec l'idée que pour maintenir son niveau de vie, elle ne pourra pas bénéficier de tous les avantages acquis par les précédentes. Là est le défi. Le défi de la sécurité extérieure vient s'additionner compte tenu de l'évolution des menaces à proximité de l'Union. Le relatif désengagement américain permet d'entrevoir les conséquences probables, de part et d'autre de la Manche, de la sécession britannique. La défense commune et la diplomatie européenne vont être au coeur du débat. Le Royaume-Uni risque de devenir inaudible sur la scène internationale tandis que l'Union verra sa crédibilité entamée. La dissuasion nucléaire française y trouvera certes un rôle renforcé, mais elle appellera à être épaulée par des capacités conventionnelles partagées à même de contrer les menaces courantes et à venir, et suppose donc de voir des pays comme l’Allemagne ou l’Italie s’engager plus volontiers à prendre leurs responsabilités dans l’effort de défense européen. À la condition, bien sûr, de conserver la flexibilité budgétaire requise.
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institut présaje
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2016-11-01
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"thomas cassuto"
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LA NOUVELLE EUROPE, CONSIDÉRATIONS SUR LA CONSTITUTION DE L’UNION EUROPÉENNE
| 15 | 14 | 310 |
La recherche du meilleur dénominateur commun favorable au développement de l'Union européenne et de ses peuples s'est érodée progressivement au profit de la recherche du plus petit dénominateur commun. Les dernières évolutions institutionnelles sont le reflet d'une perte, certes relative mais bien réelle, de perception démocratique et de sentiment d’appartenance commun. Face aux sceptiques qui font commerce de la peur, l'Union n'a d'autre perspective pour réussir que d'aller de l'avant. La nostalgie souverainiste conserve sa vigueur du fait des doutes engendrés par les atermoiements actuels de la construction européenne qui trouve, en partie, sa source dans la position particulière qu'occupait le Royaume-Uni. Sa sortie de l'Union, reste un défi compte tenu des obstacles à surmonter pour y aboutir. Néanmoins, elle offre l'opportunité, pendant ce temps procédural, de relancer concrètement la construction d'une nouvelle Europe dont le chantier avait été brimé par les réticences britanniques. À notre échelle, cela nécessite que la France redevienne un moteur économique et démographique de la construction européenne. ^1^ Discours du 9 août 1947, cité par K Halle, « Irreprescible Churchill » N.Y. Facts on file, 1985 p. 234.
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institut présaje
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2014-10-01
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"françois ecalle"
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MULTIPLICATION DES DONNÉES DISPONIBLES ET ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
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# Multiplication des données disponibles et évaluation des politiques publiques Les données disponibles pour estimer l’impact des mesures de politique économique sont déjà très nombreuses, mais les résultats de ces estimations sont souvent très imprécis constate François Ecalle. L’évaluation des politiques publiques pose de difficiles problèmes méthodologiques que le développement des grandes boîtes noires du Big Data et de l’Open Data ne résoudra pas. Le manque de données disponibles a longtemps été invoqué par de nombreux économistes pour délaisser les travaux empiriques, notamment l’évaluation des politiques publiques, et faire porter leurs efforts sur la recherche théorique. Le Big Data et l’Open Data permettront-ils de mieux connaître l’impact des politiques publiques et d’en améliorer l’efficacité ? Je n’en suis pas convaincu. Les économistes disposent déjà depuis longtemps de l’accès à de nombreuses bases de données, rendues anonymes lorsqu’elles sont individuelles, qui résultent d’enquêtes des services statistiques ou de la gestion des administrations. Ils peuvent désormais assez facilement les exploiter à distance et les apparier. Certes, quelques administrations résistent au développement de l’open data, comme les services fiscaux, mais elles devraient rapidement se laisser aussi entraîner dans ce mouvement. Les évaluations économiques des politiques publiques sont ainsi beaucoup plus fréquentes dans de nombreux domaines, comme celui de l’emploi. L’analyse des séries macroéconomiques a été complétée, voire remplacée, par le traitement d’informations individuelles sur les ménages et entreprises. La multiplication des données a permis de leur appliquer des méthodes d’analyse statistiques beaucoup plus sophistiquées.
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institut présaje
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2014-10-01
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"françois ecalle"
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MULTIPLICATION DES DONNÉES DISPONIBLES ET ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
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L’envers de la médaille est une diminution de la lisibilité de ces études pour ceux qui ne sont pas initiés aux dernières techniques économétriques. A la lecture de certains articles, il apparaît que l’auteur préfère la beauté mathématique de la méthode mise en œuvre à la compréhension des résultats par ceux qui contribuent à définir les politiques économiques. Il n’est donc pas étonnant que ces derniers utilisent très peu les résultats de ces études et ni le Big Data ni l’Open Data n’y changeront quoi que ce soit. En outre, la multiplication des données disponibles et des méthodes d’analyse ne conduit pas nécessairement à des résultats plus précis, comme le montrent les évaluations empiriques des allègements de charges sociales sur les bas salaires. Il s'agit certainement d’une des mesures de politique économique ayant donné lieu au plus grand nombre d’études, mettant en œuvre les méthodes d’analyse les plus diverses, ce qui est justifié au regard de son coût (20 Md€). Il résulte de ces travaux que le nombre d’emplois créés, ou sauvés, se situe dans une fourchette très large : de 200 000 à 1 000 000. Au moins ces études concluent-elles toutes à un impact significativement positif de ce dispositif sur l’emploi alors que, pour la plupart des mesures de politique économique, le signe même de cet impact est indéterminé ou ne fait pas consensus parmi les économistes. Cette indétermination de l’impact des politiques économiques a des causes profondes qui subsisteront malgré le développement du Big Data et de l’Open data.
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institut présaje
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2014-10-01
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"françois ecalle"
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MULTIPLICATION DES DONNÉES DISPONIBLES ET ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
| 5 | 2 | 380 |
L’impact d’une politique publique au regard d’un objectif tel que l’emploi doit en effet être mesuré en faisant la différence entre le nombre d’emplois constaté en mettant en œuvre cette politique et le nombre d’emplois qui aurait été constaté si elle n’avait pas été mise en œuvre. Or, par définition, ce « contrefactuel », comme disent les économistes, est difficilement observable. Il est certes possible de comparer les effectifs de deux échantillons d’entreprises tirées au hasard, les unes soumises à cette politique et les autres non soumises, mais de telles expérimentations seront toujours difficiles à mettre en œuvre en pratique. A défaut, les méthodes statistiques permettent de comparer des entreprises de mêmes caractéristiques, soumises ou non à cette politique, mais il n’est jamais sûr que les entreprises comparées sont vraiment comparables (par définition, les entreprises concernées par une mesure de politique économiques diffèrent de celles qui ne sont pas concernées) et les résultats sont nécessairement imprécis. De plus, les effets des politiques économiques sont rarement immédiats, car il faut que les ménages ou les entreprises en prennent connaissance puis ajustent leurs comportements. Or, ces politiques sont souvent modifiées avant de produire tous leurs résultats et de pouvoir être évaluées. Il arrive aussi que plusieurs mesures soient prises à peu près au même moment et qu’il soit difficile de distinguer leurs effets. L’imprécision des analyses de l’impact des allégements de charges sociales intervenus dans les années 1998 à 2005 tient ainsi pour beaucoup à la difficulté de séparer leurs effets de ceux de la réduction de la durée du travail.
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institut présaje
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2014-10-01
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"françois ecalle"
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MULTIPLICATION DES DONNÉES DISPONIBLES ET ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
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Enfin, à supposer qu’il soit possible d’estimer précisément l’impact d’une mesure de politique de l’emploi en montrant que les effectifs ont augmenté plus fortement dans les entreprises concernées, il faudrait encore tenir compte de ce que les économistes appellent le « bouclage macroéconomique » : ces nouveaux emplois génèrent des revenus supplémentaires qui entraînent une augmentation de la consommation mais aussi des importations... ; la baisse du chômage tend à accroître les pressions à la hausse des salaires, ce qui réduit la compétitivité des entreprises et les exportations…Pour tenir compte de ce bouclage macroéconomique, il faut un modèle de l’économie française. Or la fiabilité de ces modèles a été fortement remise en cause par la crise de 2008-2009 et les difficultés de sortie de cette crise. La multiplication des données disponibles et la croissance des capacités de traitement informatique pourraient laisser croire que de nouvelles générations de modèles, beaucoup plus fiables, pourront être développées dans les prochaines années. Je crains que ce soit une illusion, semblable à celle qu’entretenaient les macro-économistes des années soixante et soixante-dix pour les mêmes raisons (développement de l’appareil statistique et des capacités de traitement des ordinateurs). Ils ont ainsi construit de très grands modèles avec des centaines d’équations qui ont été abandonnés pour des modèles beaucoup plus simples, mais inévitablement réducteurs de la réalité, parce que personne, à part leurs concepteurs, ne pouvait comprendre leur fonctionnement et en interpréter correctement les résultats. Je pressens que le Big Data va conduire à construire de nouvelles grandes boîtes noires d’où sortiront des résultats très difficiles à interpréter. Extrapolant les comportements passés, ces outils pourront avoir de bonnes capacités prédictives à court terme mais leurs performances ne se maintiendront pas dans la durée.
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institut présaje
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2014-10-01
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"françois ecalle"
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MULTIPLICATION DES DONNÉES DISPONIBLES ET ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
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Au total, la multiplication des données mises à la disposition des chercheurs ne résoudra pas les difficultés de l’évaluation des politiques publiques résultant de l’absence de contrefactuel, de l’instabilité des politiques et des limites des outils statistiques et économiques, ceux-ci devant à la fois être simples pour être compréhensibles et prendre en compte toute la complexité du réel.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jean-pierre spitzer"
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LE BREXIT : SURPRISE ET RISQUE DE MÉPRISE
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# Le Brexit : surprise et risque de méprise
La famille royale britannique, les ROYALS, adorent annoncer et fêter les naissances des princes qui feront le bonheur et la puissance de la lignée. Les surprises n’y sont pas la coutume, les méprises encore moins. Les sujets de sa majesté qui voient naître les projets de leurs dirigeants n’aiment pas plus les surprises et les méprises.
Et voila qu’à Londres le doute s’insinue sur la viabilité du projet BREXIT.
Jean-Pierre SPITZER, secrétaire général du Mouvement Européen se fait l’écho des propos sérieux entendus sur le sujet, compliqué, du droit des institutions, qui, faute de préalable, d’expérience, lui inspire sa propre réflexion sur un détail auto bloquant.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jean-pierre spitzer"
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LE BREXIT : SURPRISE ET RISQUE DE MÉPRISE
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## Le DETAIL Tout le monde semble considérer le Brexit comme acquis, y compris au sommet de mi-septembre qui a réuni, à Bratislava, l'Europe des 27, sans le Royaume-Uni, pour débattre de l'avenir de l'union Européenne. Autant dire qu'on commençait à se partager la peau de l'ours avant qu'il ne soit mort. Certes, on pourra toujours objecter qu'il s'agissait d'une réunion politique et que rien n'empêche de se réunir pour discuter de l'avenir de l'Europe sans nos amis anglais, mais ce serait de la mauvaise politique. Juridiquement aucune décision de Brexit n'a été adressée au président du conseil européen, ni au président du conseil des ministres en exercice, ni au président de la commission. Tout au plus, la possibilité d'une demande de mise en application de ce fameux article 50 d'ici la fin mars 2017 a été évoquée. Rappelons qu'un des fondements essentiels de notre union européenne est l'État de droit puisqu'elle a été construite par le droit et par adhésion volontaire, non par la force ou la contrainte. Il est indiscutable que le jour de la réunion de Bratislava, le Royaume-Uni était et est toujours membre de plein droit de l'union européenne, comme il est indiscutable que le peuple britannique a décidé par voie référendaire de quitter l'union européenne. Tout cela résulte de l'ambiguïté, voire des effets pervers de la rédaction actuelle de l'article 50 du traité de Lisbonne dont la teneur est la suivante dans sa version anglaise : « Any member state may decide to whithdraw in accordance with its own constitutionnal requirements »
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institut présaje
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2016-11-01
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"jean-pierre spitzer"
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LE BREXIT : SURPRISE ET RISQUE DE MÉPRISE
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Or le peuple britannique a décidé, mais la question est posée de savoir si c’est l’Etat membre, conformément à ses règles constitutionnelles qui doit décider. En clair est-ce que cette position du peuple britannique constitue, d'une part, une décision au sens du droit ou de la tradition constitutionnelle britannique et, d'autre part, la décision au sens de l'article 50 du traité. Le propos n'est pas ici de faire une analyse juridique constitutionnelle britannique ni même de recenser les différentes et nombreuses opinions émises sur le sujet mais de porter à la connaissance de ceux qui ne suivent pas les affaires juridiques de très près - et on peut les comprendre - que les Britanniques ne sont pas d'accord entre eux. Y compris les Lords en charge de dire le droit : pour certains le référendum vaut décision pour d'autres non, au motif, premièrement, que le référendum ne fait pas partie des coutumes constitutionnelles britanniques, et, deuxièmement, que seul le Parlement peut, au pays qui l’a inventé, décider, conformément à la tradition britannique. Le débat est ouvert ! Y compris au Parlement britannique, au sein duquel il est tout sauf certain qu'une majorité accepte aujourd'hui de prendre la décision de quitter l’UE.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jean-pierre spitzer"
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LE BREXIT : SURPRISE ET RISQUE DE MÉPRISE
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## Voilà un sacré imbroglio ! Qui découle du choix d'une « bonne politique » au sens où l’entendent les euroréalistes qui vilipendent tant les européistes, prétendument trop idéologues. En effet, l'Union Européenne, qui - à juste titre, ne doit pas se mêler des organisations publiques constitutionnelles internes des états membres - leur a logiquement renvoyé la question mise en débat, le retrait, acceptant ainsi de ne pas fixer elle-même la règle et surtout les modalités qui conditionnent son existence en tant qu’Union, ou tout du moins le périmètre de cette Union. L’effet pervers crève les yeux et contraint les euroréalistes à faire des moulinets et à passer par des circonlocutions politiques pour éviter la logique implacable du droit institutionnel, n'hésitant pas à qualifier de cuistres ceux qui se confrontent à la réalité de la séparation. Nos amis britanniques qui ont toujours un grand sens du droit et une très grande conscience de leur intérêt propre, savent que des lors que, selon l'article 50 du traité cette décision est entre leurs mains, au lieu de considérer exécutable la décision déjà prise de négocier, veulent savoir ce que sera leur sort avant d’adresser leur « we Leave ». On marche sur la tête, y compris en ce qui concerne le droit institutionnel européen dans le cadre du fédéralisme fonctionnel qui régit l'Union. Seule celle-ci est compétente en matière d'adhésion et d'éventuelle sécession - sortie en ce qui concerne les modalités de celle-ci. On n’imagine pas un État membre vouloir adhérer à l'Union Européenne selon ses règles internes en ce qui concerne la discussion sur l'adhésion. Seule l'union doit fixer ses règles. Il est renvoyé à cet égard à la réponse de LAO TSEU, à la question posée par l'empereur de Chine quant à la meilleure manière de gérer un si grand empire : respecter les compétences.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jean-pierre spitzer"
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LE BREXIT : SURPRISE ET RISQUE DE MÉPRISE
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Ce n'est pas le système institutionnel mis en place en 1950 /1957 (déjà furieusement mise à mal par le traité de Nice) qui est critiquable, et encore moins responsable de cette situation mais le mépris dans lequel les auteurs euroréalistes inter gouvernementaux le tiennent. En conclusion c’est toujours une erreur de ne pas respecter les fondamentaux institutionnels de l'Union qui aurait dû, non pas au mépris des droits et de la souveraineté des états membres, mais par application de ses fondamentaux, fixer ses propres modalités en matière de sécession éventuelle, comme elle l'a fait pour les adhésions. Surtout, qu’en l'espèce, il n’était pas si compliqué d'exiger que la décision de quitter l'Union relève, certes, de la souveraineté de l’Etat membre mais doive répondre à des règles fixées par l'Union.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jocelyn guitton"
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LE BREXIT ET LA POLITIQUE DE VOISINAGE DE L’UNION EUROPÉENNE : UN DOMMAGE COLLATÉRAL
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# Le Brexit et la politique de voisinage de l’Union européenne : un dommage collatéral L'impact du Brexit sur les relations entre l'Union européenne et ses voisins fait partie des dommages collatéraux du vote du 23 juin. Le cas de l'Ukraine, l'un des six pays du Partenariat oriental^1^ (avec la Moldavie, la Géorgie, la Biélorussie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan), avec laquelle l'UE a récemment signé un Accord d'Association^2^, l'illustre bien. Les observateurs ukrainiens ne s'y sont pas trompés et tant la campagne que les évolutions de la politique britannique depuis le 23 juin 2016 ont fait l'objet d'une attention soutenue dans ce pays, où les conséquences du Brexit sont presque unanimement perçues comme négatives tant pour les relations entre l'UE et l'Ukraine que pour l'Ukraine en général. La première crainte a trait au déficit d'attention envers les pays tiers qui pourrait résulter du processus de sortie du Royaume-Uni. D'un point de vue technique, l'Union européenne va devoir mobiliser des ressources administratives pour gérer ce processus complexe, lesquelles, en période de contrainte budgétaire, seront mécaniquement puisées parmi les ressources existantes. De manière plus préoccupante, face à une actualité chargée dans une Europe en proie à de nombreuses crises, et où la concurrence est féroce pour figurer en haut de l'agenda des préoccupations des leaders européens, le Brexit va "consommer" du temps politique. Comme l'écrivait récemment Olena Bilan, une économiste influente en Ukraine, "le Brexit va indubitablement tenir les leaders européens occupés à gérer les affaires internes, ce qui signifie que l'Ukraine pourrait disparaître des radars de ses partenaires européens"^3^
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institut présaje
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2016-11-01
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"jocelyn guitton"
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LE BREXIT ET LA POLITIQUE DE VOISINAGE DE L’UNION EUROPÉENNE : UN DOMMAGE COLLATÉRAL
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Or l'attention extérieure est cruciale dans le processus de réforme ukrainien : elle est nécessaire pour dissuader autant que faire ce peut la Russie de continuer à déstabiliser l'Ukraine, et elle est nécessaire également pour maintenant sur les autorités ukrainiennes un certain degré de pression, celles-ci demeurant tiraillés entre vieux démons et réelles velléités réformatrices. L'actualité récente a montré que l'un des principaux problèmes dans l'adoption de réformes par les autorités ukrainiennes est le manque d'appropriation de celles-ci, comme si les réformes nécessaires à la sortie de crise du pays (stabilisation macroéconomique, lutte contre la corruption, réforme de l'appareil judiciaire et de l'administration, etc.) étaient proposées par le gouvernement et votées par le Parlement ukrainien non dans l'intérêt bien entendu du pays mais pour obtenir le déboursement de l'aide internationale, et en premier lieu celle du Fonds Monétaire International et de l'UE. On peut espérer qu'un processus vertueux va progressivement s'engager lorsque les citoyens ukrainiens vont au fur et à mesure prendre conscience que les réformes demandées par le FMI, si douloureuses qu'elles puissent être à court terme, produisent des effets positifs durables. Mais dans cette attente, la vigilance des acteurs internationaux est nécessaire, et tout relâchement s'accompagne d'un ralentissement observable du rythme des réformes. Plus généralement, l'attractivité du modèle européen est un point d'ancrage clé pour les autorités et la population ukrainienne. Si la perspective pour l'Ukraine de rejoindre l'UE est sans doute au mieux lointaine, la perspective de connaître un développement économique et social sur le modèle de la Pologne^4^ par exemple est un puissant vecteur d'acceptation de réformes difficiles. Or le fait que certains pays la quittent a forcément un impact négatif sur la perception de l'UE et remet en question les sacrifices que les citoyens ukrainiens sont prêts à consentir pour s'en rapprocher.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jocelyn guitton"
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LE BREXIT ET LA POLITIQUE DE VOISINAGE DE L’UNION EUROPÉENNE : UN DOMMAGE COLLATÉRAL
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La deuxième crainte a trait au fait que le Royaume-Uni fait partie des pays souvent perçus comme "pro-ukrainiens" dans le conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine, au côté de certains pays de l'Est comme la Pologne ou les Pays baltes. C'est l'un des États membres de l'UE qui appuie les sanctions avec le plus de vigueur, dans un contexte où la reconduction de celles-ci est toujours soumise à incertitudes, et où les voix discordantes sont nombreuses, même si l'UE est restée jusqu'à aujourd'hui d'une remarquable unité quant au vote de celles-ci. C'est dans ce cadre que l'on peut interpréter la visite de Boris Johnson en Ukraine les 14 et 15 septembre 2016, l'une des premières visites à l'étranger hors UE du ministre des affaires étrangères britannique fraîchement nommé. Visite non dénuée de paradoxes puisqu'on y a vu l'un des plus farouches tenants du Brexit venir défendre en Ukraine les positions de l'UE (attachement à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, y compris concernant la Crimée, poursuite des sanctions, etc.) tout en évitant soigneusement de mentionner le mot Europe dans le communiqué de presse^5^ publié à l'issue de la visite !
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institut présaje
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2016-11-01
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"jocelyn guitton"
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LE BREXIT ET LA POLITIQUE DE VOISINAGE DE L’UNION EUROPÉENNE : UN DOMMAGE COLLATÉRAL
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La troisième crainte est liée au fait que le Brexit pourrait témoigner de l'influence croissante de la Russie sur certains partis et politiciens européens. Nombreux sont ainsi ceux qui ont interprété le vote britannique comme un succès de la propagande russe, notamment si l'on adhère à la thèse qu'une Europe divisée sert les intérêts de la Russie. Théorie discutable mais alimentée par exemple par les déclarations d'admiration de Nigel Farage envers Vladimir Poutine^6^ et sa reprise de la rhétorique du Kremlin quant à la crise ukrainienne ("l'UE a du sang sur les mains dans la crise ukrainienne"), et plus généralement par le refroidissement des relations UE-Russie depuis le déclenchement de la crise ukrainienne. Le projet de Partenariat oriental, lancé en 2008, a en effet souvent été présenté comme concurrent du projet d'Union douanière lancé en 2010 par la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie puis transformé en Union eurasienne en 2015. Si les accords de libre-échange proposés par l'UE à l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie sont parfaitement compatibles avec les accords similaires qui préexistaient avec la Russie, il vrai que l'appartenance à une union douanière telle que l'Union eurasienne prive les membres de celle-ci d'une politique commerciale indépendante et donc de la capacité de signer des accords bilatéraux avec l'UE^7^. Dès lors, tout ce qui affaiblit l'UE affaiblit donc le Partenariat oriental et par voie de conséquence augmente les chances de voir à terme se déliter un projet perçu comme concurrent, voire de voir un jour l'Ukraine rejoindre l'Union eurasienne (perspective néanmoins mise à mal par bientôt trois années de conflit – sous différentes formes – qui laisseront des cicatrices durables).
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institut présaje
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2016-11-01
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"jocelyn guitton"
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LE BREXIT ET LA POLITIQUE DE VOISINAGE DE L’UNION EUROPÉENNE : UN DOMMAGE COLLATÉRAL
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Si dommage il y a donc, il ne fait guère de doute par ailleurs qu'il soit collatéral, car si la question du Brexit préoccupe les Ukrainiens, on peut admettre que les conséquences de celui-ci sur la politique étrangère de l'UE n'a pas fait partie des préoccupations des électeurs britanniques. Comme dans beaucoup de domaines, l'impact concret du Brexit ne se fait ressentir que progressivement : c'est au fur et à mesure que les effets se révèlent, dans des domaines souvent éloignés des préoccupations qui ont amené les électeurs britanniques à se prononcer en faveur d'une sortie de l'UE. Ce n'est que pas-à-pas que l'on se rend compte à quel point il est difficile de faire "d'une omelette sans casser des œufs". Or chaque question bilatérale entre l'UE et l'Ukraine doit désormais prendre en compte les conséquences du Brexit, rendant plus complexes encore les relations entre l'UE et son voisin. Le montant de l'assistance apportée par l'UE à l'Ukraine doit-il être revu du fait d'une baisse probable de la contribution britannique au budget de l'UE ? Quels vont désormais être les engagements du Royaume-Uni envers l'Ukraine du fait de l'Accord d'association, lequel a été ratifié par le Parlement britannique, et qui lie donc le pays, mais qui demeure un accord bilatéral entre l'UE et l'Ukraine en vertu du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne ? Quel va être impact sur l'accès des entreprises ukrainiennes au marché britannique, alors que le libre-échange est la pierre angulaire de cet accord ? Les questions sont non seulement nombreuses, mais elles ne sont même pas réellement dénombrables à ce stade.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jocelyn guitton"
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LE BREXIT ET LA POLITIQUE DE VOISINAGE DE L’UNION EUROPÉENNE : UN DOMMAGE COLLATÉRAL
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Le cas de l'Ukraine apparaît donc comme un exemple de plus des conséquences imprévues d'un choix qui affecte donc non seulement le Royaume-Uni et l'UE mais également leurs relations avec les États tiers. La présence de parties tierces, qui vont naturellement avoir à cœur de défendre leurs intérêts dans le processus, ne va pas simplifier la tâche des négociateurs londoniens et bruxellois. ^1^ eeas.europa.eu/topics/eastern-partnership_en ^2^ Cet accord, rentré en vigueur de manière provisoire le 1er janvier 2016, prévoit notamment une libéralisation progressive des échanges commerciaux entre l'UE et l'Ukraine, et l'adoption par l'Ukraine d'une partie de l'"acquis communautaires", c'est-à-dire des règles techniques et sanitaires, de concurrence, de passation des marchés publics, etc. ^3^ "Brexit will undoubtedly keep European leaders busy with settling internal issues, meaning Ukraine may disappear from radars of its European partners", voxukraine.org/2016/06/21/brexit-shall-ukrainians-worry-en/ ^4^ Quoique nécessairement très imparfaite (notamment parce que seule l'Ukraine faisait partie de l'Union soviétique), la comparaison entre l'Ukraine et la Pologne est fréquemment faite pour montrer l'apport de l'UE au développement de cette dernière. Pays de tailles de population similaires, à l'histoire entremêlée (l'extrême-Ouest de l'Ukraine était Polonais jusqu'en 1941), et qui surtout avaient un Produit intérieur brut par habitant équivalent en 1990, la Pologne s'est enrichie au point de voir son niveau de PIB par tête atteindre trois fois celui de l'Ukraine en 2013 – c'est-à-dire avant même que ne débute la crise ukrainienne.
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823 |
institut présaje
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2016-11-01
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"jocelyn guitton"
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LE BREXIT ET LA POLITIQUE DE VOISINAGE DE L’UNION EUROPÉENNE : UN DOMMAGE COLLATÉRAL
| 7 | 6 | 118 |
^5^ www.gov.uk/government/news/foreign-secretary-to-visit-ukraine ^6^ www.theguardian.com/politics/2014/mar/31/farage-i-admire-putin ^7^ Voir J. Guitton, Union européenne et Union économique eurasienne: concurrence ou coopération?, Telos, janvier 2016, www.telos-eu.com/fr/union-europeenne-et-union-economique-eurasienne-co.html
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institut présaje
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2016-11-01
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"pierre-alexandre petit"
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LE BREXIT, ÉPHÉMÈRE, LA CITY, ÉTERNELLE
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# Le Brexit, éphémère, la City, éternelle « Cette année, l’été est arrivé dans la City accompagné d’un vent très frais loin d’être annonciateur de beaux jours » C’est l’observation de P.A. PETIT qui a rejoint la City bien avant qu’elle soit agitée par le Brexit. Celle-ci conserve son attrait pour la vie dans ces 3 km² qui n’ont pas d’égal au monde, ni l’engagement partagé avec tous ces jeunes cosmopolites pour la réussite du « business ». C’est vrai, ça va être dur. Mais quand on a l’âme du marchand qui y prospère depuis 20 siècles, l’esprit de la coutume qui s’y transmet depuis 10 siècles, le cœur de la religion qui défie Rome depuis 8 siècles et le cerveau qui fait vivre l’industrie et le commerce dans le monde, depuis 2 siècles, grâce à la finance de ce petit coin de Londres, on est solide. C’est ainsi, le peuple anglais a tranché : l’article 50 doit être activé – probablement au premier semestre 2017 - et les représentants du pays planchent sur la négociation du meilleur accord possible malgré un chaos politique certain. Une fois digérée la déception pour une minorité de votants, la machine économique a pu être relancée et la marche en avant a pu reprendre, dans la nouvelle direction choisie par referendum. Or dans beaucoup de secteurs, on trépignait d’impatience après plusieurs mois d’inertie totale liée à l’incertitude ambiante.
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institut présaje
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2016-11-01
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"pierre-alexandre petit"
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LE BREXIT, ÉPHÉMÈRE, LA CITY, ÉTERNELLE
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Dans les cercles financiers, si l’on s’attendait majoritairement à ce que le referendum tourne finalement en faveur du Bremain, le scenario du Brexit avait été étudié et les conséquences anticipées avec un degré de probabilité inversement proportionnel à l’horizon de temps. Ainsi, personne n’a été surpris de voir la livre s’effondrer. Et personne ne sera surpris d’apprendre, dans 6 mois, que les plus grosses sociétés anglaises ont réalisé des revenus - convertis en livres - records en 2016 malgré le Brexit. Personne n’a été surpris non plus par l’augmentation des achats d’actifs et par la baisse des taux directeurs annoncés par la banque d’Angleterre afin de faciliter l’accès domestique au crédit et indirectement contribuer à maintenir une livre faible qui doperait les exportations. Ces décisions, combinées à la baisse des impôts sur les sociétés, visent à mitiger à moyen terme les effets secondaires néfastes du résultat du referendum. Et l’Etat anglais peut trouver les ressources pour tenir cette politique pendant plusieurs années, par la vente d’actifs ou l’externalisation de services publics. Jusque-là, la réponse des différents acteurs économiques a été globalement appropriée, ce qui a permis d’éviter des réactions en chaîne aux conséquences potentiellement dramatiques pour les épargnants et retraités anglais. La gestion de la liquidité du système financier au lendemain du vote, notamment par la diminution temporaire des contraintes capitalistiques pesant sur les banques, apparait comme un succès. Et si la liquidité des fonds immobiliers n’a pas encore été totalement rétablie, les craintes d’un effondrement du système semblent être partiellement dissipées.
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824 |
institut présaje
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2016-11-01
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"pierre-alexandre petit"
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LE BREXIT, ÉPHÉMÈRE, LA CITY, ÉTERNELLE
| 4 | 2 | 427 |
Il faudra cependant accueillir les apparentes bonnes performances économiques qui pourraient être annoncées dans les 12 prochains mois avec beaucoup de réserves : en cas de Hard Brexit, il resterait probable que les PME et la majeure partie de la population soient impactées à long terme par de plus grandes difficultés à exporter les services et par une inflation importée via les produits manufacturés que le pays ne sait plus fabriquer. Le principal défi à relever pour un pays qui n’est ni une puissance agricole ni une puissance industrielle (à quelques exceptions près), est que les leviers à activer à moyen terme sont en nombre très limité. Le salut devra donc venir des secteurs dans lesquels la puissance du Royaume Uni est aujourd’hui incontestée. Ainsi, il y a fort à parier que la City jouera un rôle déterminant. D’abord par la stabilité qu’elle doit apporter – pas seulement à l’échelle britannique mais surtout à l’échelle européenne – en évitant tout mouvement de panique puisqu’un risque systémique existe toujours, bien que ne tenant plus seulement de la robustesse du bilan des banques comme en 2008. Ensuite parce que, même une fois le divorce entériné, l’Europe de la finance continuera de regarder vers Londres afin d’y trouver les ingrédients essentiels à sa puissance. Ces ingrédients sont évidemment matériels par la densité des infrastructures financières et des réseaux professionnels de la City mais ils sont aussi culturels dans la mesure où le cynisme anglo-saxon semble, au regard de l’histoire des places financières mondiales, être un catalyseur indispensable. Ajoutez à cela un peu d’exubérance latine puis équilibrez le tout avec une pointe de conservatisme d’inspiration germanique et vous aurez réuni l’ensemble des conditions nécessaires à une industrie financière à la fois innovante et résiliente. Elle en aura besoin pour résister aux aléas de la vie politique et médiatique.
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824 |
institut présaje
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2016-11-01
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"pierre-alexandre petit"
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LE BREXIT, ÉPHÉMÈRE, LA CITY, ÉTERNELLE
| 4 | 3 | 122 |
Il n’est pas étonnant que la ville de Londres ait enregistré l’un des scores les plus élevés en faveur du Bremain : la City constitue un réel pont culturel entre le monde anglo-saxon et l’Europe continentale, ou plutôt les Europes continentales. Et tant que ce lien existera, la finance européenne aura de beaux jours devant elle. La conclusion qui met l’Europe continentale au pluriel permet de bien comprendre quels leviers la CITY utilisera pour affirmer son rôle, celui dont les Brexiters auront tant besoin.
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institut présaje
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2016-11-01
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"jean-louis bourlanges"
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LE BREXIT, ET LES GRANDS AUTEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE DU FIN LETTRÉ
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# Le BREXIT, et les grands auteurs de la bibliothèque du fin lettré Pour comprendre un événement aussi paradoxal que le Brexit, il faut puiser dans quelques bons ouvrages de sa bibliothèque. C’est la recommandation de Jean Louis BOURLANGES, l’ancien député grand connaisseur de l’EUROPE, et de ses paradoxes. Lecteur de grande culture, il nous propose cinq auteurs des 2 côtés du Channel: Premier paradoxe, le principal, à tout seigneur, tout honneur : commençons par Milton et son Paradis perdu: il n'y a pas de système plus favorable aux intérêts britanniques que celui qu'ils viennent de quitter et qu'ils avaient arraché de haute lutte à leurs partenaires. Il est peu probable que le Brexit débouche sur une véritable catastrophe mais l'objectif de Theresa May doit être d'arriver au terme de la négociation à une situation aussi proche que possible de ce paradis politique que le peuple anglais a récusé. Le nouveau Premier Ministre est condamné comme Alice au Pays des merveilles à " courir très, très vite, rien que pour rester sur place ".
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825 |
institut présaje
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2016-11-01
| 1 |
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"jean-louis bourlanges"
] |
LE BREXIT, ET LES GRANDS AUTEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE DU FIN LETTRÉ
| 4 | 1 | 424 |
Deuxième paradoxe, deuxième livre : "La Taupe ". L'ennemi était dans la place. Les traîtres, les agents de l'étranger étaient au cœur du pouvoir. Ils avaient nom Westminster, la City, Thatcher ou Blair, les chantres du capitalisme apatride et circulatoire et de l'élargissement à la Turquie. C'est leur Europe plus que la nôtre, " Europe du laissez faire, laissez passer " intégral, le capitalisme manchesterien bien plus que le rhénan, qui a été mis en cause . Le Brexit , c'est la revanche de Scargill, l'homme des mineurs , et d'Enoch Powell, le Le Pen britannique qui prophétisait " des rivières de sang " dans une Angleterre multi-culturelle , contre les princes de l'argent roi et des immigrés bon marché. Pas de chance que les continentaux aient reçu une des balles perdues de ces combats ! Le troisième livre est de George Simenon: " les inconnus dans la maison ". L'ennemi est invisible, introuvable. C'est le règne du qui pro quo: on redoute les Syriens, les Pakistanais, les Soudanais, donc on rejette les Baltes et les Polonais. Il y a décidément trop de Musulmans sur les bords de la Tamise. On va donc en chasser les Chrétiens. Comprenne qui pourra ! Les chasseurs ne sont pas d'ailleurs mieux recensés que les chassés. Ceux qui sont aux affaires ont perdu le pouvoir. Ceux qui sont au pouvoir ignorent les affaires. D'où la perplexité de la nouvelle équipe confrontée à une tâche immense pour laquelle elle n'est pas préparée. Il aura fallu plus de trois mois pour que Theresa annonce qu'elle ne sera pas Mme May bis!
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825 |
institut présaje
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2016-11-01
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"jean-louis bourlanges"
] |
LE BREXIT, ET LES GRANDS AUTEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE DU FIN LETTRÉ
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Quatrième paradoxe, symbolisé par l'ouvrage commun de la RATP et de Romain Gary : " au delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable ". Deux ans de négociation prévus par l'article 50 puis la sortie " at any cost ". Ça va-vite. D'où la tentation d'attendre, de négocier avant d'entrer dans le couloir de la mort. Mais aussi l'impossibilité d'attendre plus longtemps : le gouvernement de sa Majesté n'a nulle envie d'aller en 2020 aux élections générales avec cette épine dans le pied. Bien plus, les élections européennes auront lieu en 2019. Le gouvernement ne peut les organiser sans bafouer la décision du peuple britannique et ne peut pas ne pas les organiser sans que le Royaume Uni soit sorti de la chose, Mme May a annoncé la mise en œuvre de l'article 50 en mars 2017. Ouf, elle sera tout juste dans les temps ! Pour le cinquième titre, allons au cinéma et choisissons le film de René Clair: " C'est arrivé demain ". Relevons en effet sur une bizarrerie de l'article cinquante du TUE qui n'a pas fini de nous donner du fil à retordre. Ledit article prévoit en effet que l'accord de sortie, par définition distinct des arrangements conclus ultérieurement entre l'Union et l'ex membre, doit être négocié et conclu " en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l'Union ". Lier les conclusions d'une négociation de sortie avec les conclusions d'une négociation ultérieure, inventer en quelque sorte le préalable rétrospectif, il fallait y songer. C'est en tout cas une promesse d'évidentes difficultés entre ceux qui, tels peut-être l'Allemagne, risquent de tout vouloir faire avant, et ceux qui, comme la France auront dans l'idée de tout voir après.
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institut présaje
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"jean-louis bourlanges"
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LE BREXIT, ET LES GRANDS AUTEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE DU FIN LETTRÉ
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Oscar Wilde a dit que " le mariage consistait à faire face ensemble à des problèmes qu'on n’aurait pas eus séparément ". Une chose est sûre : le Brexit, ce sera le contraire : comment faire face séparément à des problèmes qu'on aurait pas eus ensemble " !
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institut présaje
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2016-11-01
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"michel rouger"
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EDITORIAL : L'INSTITUT PRESAJE ET LES INSTITUTIONS EUROPÉENNES. TEXTES ET CONTEXTES.
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# Editorial : L'Institut PRESAJE et les Institutions européennes. Textes et Contextes. En ouvrant la lettre N° 30, cet édito explique comment les textes publiés en 2012, dans le contexte de la crise financière européenne de l’époque, constituent la base des réflexions qu’elle rassemble , de différents auteurs, aux compétences reconnues, pour traiter la crise institutionnelle ouverte par le Brexit, le contexte des années 2016/2018. Cette explication est utile. Elle aidera à comprendre par quelle méthode de réflexion et de recherches, l’Institut PRESAJE, crée une base d’analyse (les textes) réalisée, et utilisée, dans une circonstance (le contexte) ré utilisable dans une autre circonstance elle même née, après plusieurs années, du changement de contexte. Il en fut ainsi entre 2003 et 2015, sur des sujets traités dans l’hexagone, le Travail, les Sciences du vivant, l’Audio visuel, le harcèlement numérique, le Sport, la Presse écrite, l’Alimentation, la Sécurité, l’Accountability, tous textes produits dans un contexte passé, qui seront ré utilisables dans le suivant, bouleversé. Ce seront les prochains textes. Le challenge qui a été ouvert fin 2011 par l’implantation d’une antenne PRESAJE à Bruxelles, chez les EDITIONS De BOECK, fut plus ambitieux et plus risqué. Il révèle sa pertinence 5 ans plus tard. Confié au vice Président nommé à cet effet, Th. CASSUTO, lui-même magistrat détaché auprès de la Commission européenne, ce challenge a reposé sur la richesse des capacités de réflexion et de rédaction de ces jeunes fonctionnaires détachés, un temps, par nature multiculturels et multilingues.
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institut présaje
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"michel rouger"
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EDITORIAL : L'INSTITUT PRESAJE ET LES INSTITUTIONS EUROPÉENNES. TEXTES ET CONTEXTES.
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Il a fallu, à l’époque, choisir des travaux d’études et des textes adaptés au seul contexte du moment, la crise économique industrielle et financière exportée de Wall Street, afin de répondre aux questions qui dominaient l’actualité. Il fallait aussi développer d’autres recherches et d’autres textes réutilisables en cas d’autres crises aggravées. Ce fut le choix de l’ouvrage sur « Quel gouvernement économique pour l’Union Européenne ? » publié, en juin 2012, sous la direction de J. GUITTON, dans la perspective des élections de 2014, et des débats qu’elles ouvriraient. L’existence de cette base, dont l’intérêt sera de premier plan dans les débats à venir, pour 2017 /2018, permet à PRESAJE qui l’a éditée et promue, d’en faire le commentaire suivant. Ce fut aussi le choix, plus discret, d’une réflexion de fond, exposée lors d’une conférence en Hongrie, début 2012, sur « La crise de l’Europe géographique et politique » dont la dégustation actuelle, apporte, en période de graves inquiétudes géopolitiques, le réconfort de sérieuses explications sur ce qu’il ne faut plus faire. Le lecteur des commentaires de ces textes, dans l’actuel contexte, inquiétant, comprendra qu’il ne s’agit que de réflexions, versées aux débats, Elles utilisent le temps long, compté en années, pas en minutes, comme le veut la Politweetique des gouvernants de l’instant, ceux des risques mal calculés. Is’nt it ? Miss & Mister Brexit.
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institut présaje
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2016-11-01
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"michel rouger"
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QUELLE GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE POUR L’UNION EUROPÉENNE ?
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# Quelle gouvernance économique pour l’Union européenne ?
L’étude engagée sur ce thème prospectif, en 2011, par J. GUITTON, fonctionnaire français détaché auprès de la commission européenne, n’a pas fini d’occuper l’actualité. L’ouvrage a été publié chez BRUYLANT à Bruxelles, en juin 2012, dans la collection dirigée par Th. CASSUTO, vice-président de l’Institut PRESAJE.
Les textes qu’il comporte pourraient intéresser les futurs négociateurs du BREXIT, d’autant qu’il a été préfacé par l'ancien ministre Michel BARNIER à l’époque commissaire européen au marché intérieur, et aux services, celui qui sera le négociateur des institutions européennes face aux représentants du Royaume-Uni.
Pour entrer dans le vif du sujet, 5 ans plus tard, il suffit de se reporter à cette préface. Elle comporte dans sa conclusion trois éléments essentiels à mettre en évidence :
« Cette nouvelle ambition d'une Europe qui s'affirme, innove et se donne les moyens de promouvoir ses valeurs et de défendre ses intérêts dans le monde, nous ne la réaliserons pas sans une gouvernance économique profondément renouvelée, qui nous permette de décider ensemble des grandes orientations comme des secteurs stratégiques dans lesquels investir de parler d'une seule voix ferme à ses partenaires commerciaux qui ont au moins autant besoin de nous que nous avons besoin d’eux, en face desquels nous devons apparaître unis, jamais divisés.
La réflexion proposée par Jocelyn Guitton, dans cet ouvrage, qui s'inscrit dans ce débat est utile pour revenir sur le chemin accompli depuis le déclenchement de la crise et nécessaire pour poser les bases du débat notamment en vue des prochaines élections européennes où chaque citoyen se prononcera sur l'avenir qu'il espère pour l’UNION. »
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institut présaje
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2016-11-01
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"michel rouger"
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QUELLE GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE POUR L’UNION EUROPÉENNE ?
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## Pourquoi d’aussi pertinentes recommandations ont été suivies de tant de déceptions ? Revenons aux 3 phrases soulignées de la conclusion de celui qui était, et est encore, le plus qualifié pour les avoir écrites. Elles concernent 3 niveaux superposés dans les engagements des peuples européens. A l’intérieur de la communauté occidentale transatlantique, à l’intérieur de l’Union Européenne, à l’intérieur de l’Europe monétaire. Les commentaires qui suivent sont issus d’une étude engagée par PRESAJE, en 2011, lorsque l’Europe gérait, au jour le jour, les conséquences géopolitiques des crises de 2007- 2010. Les conclusions furent consacrées aux 3 niveaux, Occident, Union Européenne, Union monétaire tels que ci-dessus, elles ont été présentées, en 2012. Sur le premier point, les grandes orientations et les secteurs stratégiques, il était clair, à l’époque, qu’après avoir perdu leur position unipolaire en 2008, les USA joueraient sur le retour de la guerre froide avec les Russes qui y avaient un intérêt propre, et qu’ils choisiraient, seuls, les orientations et les secteurs stratégiques du premier niveau, le transatlantique. Cette évolution géopolitique du rétablissement des USA, très défavorable aux alliés européens désireux d’autonomie, fut clairement expliquée C'est cette réalité, négligée en Europe, qui a conduit PRESAJE, en 2015, à jouer, le lanceur d’alertes, au cours du colloque d’Amboise et avec l’ouvrage « Le Droit européen et les entreprises planétaires » celles qui ont mis la main sur les secteurs stratégiques, chers à M. BARNIER, qui échappent dorénavant aux Etats de l’U E. Sans oublier l’exterritorialité des règles juridiques et fiscales du droit américain, les GAFA, le contrôle des réseaux sociaux, tous ces instruments qui ont mis les Européens out !
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institut présaje
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2016-11-01
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"michel rouger"
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QUELLE GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE POUR L’UNION EUROPÉENNE ?
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Sur le second point, celui de la parole ferme face aux partenaires commerciaux, c’était hélas mission impossible, tant l’expression des trois principales voix du chœur communautaire à 28 étaient désaccordées, à raison de leurs politiques, de leurs déficits, de leurs chômages, bien visibles autant par les partenaires que par les concurrents. Il a suffi de la circonstance géo politique des troubles religieux du monde musulman, des migrations dramatiques, et des guerres attisées par le retour de la guerre froide, pour que l’Union explose et perde tout espoir d’une parole ferme de ses membres déchirés. Sur le troisième point, celui de l’Europe monétaire qui, encore moins que l’Europe communautaire, ne peut apparaitre divisée, rien n’est perdu. Heureusement ! Tout se jouera au cours des 2 années de débats sur la procédure de séparation avec le Royaume uni. Certes les situations respectives de l’Allemagne et de la France, telles qu’évoquées dans la chronique suivante peuvent inquiéter, mais le négociateur français aura en mains tous les leviers du temps et de l’expérience. Après qu’il a préfacé les réflexions de PRESAJE sur la gouvernance des actuelles Institutions Européennes, sous BARROSO II, le Ministre Michel BARNIER, reconstructeur potentiel des futures Institutions Européennes, pourra, à son tour, utiliser les très modestes réflexions de cette lettre comme préface à ses négociations.. Bon COURAGE et franche REUSSITE à lui, sous JUNKER !
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institut présaje
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2015-03-01
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"gérard berry"
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LE NUMÉRIQUE : DE LA RÉVOLUTION TECHNIQUE À LA RÉVOLUTION MENTALE ?
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# Le numérique : de la révolution technique à la révolution mentale ?
Sans cesse revenir aux fondamentaux et ne pas hésiter à reprendre en boucle les approches didactiques. La révolution numérique renverse les colonnes du temple. [email protected] a souhaité profiter d’une conférence de Gérard Berry au « Demi-Siècle » pour revenir sur les prolongements en cascade de la science informatique et ses effets sur les comportements humains.
Pour les enfants, l’informatique n’est pas une « nouvelle » technologie Notre société a connu par le passé d’autres révolutions : le télégraphe, inventé par un Français Claude Chappe, développé par la France avant que notre pays ne s’oppose à une version plus aboutie - le télégraphe électrique - mise au point par les Britanniques. Ce syndrome s’est reproduit dans les années 80 lorsque la France a tenté de freiner la mise en place du réseau internet dans l’Hexagone afin de sauvegarder le Minitel, source de revenus fiables.
Qu’en est-il des nouvelles technologies ? Gérard Berry s’empresse de condamner cette formule porteuse de contresens. Le terme de nouvelles technologies ne saurait s’appliquer aux enfants du XXIème siècle. Pour eux, l’informatique est tout sauf une nouvelle technologie puisqu’ils n’ont jamais connu le monde sans elle. Un ordinateur ou une tablette n’est pas plus étrange que la mer, la montagne, le vélo ou un chat. L’informatique fait partie de leur quotidien. Cette affirmation prend toute sa dimension à travers la question d’une jeune enfant : «Maman, je ne comprends pas. Quand tu étais petite, tu n’avais pas d’ordinateur, alors comment tu faisais pour aller sur internet ?».
Oui, nous sommes face à une révolution technique et une révolution mentale. Le mental des enfants est différent du mental des grands-parents. Le monde de demain est celui des enfants.
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institut présaje
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2015-03-01
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"gérard berry"
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LE NUMÉRIQUE : DE LA RÉVOLUTION TECHNIQUE À LA RÉVOLUTION MENTALE ?
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## La raison de cette double révolution nait de la rupture entre l’information et son support.
Autrefois, c’est à dire au XXème siècle, il y avait une association stricte entre une information et un support. Textes et équations scientifiques se trouvaient dans un livre ou tout autre forme de papier, un morceau de musique était enregistré sur un disque vinyle ou sur une bande magnétique, une photo était conservée sur des bandes celluloïd ou sur du papier argentique, les forces étaient traitées par des engrenages et des ressorts.
La première caractéristique du numérique est de créer un lien entre ces éléments, en transformant textes, musiques, photos et forces en nombres, en suites de zéro ou de un, et de les stocker sur des supports totalement indifférenciés. Un disque peut indistinctement contenir des photos, des représentations de forces, des textes ou de la musique.
Le monde change, les techniques changent mais les objets demeurent. Aujourd’hui, il est possible de fabriquer les mêmes objets, mais en mieux ! Des photos et des vidéos de meilleure qualité, des avions plus performants grâce à des servomoteurs bien plus efficaces, des enregistrements de musique privés du moindre défaut.
Pour comprendre cela, il convient de s’attarder sur les quatre piliers de l’informatique :
1. L’information à ne pas confondre avec la connaissance.
2. Les algorithmes : suite finie d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème. Les algorithmes permettent de travailler sur les informations.
3. Les langages : les vecteurs de la pensée informatique.
4. Les machines : il n’y a pas plus stupide qu’un ordinateur ; de 4.000 transistors en 1970, les ordinateurs en comptent aujourd’hui des milliards à des coûts unitaires extrêmement faibles.
## Voici quelques exemples d’une révolution informatique qui a le don de tout mettre à l’envers.
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institut présaje
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2015-03-01
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"gérard berry"
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LE NUMÉRIQUE : DE LA RÉVOLUTION TECHNIQUE À LA RÉVOLUTION MENTALE ?
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1. Premier exemple : la téléphonie
Le téléphone classique, analogique, exige une liaison physique entre deux interlocuteurs. La transmission de la voix se fait de point à point à l’aide de fils de cuivre et de contacts. La téléphonie numérique assure, elle, la transmission des éléments de conversation par paquets de données ainsi que leur compression. Cette technologie offre l’avantage de satisfaire les besoins de tous à travers l’usage d’un seul fil.
La révolution naît de la suppression du fil. Le lien entre l’espace (le lieu) et la communication est rompu. Dans les années 80, le téléphone fixe exigeait la présence de son interlocuteur sur le lieu d’appel. Aujourd’hui, la première question posée ressemble souvent à «où es-tu ?», question promise à une disparition prochaine. Dans peu de temps, il sera possible de connaitre en temps réel la localisation exacte de la personne appelée, ses déplacements récents, et bien d’autres détails relatifs à ses activités personnelles.
2. Deuxième exemple : la photographie
A l’ère de la photo argentique, un clic et c’était fini. Aujourd’hui, à l’heure du numérique, un clic et tout commence !
La photo est d’abord convertie en nombres (10 millions pour du noir et blanc, 30 millions pour une photo couleur), les données sont ensuite traitées par des algorithmes permettant de travailler, de corriger, de modifier, de transformer ou de défaire l’image. La rectification des perspectives est devenue une tâche aisée. Un algorithme, c’est une méthode de calcul. Grâce à la numérisation des données, il est désormais possible de tout défaire, ou presque, lorsque l’on sait prévoir quelque chose et développer l’algorithme afférent.
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institut présaje
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2015-03-01
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"gérard berry"
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LE NUMÉRIQUE : DE LA RÉVOLUTION TECHNIQUE À LA RÉVOLUTION MENTALE ?
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3. Troisième exemple : la musique
Un son, c’est une suite de nombres : 44.000 par seconde. Il est amusant de constater que le niveau d’enregistrement de certains morceaux est parfois jugé trop parfait, au point de voir quelques passionnés introduire intentionnellement des distorsions sur leurs disques numériques, façon 33 tours !
4. Quatrième exemple : la cartographie numérique
La fabrication de cartes géographiques 3D, sans faire appel à un avion, est devenue aisée grâce à l’exploitation judicieuse de données topographiques et l’utilisation d’algorithmes. La superposition d’images satellitaires et de cartes de l’IGN concourent à la création de cartes virtuelles.
L’informatique transforme en profondeur la géographie. S’orienter sur une carte appartient à l’histoire. En 1999, il fallait déplier la carte, se repérer, s’orienter, rechercher sa position. Aujourd’hui, la connaissance exacte de notre position est notre seule certitude... après avoir «fait apparaitre» la carte sur notre portable. Bel exemple d’inversion mentale. Inversion mentale que l’on retrouve pour l’organisation d’une soirée : un message sur Facebook suffit alors qu’en 1999, cet exercice complexe prenait des heures voire des jours.
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institut présaje
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2015-03-01
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"gérard berry"
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LE NUMÉRIQUE : DE LA RÉVOLUTION TECHNIQUE À LA RÉVOLUTION MENTALE ?
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## Big Data ou le pouvoir de détenir l’information
Gérard Berry énonce quelques principes :
- l’Homme : c’est l’intuition, la rigueur, la lenteur
- le Pentium : c’est la rapidité, l’exactitude, la stupidité ;
- d’un ordinateur, on ne sort jamais que ce qu’on y a mis : je suis l’homo bureaucratus ;
- d’internet, je ne sors que ce que le reste du monde y a mis : c’est l’homo internetus.
Il illustre la puissance de Google à travers un exemple simple : le suivi d’une épidémie de grippe en France. L’élaboration de la carte recensant les cas de grippe par département demande 10 à 15 jours aux instituts spécialisés. Google obtient une carte équivalente en temps réel en comptabilisant les demandes associées au mot «Grippe» sur son moteur de recherche.
Les années à venir vont reléguer au second plan les ordinateurs au profit des milliards d’objets connectés. Une voiture livrera un mélange d’informations techniques, physiques et de multiples données issues d’échanges avec la route, la ville et bien sûr les autres véhicules. Les organismes qui disposeront des informations et sauront les faire parler disposeront d’un réel pouvoir.
Des milliards d’objets connectés, certes mais entourés de pucerons : des Bugs. Les bugs apparaissent sur les quatre piliers. Ils sont souvent le fruit d’un mauvais design d’interface. La destruction de la fusée Ariane 501, suite à un test d’incohérence alors que tout fonctionnait nominalement, est en ce sens emblématique. Le récent rappel de 6,9 millions de véhicules Toyota fait prendre la mesure des risques et des enjeux. Logiciel et matériel s’appréhendent de manière différente. Au matériel est associée une probabilité de panne. Point de probabilité de bug en revanche pour les logiciels.
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institut présaje
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"gérard berry"
] |
LE NUMÉRIQUE : DE LA RÉVOLUTION TECHNIQUE À LA RÉVOLUTION MENTALE ?
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## La sécurité informatique
Les attaques informatiques ont plusieurs caractéristiques : elles se produisent à distance, elles sont massives, elles ne coûtent rien, elles sont anonymes. Un système non conçu nativement pour la sécurité est une «passoire». Aujourd’hui, la sécurité informatique commence à être prise en compte par l’Etat et par les entreprises. Mais le risque demeure élevé. Voici quelques exemples : la prise de contrôle de systèmes branchés sur internet à l’intérieur d’une usine, la prise de contrôle de pacemakers, le désarmement de freins automobiles à l’aide d’une télécommande...
Il existe assurément une chose non numérisable pour longtemps encore : la créativité !
## Conclusion
Un rapport en faveur de l’enseignement de l’informatique à l’école vient d’être publié. Il part du constat que l’informatique est le nerf du monde de demain. Les recommandations seront-elles suivies d’effet dans un pays où les sciences sont sorties du paysage, où manquent les financements et où les professeurs sont exclusivement dédiés à une matière ? Affaire à suivre.
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institut présaje
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2015-03-01
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"émile favard"
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PROFESSION JOURNALISTE : RETOUR SUR LES FONDAMENTAUX DU MÉTIER
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# Profession journaliste : retour sur les fondamentaux du métier
Pour beaucoup de journalistes, le basculement dans le numérique a été vécu comme une occasion de réfléchir aux règles intangibles du métier. Émile Favard, pur produit d’une génération de rédacteurs en chef, en a connu toutes les facettes. Diplômé de l’Ecole de journalisme de Lille, il a débuté dans la presse locale avant une carrière qui allait le mener à « L’Expansion » puis aux « Echos ».
Je me souviens qu’au sortir de l’Ecole de journalisme de Lille, j’étais profondément heureux de faire mes premiers pas à « la locale » au contact direct des gens ; puis, dans une autre région, de me spécialiser, sur le terrain, dans « les infos éco-soc ». Je me souviens qu’au coeur de l’exercice de mon métier, j’ai été encore et encore profondément heureux de faire des reportages, d’écrire des portraits d’acteurs de la vie politique et économique, de pratiquer le management d’équipes rédactionnelles, dans un magazine puis dans un quotidien économique.
## Le journalisme est un métier de service.
On pourrait dire la même chose de l’élu politique, du médecin et du cheminot. Ils servent la collectivité humaine, son vivre ensemble, sa santé, ses mouvements. Le journaliste, lui, rassemble les informations indispensables à la cohabitation des humains et à l’exercice démocratique.
En ces temps où l’individualisme a pris tant de place, dans un monde où les distances s’effacent de plus en plus, la connaissance de la vie des autres revêt une importance toute particulière. Je reconnais que cette caractéristique du job requiert pas mal d’humilité. Car les journalistes ne sont que des passeurs de faits et de sens.
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institut présaje
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2015-03-01
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"émile favard"
] |
PROFESSION JOURNALISTE : RETOUR SUR LES FONDAMENTAUX DU MÉTIER
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## Le journalisme est un métier de travail.
Ce constat tient de la banalité, encore que je veux préciser que la charge de boulot ne baisse pas avec le temps, ni avec l’expérience, ni avec la fonction. Céder à la tentation de la facilité est une dérive funeste, une menace permanente. Interviewer exige un gros travail préalable ; expliquer une situation ou un problème nécessite une immersion dans un dossier et une solide documentation ; écrire clair pour être lu ou écouté appelle des ratures et des réécritures laborieuses.
La vie quotidienne est complexité ; or les lecteurs et les auditeurs attendent un éclairage judicieux et un récit limpide. Quand on sait que l’exactitude se nourrit davantage de nuances que de simplismes, on imagine le labeur réel des artisans de la plume.
C’est dire que le métier porte en lui même un inconvénient lourd : il prend la tête en permanence et - hors vacances - c’est vraiment fatigant ! En retour, il promet une gratification forte, celle d’apporter une contribution essentielle au vivre ensemble.
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institut présaje
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2015-03-01
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"émile favard"
] |
PROFESSION JOURNALISTE : RETOUR SUR LES FONDAMENTAUX DU MÉTIER
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## Le journalisme est un métier de règles
; ce qui me conduit à faire un petit retour à l’école. Ces règles sont deux : d’une part, des réponses aux cinq questions de base de toute information - qui ou quoi ? quand ? où ? comment ? et pourquoi ? -, d’autre part, une hiérarchisation réfléchie des sujets contenus dans le journal. On ne badine pas avec ces fondamentaux du journalisme.
A propos d’un événement, on ne fait pas place aux commentaires - ceux de l’expert et ceux de la rue - avant de l’avoir raconté avec exactitude et expliqué avec rigueur. On classe les sujets et on leur accorde des surfaces moins sur la valorisation de l’émotion qu’en appréciant l’importance de l’événement, son originalité et ses conséquences. La hiérarchisation ne saurait se soumettre aux espérances d’audimat ; elle résulte d’une prise de responsabilité assumée par les journalistes, sous l’autorité de leur rédacteur en chef.
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institut présaje
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2015-03-01
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"émile favard"
] |
PROFESSION JOURNALISTE : RETOUR SUR LES FONDAMENTAUX DU MÉTIER
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## Le journalisme est aussi un métier d’indépendance et de liberté; dont, assurément, il convient de faire bon usage. Notre profession bénéficie d’un bel héritage de l’Histoire : ni sous le joug d’un régime politique autoritaire, ni mains liées par des pouvoirs financiers abusifs.
J’ai eu la chance d’exercer mon métier dans un contexte favorable à l’indépendance de pensée et à la liberté d’expression. En ces domaines, je reconnais volontiers que notre génération a connu de meilleures conditions de travail qu’aujourd’hui. Avec davantage de moyens, moins de pression de l’immédiateté et sans le voisinage perturbant des réseaux sociaux. Ceux-ci mettent de l’électricité dans l’air, survalorisent des sujets et accélèrent des rythmes susceptibles de provoquer des emballements médiatiques. Le temps long, celui de la réflexion, disparaît désormais au bénéfice d’une instantanéité permanente, qui rend impossible l’examen de la complexité du réel.
En outre, les propriétaires des entreprises de presse, affectés par le recul des recettes publicitaires et des ventes en kiosques, ont réduit les effectifs à l’excès. Cela conduit malheureusement les consoeurs et les confrères à travailler dans la précipitation, pour penser les sujets, enquêter et écrire.
A notre « belle époque », nous avons eu les moyens de mener des enquêtes minutieuses, l’investigation étant quasiment notre quotidien. Cela nous protégeait du journalisme moutonnier, celui où les pros empruntent les uns aux autres, voire se copient et se répètent en boucle. L’indépendance et la liberté ont un coût, élevé ; s’en exonérer risque de conduire à la dévaluation de notre métier.
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829 |
institut présaje
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2015-03-01
| 8 |
[
"émile favard"
] |
PROFESSION JOURNALISTE : RETOUR SUR LES FONDAMENTAUX DU MÉTIER
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## Le journalisme est, enfin, un métier de curiosité.
Ce disant, je résume en un mot les quatre constats précédents. Une curiosité permanente de savoir et de comprendre ; de connaître la dynamique des entreprises, les conditions de vie des marginaux, la psychologie et les projets des dirigeants, les tensions du monde, etc. etc. Une curiosité sans frontières, sans tabous, sans a priori, sans conformité obligée à une pensée unique, sans ralliement à une mode. La curiosité du pourquoi ; une curiosité insatiable, une curiosité gigogne...
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830 |
institut présaje
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2015-03-01
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"michel volle"
] |
COMMENT UTILISER LE BIG DATA
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# Comment utiliser le Big Data
La plupart des articles et commentaires autour du Big Data s’appuient sur une conception erronée de ce que sont les données et de la façon dont on peut les utiliser, constate Michel Volle. Il est vrai que l’internet apporte des moyens éditoriaux puissants aux institutions qui produisent des statistiques. Il faut bien sûr être conscient des possibilités et des dangers nouveaux que cela comporte.
Les commentateurs manient avec trop peu de précautions les bombes sémantiques que sont les mots « donnée » et « information »^1^. Des expressions comme « numérisation de tout », « société de l’information », « masse de données », « une ressource peu différente des matières premières comme le charbon ou le minerai de fer » sont en effet trompeuses : incitant à considérer les données selon leur volumétrie, elles engagent l’intuition sur la pente de la « théorie de l’information » de Shannon, qui assimile l’information qu’apporte un message au logarithme de sa longueur après compression. Shannon disait « meaning doesn’t matter », affirmation dont l’énergie impressionne mais qui masque une absurdité.
Voici ce qu’enseigne la pratique de la statistique^2^:
1. Les « données » sont en fait des observations sélectives : elles ne sont pas « données » par la nature mais définies a priori par un observateur afin que leur mesure puisse être ensuite « donnée » à l’ordinateur.
2. L’« information » donne au cerveau de celui qui la reçoit une « forme intérieure » qui lui confère une capacité d’action : Gilbert Simondon a conçu une théorie qui s’appuie sur ce constat et elle éclaire le Big Data mieux que ne le fait celle de Shannon. La capacité d’action ne peut cependant se dégager que si les données sont interprétées, ce qui suppose de concevoir un lien de causalité entre les concepts dont la mesure a été observée.
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830 |
institut présaje
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2015-03-01
| 9 |
[
"michel volle"
] |
COMMENT UTILISER LE BIG DATA
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3. L’analyse des données la plus pointue ne fait cependant que constater des corrélations. Il faut posséder une bonne maîtrise de la théorie du domaine observé pour pouvoir passer de la corrélation à la causalité : la corrélation n’est qu’un un indice, au sens qu’a ce mot dans une enquête policière, et il faut savoir l’interpréter. Quelques mots sur ce dernier point : la théorie, c’est le trésor des interprétations antérieures, condensé sous la forme de liens de causalité entre les concepts - trésor qu’il faut souhaiter exempt du dogmatisme, du pédantisme et de l’étroitesse qui sont pour une théorie autant de maladies. Celui qui ignore la théorie tombera fatalement, comme cela m’est arrivé, dans quelqu’une des naïvetés que les théoriciens ont depuis longtemps appris à éviter. Cependant la tentation est forte : Jean-Paul Benzécri, pionnier de l’analyse des données, a prétendu que celle-ci révélait « le pur diamant de la véridique nature » et les économètres, dont la discipline se rattache pourtant à la théorie, commettent souvent par précipitation la même erreur. Les auteurs d’un livre à succès ont érigé cette erreur en principe de la démarche, ce qui indique que le risque est élevé^3^: «move away from the age-old search for causality. As humans we have been conditionned to look for causes, even though searching causality is often difficult and may lead us down the wrong paths. In a big data world, by contrast, we won’t have to be fixed on causality; instead we can discover patterns and correlations in the data that offer us novel and invaluable inisghts.»
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institut présaje
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2015-03-01
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"michel volle"
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COMMENT UTILISER LE BIG DATA
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L’expérience des services de renseignement montre cependant que l’interprétation (qu’ils appellent « analyse ») importe beaucoup plus que la collecte : mieux vaut collecter peu de données bien choisies, et que l’on sache interpréter, plutôt que de se laisser écraser par une collecte massive. Tout observer, c’est en effet ne rien comprendre car l’intellect est nécessairement sélectif: dans la complexité du monde, chacun doit choisir à chaque instant de voir ce qui importe pour son action et donc de ne pas voir le reste. L’intellect est submergé s’il ne trie pas parmi les signaux qui sollicitent la perception : un conducteur qui se laisse distraire par les détails du paysage est dangereux. Il est donc périlleux de situer la valeur ajoutée dans les seuls stockage et traitement informatiques des données, et si l’on commet cette erreur le Big Data n’apportera que de la confusion. Si l’on sait par contre s’y prendre pour interpréter les corrélations en s’appuyant sur les acquis de la théorie du domaine observé, le Big Data constitue une ressource, et donc un enjeu. ^1^ Par exemple Stéphane Grumbach et Stéphane Frénot, « Les données, puissance du futur », Le Monde, 7 janvier 2013. ^2^ Michel Volle, Le métier de statisticien, Economica, 1984. ^3^ Viktor Mayer-Schonberger et Kenneth Niel Cukier, Big Data, John Murray, 2013
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institut présaje
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"david guiraud"
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LES CLÉS DU NOUVEL ÉCO-SYSTÈME DES ENTREPRISES D’INFORMATION
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# Les clés du nouvel éco-système des entreprises d’information
Un entretien avec David Guiraud, président du conseil de surveillance de « Ouest France », associé du cabinet de conseil Media Consulting Group, ancien vice-président directeur général du groupe « Le Monde » et directeur général du Groupe « Les Echos »
Pas d’information libre et indépendante sans un modèle économique rentable des entreprises d’information. Celui de l’ère des mass médias est révolu. Un autre modèle a d’ores et déjà pris la relève, explique David Guiraud. Ses pionniers en récoltent les premiers bénéfices. Les journalistes réinventent leur métier. Les patrons de presse reconstruisent leurs bilans. Après le temps des jérémiades, le temps de l’innovation.
[email protected]. Les bulletins de santé des entreprises de presse sont toujours aussi déprimants mais on voit surgir de nouveaux acteurs, optimistes et sans complexes.
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institut présaje
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"david guiraud"
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LES CLÉS DU NOUVEL ÉCO-SYSTÈME DES ENTREPRISES D’INFORMATION
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## Où en est-on dans le grand basculement des métiers de l’information ?
La rupture du modèle traditionnel est consommée. Les métiers de l’information se reconstruisent sur des bases radicalement nouvelles. L’ère des mass médias est terminée et avec elle, l’ère des grands paquebots de l’information. Les géants de la presse écrite et de l’audiovisuel qui tenaient l’opinion publique au siècle dernier sont cernés de toutes parts par des vedettes rapides et des flottilles de petites embarcations. Leur recette ? Exploiter le « sur-mesure de masse » que permet l’immersion totale de la population dans le monde d’internet et des réseaux sociaux. Dès lors que vous pouvez entrer en contact à un coût très faible avec la quasi-totalité d’une cible - les amateurs de jazz, les militants écolos, les entrepreneurs de 3D ou les praticiens d’une discipline médicale - rien ne s’oppose à l’idée de monter un projet de presse numérique et de le transformer en entreprise rentable, à condition de respecter l’exigence de qualité de cette communauté. Les avalanches de ratages de start-up montées par des amateurs ne doivent pas faire oublier l’essentiel : les marchés de l’information peuvent désormais se segmenter à l’infini et un nouveau modèle économique émerge face à celui de l’entreprise de presse traditionnelle.
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