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8 POINT STAT Encadré : La Reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle aux concours de la fonction publique de l’État La Reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle (RAEP) est un dispositif qui modifie le contenu des épreuves des concours et les modalités d’évaluation des candidats à l’entrée dans la fonction publique et pour la promotion interne, avec comme objectif de diversifier le profil des lauréats. Entrée en vigueur le 1er août 2007, conformément à la loi du 2 février 2007 relative à la modernisation de la fonction publique, elle est mise en œuvre dans le cadre des concours déjà existants par l’introduction d’un nouveau type d’épreuve qui vise une sélection des candidats moins centrée sur les connaissances académiques, mais davantage sur les compétences et aptitudes ainsi que sur la reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle. L’introduction de la RAEP concerne essentiellement les concours internes et examens professionnels, mais également quelques recrutements externes. En 2015, l’État a proposé des épreuves de RAEP dans le cadre de 211 concours et promotions, soit 27 de moins qu’en 2014. Le nombre de concours concernés par la RAEP baisse donc légèrement après avoir fortement augmenté en 2013 (218 sélections en 2013 après 80 en 2012). Ils représentent 24 % des sélections sur l’ensemble des concours de la FPE. Parmi les sélections, 57 concours internes se sont déroulés avec des épreuves de RAEP (58 en 2014), 50 examens professionnels (72 en 2014), 65 concours réservés de titularisation dans le cadre de la loi n° 2012-347 - dite loi Sauvadet - (89 en 2014), 12 concours externes (11 en 2014), 6 du type 3ème concours (comme en 2014) et aucun concours unique (2 en 2014). En recrutement externe, la RAEP a été proposée dans 3 concours de catégorie A (inspecteur des affaires maritimes, assistant ingénieur du ministère de l’Agriculture, ingénieur d’études de 2ème classe du ministère de l’Agriculture), 5 de catégorie B (greffier, officier de port adjoint, technicien de l’administration pénitentiaire, technicien supérieur d’agriculture et technicien supérieur principal d’agriculture), et 4 en catégorie C (1 d’adjoint technique et 3 de surveillant de l’administration pénitentiaire). Évolution du nombre de concours de la fonction publique de l’État dans lesquels l’épreuve de RAEP est introduite, par type de recrutement b - Part des concours avec épreuve de RAEP (en %) Externe Interne Ensemble Nombre de concours Avec RAEP a - Concours externe (1) Externe total Externe avec RAEP 1,2 1,6 1,2 2,4 2,5 3,2 4,0 3,7 2,6 2,2 9,6 11,6 13,9 33,8 30,9 44,5 1,8 1,9 5,2 7,2 8,3 21,5 20,1 22,9 0 20 40 60 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 654 580 565 498 475 407 478 488 8 9 7 12 12 13 19 18 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 0 100 200 300 400 500 600 700 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Source : Enquêtes annuelles Bilan des recrutements dans la fonction publique de l’État, DGAFP - Département des études, des statistiques et des systèmes d’information. (1) Externe : concours externe, 3ème concours et concours unique. Lecture figure a : En 2015, la FPE a organisé 488 concours externes. Parmi ces concours, 18 comportaient une épreuve de RAEP. Lecture figure b : Les sélections internes (concours internes, examens professionnels et concours de titularisation réservés - loi Sauvadet) avec épreuve de RAEP représentent 44,5 % de l’ensemble des sélections internes en 2015. Le nombre de postes proposés aux concours avec épreuve de RAEP a augmenté régulièrement de 2008 à 2014, surtout dans les sélections internes mais connaît une diminution en 2015 (11 727 postes offerts en 2015 après 12 537 en 2014). Sur la période 2008-2015, 42,6 % des postulants à l’interne ont passé une épreuve de type RAEP contre 4,9 % à l’externe. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à participer aux épreuves de RAEP en 2015, comme généralement depuis 2009 (64,0 % des candidats sont des femmes en 2015, contre 61,3 % en 2014), puisque globalement, sur les huit années d’application du dispositif, elles représentent 60,8 % des participants.
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9 STATISTIQUES ET RECHERCHE SUR LA FONCTION PUBLIQUE 69,4 % parmi les recrutés). De façon constante, elles sont plus nombreuses à se présenter aux concours d’enseignants (71,5 % de femmes parmi les candidats présents en 2015), où les recrutements sont tout autant féminisés (71,6 % des lauréats) (Figure 11). Pour les concours d’enseignants, le taux relatif de réussite des femmes est proche de celui des hommes en 2015, en baisse par rapport à 2014 et 2013. En revanche, pour les postes de catégorie B et C, les femmes restent majoritaires parmi les candidats présents mais réussissent moins bien que leurs homologues masculins : en 2015, sur les postes de catégorie B, elles représentent 55,3 % des candidats présents et 49,7 % des recrutés. De même, dans la catégorie C, elles sont 55,3 % parmi les présents et 43,4 % parmi les recrutés. Le taux relatif de réussite des femmes par rapport aux hommes s’est dégradé pour les agents de catégorie B et C en 2015. Globalement, toutes catégories hiérarchiques confondues, la part des femmes dans les recrutements externes de l’État augmente avec le niveau de diplôme, excepté pour les titulaires d’un Bac +5 et plus (Figure 12). Elles sont systématiquement majoritaires parmi les lauréats possédant un diplôme de niveau supérieur à Bac +3 et minoritaires en deçà. Une évolution des recrutements externes par ministère contrastée En 2015, seuls trois ministères enregistrent une croissance de leurs recrutements externes : la Défense, les ministères économiques et financiers et l’Intérieur. Tous les autres connaissent une baisse, notamment la Culture, le ministère du Travail, l’Éducation nationale, la Justice et l’Écologie. (Figure 13). Les ministères économiques et financiers ont recruté 559 agents supplémentaires par rapport à 2014 (+18,8 %), prolongeant le mouvement de reprise entamé en 2012 après trois années de baisse. La hausse de 2015 s’explique par des recrutements plus importants en catégorie C (+558 recrutés ; 2 394 en 2015 après 1 836 en 2014). Cette augmentation est liée d’une part au plan d’action anti- terroriste qui a conduit à recruter davantage d’agents de constatation (+374 par rapport à 2014) et d’autre part à l’accroissement du nombre de recrutements au concours de personnel de catégorie C (+155). Après avoir été divisé par trois en 2013, et après un nouveau recul en 2014, le nombre de recrutés au ministère de la Défense fait plus que doubler en 2015 (+143 agents par rapport à 2014). Cette hausse fait notamment suite à l’organisation de certains concours en 2015 qui ne s’étaient pas tenus l’année précédente, tels que les concours d’agent technique de 1ère classe (116 recrutés), d’aide-soignant civil (12), d’assistant de service social (14), d’infirmier (21) et de technicien supérieur des études et fabrications 2ème classe (36). Figure 11 : Part des femmes recrutées en catégorie A sur les postes d’enseignants et hors enseignants dans la FPE (en %) Postes hors enseignants Postes d’enseignants Femme Homme Femme Homme 27,6 33,4 29,5 27,5 27,4 28,4 72,4 66,6 70,5 72,5 72,6 71,6 0 10 20 30 40 50 60 70 80 2010 2011 2012 2013 2014 2015 51,7 48,7 42,2 43,7 41,8 45,3 48,3 51,3 57,8 56,3 58,2 54,7 0 20 40 60 80 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Source : Enquêtes annuelles Bilan des recrutements dans la fonction publique de l’État, DGAFP - Département des études, des statistiques et des systèmes d’information. Figure 12 : Part des femmes parmi l’ensemble des recrutés dans la FPE par niveau de diplôme (en %) Niveau de diplôme 2011 2012 2013 2014 2015 Bac +5 et plus 64,4 68,2 72,2 68,6 72,7 dont doctorat 54,5 Bac +4 60,8 63,4 62,6 73,6 80,7 Bac +3 54,4 63,2 62,2 56,0 47,6 Bac +2 50,5 48,6 48,3 46,9 43,1 Bac 44,5 35,4 35,8 36,3 31,0 BEPC 48,1 43,8 35,9 32,1 32,3 Sans diplôme 22,4 54,4 55,4 63,9 85,5 Diplôme inconnu 54,5 62,5 61,6 68,4 63,8 Source : Enquêtes annuelles Bilan des recrutements dans la fonction publique de l’État, DGAFP - Département des études, des statistiques et des systèmes d’information.
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1 Les bibliothèques et la numérisation des manuscrits médiévaux : pour quoi, comment, pour quel résultat ? RÉSUMÉ Les bibliothèques sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à s’engager dans des programmes de numérisation de manuscrits médiévaux. De la numérisation des enluminures à l’édition électronique d’un texte bien précis, ce terme recouvre toutefois les réalités les plus diverses. Par ailleurs, l’hétérogénéité des réalisations existantes, l’importance de l’investissement financier et surtout humain qu’elles requièrent, les difficultés enfin que rencontrent la plupart des projets à aboutir rendent nécessaire une réflexion globale sur les objectifs et les conditions de la numérisation en bibliothèques. Il est temps en effet que ces dernières définissent clairement leur place et leur mission face à la numérisation, pour en faire un outil plus efficace au service de leur politique. INDEXATION Bibliothèques ** Fonds spéciaux Bibliothèques virtuelles Manuscrits médiévaux ** Numérisation Libraries and mediaeval manuscripts’ digitisation : what for, how, for what result ? ABSTRACT More and more libraries nowadays undertake mediaeval manuscripts’ digitisation programmes. But between the digitisation of illuminations and electronic edition of one text particularly, this term does not have the same meaning. Moreover, the disparity between what has already been completed, the importance of the financial and over all human investment requisite, the difficulties many projects have to be successful make a global reflexion about the objectives and conditions of digitisation in libraries indispensable. It is time indeed that libraries determine
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10 Ménestrel, site recensant des ressources en ligne pour les médiévistes, [en ligne] http://www.ccr.jussieu.fr/urfist/mediev.htm (page consultée le 11 septembre 2001). Ministère de la culture et de la communication, liste des différents programmes de numérisation en cours dans les établissement sous tutelle du ministère, [en ligne] http://www.culture.gouv.fr/culture/mrt/numerisation/fr/f_02.htm (page consultée le 11 septembre 2001). Site moins officiel mais assez complet recensant les enluminures médiévales mises sur Internet par les bibliothèques, [en ligne] http://enluminures.multimania.com/References/bibnatmun/bibnatmun.html (page consultée le 12 septembre 2001).
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IX Trésors médiévaux de la BM de Grenoble, ne contient pas que des manuscrits, va jusqu’au début du XVIe siècle hors port scolaires Montpellier (BU de médecine) Cédérom « Cantor & Musicus » sur les manuscrits musicaux de la bibliothèque78 395 F Autour de 600 000 F 3 ans Moulins (BM) ? ? ? ? La BNF représente un cas à part dans le paysage français, mais elle pourrait figurer dans ce tableau car elle met en vente des cédéroms, comme celui sur Gaston Phébus, qui utilisent son fonds de manuscrits médiévaux. La bibliothèque municipale de Besançon a elle aussi produit un cédérom consacré à l’un de ses « trésors », le Psautier de Bonmont : « Lumière gothique, le Psautier de Bonmont (Besançon, bibliothèque municipale, ms. 54). Certains cédéroms (Dijon, Montpellier) ont associé à leurs images une base de données permettant entre autres des recherches par mots-clefs : deux exemples illustrant le résultat de ces recherches (les écrans de recherche eux-mêmes ne peuvent être imprimés) sont donnés aux pages suivantes. DIJON : sélection du mot « David » dans l’index iconographique, choix d’images retenues dans l’album « exemple ». MONTPELLIER : dans le module « Les manuscrits », sélection de « recherche » puis « critères iconographiques », puis « mots clés » et enfin « cornemuse » : résultat de la recherche (impression d’un résultat sur 4 obtenus). 78 A noter qu’un deuxième cédérom, consacré cette fois aux manuscrits médicaux de la BU, est en cours.
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X A la suite est donné un extrait du site Internet couplé au cédérom manuscrits-bumed.cines.fr (page consultée le 19 octobre 2001).
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12 comme les musées ou les centres d’archives. Le magazine Archimag a ainsi pu proposer l’été dernier à ses lecteurs un « tour de France numérique » à travers une sélection réalisée parmi les quelques deux cents projets recensés sur le site du ministère de la culture3. Dans ce mémoire, la question des objectifs s’est donc davantage posée en regard de la spécificité du type de documents que représentent les manuscrits médiévaux : en quoi leur numérisation exige-t-elle – ou non – une réflexion préalable particulière ? Les aspects purement techniques de la numérisation n’ont pas non plus été traités : ils ont déjà fait l’objet de nombreuses études4, et il s’agissait plutôt ici d’aborder les conditions de la numérisation sous l’angle des moyens, humains et financiers, requis pour mener à bien de tels projets, en se fondant sur l’expérience acquise en ce domaine à la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier. Quant au résultat, il peut être envisagé de multiples manières : au-delà du résultat concret que constitue le nouveau document numérique, sous ses différentes formes, il y a plus largement le bilan que l’on peut d’ores et déjà esquisser de la numérisation des manuscrits médiévaux en bibliothèques en termes de charge de travail, ou encore autour de notions telles que le (nouveau ?) rôle du bibliothécaire ou du conservateur face à ce type particulier de support. 3 Olivier Roumieux, « Le tour de France numérique », dans Archimag, juillet/août 2001, p. 27-42. 4 Plusieurs mémoires d’étude de l’Enssib, notamment, y consacrent quelques chapitres ou quelques pages, cf. entre autres Frédérique Seta, Le Rôle de la numérisation dans la mise en valeur des fonds patrimoniaux : l’exemple de la bibliothèque interuniversitaire Cujas, Enssib, 1999, et dernièrement Véronique Béranger, Transfert de support et mise en valeur des fonds japonais anciens à la Bibliothèque nationale de la Diète (Japon) : le rôle de la numérisation, Enssib, 2001, ou Valérie Néouze, Quelle bibliothèque numérique pour une bibliothèque patrimoniale ? L’exemple de la Bibliothèque centrale du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, Enssib, 2001. Cf. également G. Béquet et L. Cédelle, « Numérisation et patrimoine documentaire »…, p. 69-70 (importance du choix de la résolution et du format). Les recommandations techniques du ministère de la culture et de la communication en matière de numérisation sont consultables en ligne, à l’adresse http://www.culture.fr/culture/mrt/numerisation (site consulté le 04/09/01).
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XII Annexe 5 : l’édition des textes : quelques exemples de l’offre sur Internet en France. - numérisation en mode texte et en mode image : Le chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes : http://www.mshs.univ-poitiers.fr/cescm/lancelot/index.html (page consultée le 20 septembre 2001). - numérisation en mode texte seul : Li congiés Adan [Le Congé de Adam de la Halle] : http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?licong1 (page consulté le 19 décembre 2001).
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13 I. Pour quoi ? Les objectifs de la numérisation des manuscrits médiévaux en bibliothèques. 1. Remarques préliminaires. 1.1. La question des objectifs de la numérisation appliquée aux manuscrits médiévaux. De prime abord, il pourrait sembler inutile de se poser une énième fois la question des objectifs de la numérisation des documents patrimoniaux en bibliothèques5. Les principaux objectifs de la numérisation sont en effet connus : il s’agit de préserver les collections existantes en fournissant un support de substitution de qualité aux documents originaux, de les valoriser en profitant des multiples possibilités offertes pour cela par l’informatique, enfin de favoriser la recherche par ces moyens nouveaux. La numérisation n’est qu’un outil parmi d’autres pour atteindre ces objectifs, mais le plus performant aujourd’hui, également le plus prometteur. Les bibliothèques, qui ont toujours suivi de près les avancées dans le domaine de l’informatique, l’utilisent comme tel. En particulier, ce qui intéresse dans la numérisation c’est la valeur ajoutée qu’elle apporte par rapport à ce qui existait déjà (microfilms, expositions, publications…) : un meilleur confort de lecture, la couleur, la possibilité de tourner les pages, une diffusion dans le temps et l’espace démultipliée, etc. Elle ne vient que rarement en concurrence des outils traditionnels (on fera encore longtemps des expositions !) et est bien au contraire 5 Les nombreux articles du Bulletin des bibliothèques de France (BBF) consacrés à la numérisation en bibliothèques ces dernières années posent tous dans les mêmes termes la question de ses objectifs : cf. par exemple dans le cadre de bibliothèques nationales Patricia Alkhoven, « La numérisation des collections : les objectifs stratégiques de la bibliothèque royale des Pays-Bas », dans BBF, t. 44, n° 6, 1999, p. 80-87, et Véronique Poirier-Brèche, « Stratégie de numérisation : analyse comparative des programmes de la Bibliothèque nationale de France et de la Bibliothèque nationale du Québec », dans BBF, t. 46, n° 6, 2001, p. 24-28.
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15 mise en valeur (description – notamment catalogage9 – et diffusion) spécifique. Ce caractère national est d’autant plus accentué que la majorité d’entre eux appartiennent à l’Etat10, c’est-à-dire à l’ensemble des citoyens, et en principe seules des raisons strictes de conservation autorisent les bibliothèques à en réserver l’accès à un petit nombre de privilégiés : chercheurs, étudiants, public « autorisé » justifiant d’une recherche en cours, quand la bibliothèque ne peut leur fournir une copie de substitution… Pour ce type de fonds, à mon sens, la distinction qui prévaut sur le plan administratif entre bibliothèques municipales et bibliothèques universitaires ne joue pas. L’idée selon laquelle les premières auraient davantage vocation à ouvrir leurs collections que les autres est difficile à soutenir quand l’on sait combien la constitution des fonds patrimoniaux de nos bibliothèques actuelles est souvent le fruit du hasard : la bibliothèque de l’ancienne abbaye de Clairvaux, par exemple, est aujourd’hui éclatée entre Paris (Bibliothèque nationale de France), Troyes (bibliothèque municipale) et Montpellier (bibliothèque universitaire de médecine) ; on ne voit pas bien à quel titre les ouvrages parvenus à Montpellier devraient faire l’objet d’une politique particulière qui les rendrait moins visibles ou moins mis en valeur que les autres. Le paradoxe est donc là : d’un côté, les manuscrits médiévaux sont des documents patrimoniaux, qui appartiennent à tous ou presque, de l’autre, des témoins précieux, fragiles, uniques, des œuvres d’art aussi, qu’il est de la responsabilité des bibliothèques de préserver et de conserver. L’hypothèse de leur numérisation, dans la mesure où elle permet de préserver les documents tout en diffusant largement leur contenu (cf. ci-dessous), se pose ainsi de manière plus aiguë que pour d’autres types de documents (imprimés du XXe siècle ou même du XIXe siècle) qui existent en plusieurs exemplaires et ne présentent pas le même caractère de « rareté ». 9 La description des manuscrits médiévaux est également importante dans le cadre d’une opération de numérisation : le repérage des fonds et leur bonne connaissance par le personnel de la bibliothèque concerné est une étape préliminaire indispensable, cf. ci-dessus en introduction. 10 Appartiennent à l’Etat les fonds qui proviennent des saisies révolutionnaires : par exemple, le fonds de manuscrits médiévaux de la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier ou les fonds patrimoniaux de la bibliothèque municipale de Troyes provenant d’anciennes bibliothèques nationalisées et confisquées à la Révolution ; les autres collections, même anciennes, acquises par dons ou achats à partir du XIXe siècle appartiennent aux collectivités locales : ainsi à Lunel le fonds Médard, légué à la ville de Lunel par Louis Médard au XIXe siècle et qui contient quelques riches manuscrits médiévaux.
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16 1.2.2 Des documents Øcrits (cid:224) la main il y a plus de six siŁcles. Des « (cid:156)uvres d(cid:146)art ». Une autre particularité importante des manuscrits médiévaux est justement d’être manuscrits – écrits à la main. Comme tous les manuscrits, y compris les manuscrits modernes, comme aussi les documents d’archives, ils posent de ce fait des problèmes de lecture qui ne peuvent être résolus par le plus performant des logiciels de reconnaissance optique de caractères, dans le cas où c’est la numérisation en mode texte qui est envisagée. Le choix du mode texte a donc pour corollaire un important et long travail de saisie manuelle au clavier, qu’il faut pouvoir confier à quelqu’un de compétent (cf. ci-dessous partie 2.3.1 et partie II). Dans le cas où la numérisation en mode image est préférée, la diffusion de pages de texte ne peut se faire sans accompagnement : commentaires, transcriptions ou traductions (la langue des manuscrits médiévaux est le latin ou l’ancien français, que tout le monde ne lit pas encore couramment !) sont indispensables à la bonne compréhension du public (cf. également ci-dessous, 2.2). En outre, les manuscrits médiévaux contiennent parfois des images, enluminures et dessins marginaux, qui les apparentent cette fois davantage à des tableaux ou à des fresques. Ils peuvent aussi être appréhendés comme des objets et photographiés pour leur reliure par exemple11. Là, évidemment, la question du choix du mode de numérisation ne se pose pas. En revanche, des problèmes plus spécifiques comme le rendu des couleurs apparaissent. Envisager de numériser des manuscrits médiévaux est donc différent de projeter de numériser des documents imprimés, même anciens, ou de numériser des estampes, des photographies ou encore des documents d’archives. Aux manuscrits médiévaux sont en effet attachés des contraintes propres et des enjeux différents de ceux des autres types de documents. Ces contraintes et ces enjeux doivent être analysés en 11 Une campagne systématique de numérisation des reliures des manuscrits médiévaux a ainsi été entreprise depuis peu par l’Institut de recherche et d’histoire des textes (laboratoire du CNRS, cf. partie II, 2.1).
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17 préalable à toute opération de numérisation. Compte tenu de ces spécificités, pour chaque objectif traditionnellement assigné à la numérisation (conserver, diffuser, valoriser), on peut se demander en quoi cette dernière est ou non la réponse la mieux appropriée. 2. La numérisation : une réponse au triple objectif de conserver, diffuser, valoriser l’information contenue dans les manuscrits médiévaux ? 2.1. La conservation. La conservation est rarement l’objectif premier d’un projet de numérisation. S’il s’agit uniquement d’obtenir une copie du document original pour servir de support de substitution, d’autres alternatives que la numérisation existent : microfilms pour le texte, diapositives (ektachromes) pour les images. Dans le cas particulier des manuscrits médiévaux, la plupart des bibliothèques ont aujourd’hui des microfilms de leurs fonds à la suite de la campagne de microfilmage menée dans ce domaine à l’échelon national par l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT)12. Certes, le confort de lecture de ce type de support est nettement inférieur à celui d’un document numérisé ; il est sûr que la numérisation a apporté dans ce domaine une indiscutable amélioration, et peut-être la meilleure qualité de la reproduction numérique permettra-t-elle de manipuler encore moins les originaux : car aujourd’hui, tout lecteur confronté à un microfilm sait bien qu’il lui suffit de demander à lire les mentions marginales pour parvenir à se faire communiquer malgré tout l’original. Malgré cela, outre que la numérisation ne saurait entièrement résoudre la question du recours à l’original, reste le problème de la 12 L’IRHT conduit depuis plusieurs années un programme de reproduction des manuscrits médiévaux conservés dans les bibliothèques publiques de France. Cf. le détail de cette mission partie II, 2.1.
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19 nous reviendrons (cf. partie III), sur le nouveau rôle du personnel de bibliothèque face à ce lectorat plus autonome15. Tout cela peut néanmoins être nuancé. Tout d’abord, il n’y a pas un seul et unique mode de diffusion des documents numériques et le premier auquel on pense quand il s’agit de diffusion plus large, Internet, est loin d’être le mode de diffusion privilégié des bibliothèques. Beaucoup recourent, du moins dans un premier temps, à un support de type cédérom pour diffuser les images numériques de leurs manuscrits médiévaux16. Sur Internet, les réalisations sont souvent moins ambitieuses : présence de quelques images sur le site de la bibliothèque ou de la ville, plus rarement mise en ligne d’une exposition virtuelle. Les programmations plus complexes (bases des enluminures de Lyon ou de Sainte-Geneviève, manuscrits de Clairvaux à Troyes, bases du CINES17 et du ministère de la culture) ne sont pas encore pour l’instant, à l’exception de celle de Lyon, complètement achevées. L’idée que la numérisation conduit nécessairement à la mise en ligne et à une diffusion illimitée ne correspond donc pas, aujourd’hui, à la réalité. La numérisation contribue sans doute à une diffusion plus grande, et potentiellement illimitée, des manuscrits, mais ce choix relève en fin de compte toujours de la bibliothèque détentrice du document, et toutes les bibliothèques n’ont pas les mêmes priorités face à leur objectif commun de diffuser leurs documents. De fait, ce choix du mode de diffusion est pour la bibliothèque, d’une manière ou d’une autre, un choix « politique » : celui, entre autres, du public visé. Il est évident qu’un cédérom payant (souvent entre 200 et 400 F – entre 30 et 60 €) a une diffusion potentielle moins large que des pages consultables gratuitement sur Internet (encore que l’aspect « gratuit » d’Internet puisse lui aussi être discuté). 15 Se reporter à la bibliographie pour une vue d’ensemble des ouvrages et articles sur la question. Sur le concept de bibliothèque numérique, cf. la synthèse de Catherine Lupovici, « De la bibliothèque classique à la bibliothèque numérique : continuité et rupture », dans Documentaliste – Sciences de l’information, vol. 37, n° 5-6, 2000, p. 286-297 ; sur la bibliothèque numérique patrimoniale en particulier, cf. Dominique Arot, « La bibliothèque numérique patrimoniale : paradoxe, missions, typologie et évaluation », dans Bibliothèques numériques, cours INRIA, 9-13 octobre 2000, La Bresse, Paris, 2000, p. 11-51. 16 Ont ainsi produit un cédérom sur tout ou partie de leur fonds les bibliothèques municipales d’Angers, de Besançon, Dijon, Grenoble, Lunel, Moulins et la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier, pour ne s’en tenir qu’à la France. Cf. partie III, « résultats », analyse des différentes réalisations, et les tableaux récapitulatifs en annexe 4. 17 Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur : héberge le site sur les enluminures médiévales du ministère de l’éducation nationale et de la recherche (bibliothèques universitaires), cf. parties II, 2.1 et III, 1.2, et annexe 4.1.
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20 Ce choix est très net à Troyes, où la volonté affirmée de toucher le plus large public – la bibliothèque est un service public, cela entre dans ses missions – s’est traduite par la décision de mettre en ligne, à terme, l’ensemble des images de manuscrits possédées par la bibliothèque18. 2.2.2 Quelle mise en valeur pour les manuscrits mØdiØvaux ? La diffusion des manuscrits médiévaux auprès d’un large public passe non seulement par le choix de leur mode de diffusion, mais aussi nécessairement par la mise en œuvre d’une politique spécifique de valorisation de leur contenu. Les manuscrits, nous l’avons déjà évoqué (cf. 1.2.2), ne sont pas des documents faciles à appréhender, du fait même de leur écriture. Tout le monde n’est pas paléographe et, dans le cadre d’une diffusion auprès d’un public élargi, les bibliothèques ont avant tout recours aux enluminures pour rendre ce type de documents plus immédiatement accessible. Les projets de numérisation, en particulier en mode image, portant sur du texte sont de fait rarissimes et s’adressent plutôt à un public de chercheurs (cf. ci-dessous). De ce point de vue là, la présence d’images dans les manuscrits médiévaux – même s’il est bon de rappeler que les manuscrits enluminés ne représentent qu’un faible pourcentage de l’ensemble des manuscrits conservés19 – est un atout que ne possèdent généralement ni les manuscrits modernes ni les documents d’archives. Toutefois, les images-mêmes ont besoin d’être accompagnées au moins d’un commentaire si l’on veut vraiment en faire connaître le sens et la portée et ne pas se contenter de les diffuser « en bloc », « brutes ». Pour toucher le public des non spécialistes, il est en effet nécessaire que les bibliothèques mettent en place de réelles politiques d’action et d’animation culturelles, qui passent par tout cet 18 « L’informatisation et la numérisation des fonds s’inscrivent dans une politique plus globale visant à restituer aux citoyens le patrimoine, conçu comme le bien commun de tous » : Thierry Delcourt, conservateur, directeur de la bibliothèque municipale de Troyes, dans l’article « Un nouveau service pour les lecteurs : la reproduction de livres à la demande à la bibliothèque de Troyes », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 46, n° 5, 2001, p. 94-102, aux p. 95/97. 19 La proportion de manuscrits enluminés fait l’objet d’estimations uniquement : en France, en comptabilisant les manuscrits de la Bibliothèque nationale de France et ceux des autres bibliothèques réunies, on arrive à un chiffre de l’ordre de 20 %.
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21 accompagnement et par la valeur ajoutée ainsi apportée aux documents. Alors seulement on peut véritablement parler d’« offre culturelle » des bibliothèques, et non de simple fourniture de documents primaires, service qui convient peut-être aux chercheurs mais non à l’ensemble des publics20. Dans les bibliothèques, cela peut prendre plusieurs formes, du seul commentaire détaillé accompagnant l’image à l’organisation d’une vraie mise en scène autour d’une thématique précise (type exposition virtuelle sur internet). Parfois aussi, les images numérisées sont utilisées à des fins proprement didactiques ou pédagogiques : ainsi à la Bibliothèque nationale de France, à Montpellier et à Troyes. Ces trois exemples sont intéressants parce qu’ils profitent pleinement des possibilités offertes par la numérisation (dématérialisation et « éclatement » du document), en les mettant au service d’un objectif très lisible de valorisation en direction d’un public de non spécialistes. A la Bibliothèque nationale de France (BNF) : Sur le site de la BNF, les dossiers pédagogiques21 se servent des images numérisées possédées par la bibliothèque pour illustrer un sujet ou un thème particulier. Faisant appel à l’ensemble des collections et à tous les types de supports de la bibliothèque, ils présentent ainsi un certain nombre d’images tirées de manuscrits médiévaux. Une recherche précise, au sein des dossiers pédagogiques, dans les dossiers iconographiques (http://www.bnf.fr/pages/pedagos/pages/indexico.htm, page consultée le 20/09/01) permet d’avoir un aperçu des images associées à un thème. N’est retenu que ce qui peut servir au thème. Ainsi, si l’on choisit dans le thème « Ecritures » le dossier « Les copistes », des images de copistes tirées d’enluminures médiévales s’affichent à l’écran, assorties d’un commentaire approprié (cf. appendice à l’annexe 4.1). 20 Cf. à ce sujet la distinction établie par Julie Ladant dans son mémoire d’étude La valorisation des collections patrimoniales des bibliothèques sur Internet en direction des jeunes publics : enjeux et méthodologie, Enssib, 2001, entre la « politique documentaire de la bibliothèque » et son « action culturelle proprement dite » (p. 18, note 11). 21 Cf. également sur ce sujet le mémoire de Julie Ladant, op. cit., p. 45-52.
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22 A la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier : La même idée est développée dans le cédérom Cantor & Musicus consacré à l’étude de la musique médiévale à travers les manuscrits de la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier. Des vues rapprochées de chaque instrument de musique représenté ont été faites, permettant, en lançant par exemple la recherche « cornemuse », d’obtenir les différentes représentations de cornemuses contenues dans les manuscrits (cf. annexe 4.3). Le choix qui a été fait par ailleurs d’ajouter des extraits vidéo représentant certains instruments reconstitués et joués participe de cette même volonté de donner tout à la fois à voir et à comprendre. A la bibliothèque municipale de Troyes : A Troyes, le souci de diffuser les collections patrimoniales et de les faire connaître en-dehors de la bibliothèque est particulièrement manifeste. Pour cela, la numérisation des manuscrits médiévaux a été utilisée comme l’outil répondant le mieux aujourd’hui aux exigences de diffusion plus large (Internet) et de valorisation renouvelée. Dans l’exemple qui nous intéresse, la bibliothèque a choisi de se servir de son stock d’images numérisées à des fins proprement pédagogiques, comme à la BNF ou à la bibliothèque universitaire de Montpellier, mais dans des conditions différentes : ici, la bibliothèque sort véritablement de ses murs en direction d’un public précisément ciblé, les scolaires. La bibliothèque fournit un CD d’images qui est ensuite exploité en classe par l’enseignant. Ce dernier reçoit l’aide du service éducatif de la bibliothèque, il peut également participer à la sélection des images mises sur le CD, selon le projet qu’il a en tête. Le site de la bibliothèque municipale de Troyes (http://www.bm-troyes.fr, consulté le 20/09/01) offre des exemples concrets de ce type de réalisations : ainsi l’an passé « Paroles d’images », un recueil de fabliaux écrits par les élèves d’une classe de cinquième, consultable en ligne. Les élèves se sont inspirés des enluminures de manuscrits numérisés et ont bâti à partir de là des récits mettant en parallèle textes et enluminures. Leurs pages ont été ensuite imprimées et reliées « à la manière d’un manuscrit » par la bibliothèque. Le site signale également la « bande- annonce » du Lancelot, un dessin animé réalisé à partir d’un manuscrit par une
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23 classe de CM2. Une opération rendue possible grâce à la dématérialisation des images apportée par la numérisation qui a permis leur « découpage » et leur remodelage par les élèves. Dans le même sens, la BNF a intitulé un de ses dossiers iconographiques « La BD avant la BD » : ce dossier, accessible dans le thème « Enluminures », présente des détails tirés autant de manuscrits que de documents postérieurs illustrant l’idée que les enluminures préfigurent la bande dessinée. 2.3. L’aide à la recherche. Comme la diffusion ou la valorisation des collections auprès d’un public élargi, l’amélioration des conditions de la recherche est l’un des objectifs que les bibliothèques fixent souvent à leurs programmes de numérisation. Dans ce domaine, la numérisation peut en effet rendre des services sans comparaison avec ce qui existe déjà par ailleurs (reproductions, éditions ou index sur supports papiers par exemple). Encore faut-il, une fois de plus, que soient mises en œuvre les conditions nécessaires à cet usage optimal du document numérique : cohérence des corpus choisis, réflexion sur le mode de numérisation à adopter, sur les thésaurus utilisés, sur les index... Là intervient la responsabilité des bibliothèques qui ont, nécessairement, des choix à faire et des décisions à prendre en amont. 2.3.1 NumØrisation en mode image et numØrisation en mode texte. La faible importance accordØe au texte par rapport aux images dans les bibliothŁques. La question du choix du mode de numérisation ne se pose bien sûr pas pour l’iconographie. En revanche, elle est importante pour tout ce qui est du texte : l’alternative repose entre le fac-similé brut, sans possibilité de recherche plein texte, et le texte retranscrit, outil de travail performant, mais sans plus de lien avec le support original qui pourrait tout aussi bien être une édition imprimée postérieure. Les iconographes, tout comme les codicologues ou les paléographes, ont nécessairement besoin du mode image : il leur faut « voir ». Par contre, ceux qui s’intéressent au contenu purement « intellectuel » des manuscrits peuvent être
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25 En effet, si beaucoup de facteurs expliquent la faible part de la numérisation en mode texte dans les bibliothèques, la complexité de sa mise en œuvre est sans doute un des principaux obstacles : la numérisation en mode texte est un véritable travail d’édition, elle suppose un investissement en temps et en argent que les bibliothèques n’ont généralement pas les moyens de fournir (cf. ci-dessous partie II). Le mode image est a priori plus simple : techniquement, la saisie des images ne pose guère de problème. En revanche, le traitement des images numérisées est ensuite lui aussi long et coûteux ; toutefois, la bibliothèque dispose très vite d’un « stock » d’images qu’elle peut, au prix d’une indexation sommaire, commencer à diffuser plus rapidement que dans le cas d’une édition qui doit attendre que l’intégralité du travail soit achevée. Par ailleurs, les bibliothèques n’ont pas toujours non plus les compétences suffisantes pour réaliser une édition de texte : les universités sont de ce point de vue-là mieux placées pour entreprendre de tels travaux, qui s’inscrivent naturellement dans leurs missions24. La numérisation pose en effet aux bibliothèques la question des limites de leurs propres missions : doivent-elles réellement se substituer aux chercheurs, et jusqu’où ? Car si le public non spécialiste a besoin d’être accompagné « à la découverte » du manuscrit médiéval par des transcriptions, des traductions et des commentaires, les chercheurs, eux, ont avant tout besoin d’accéder aux sources, notamment par des index. Les bibliothèques tentent de répondre simultanément aux besoins de ces deux publics ; les bases de données iconographiques, comme celles évoquées ci- dessus, affichent ainsi en général le désir de réunir chercheurs et amateurs. Toutefois, à l’heure actuelle, le public le plus sollicité par la numérisation est incontestablement le « grand » public, sans doute parce qu’il est aussi celui auquel les collections patrimoniales sont le moins familières. La préférence marquée des bibliothèques pour la numérisation en mode image, qui seule permet de restituer l’aspect « médiéval » du document, sa forme, ses caractères, son illustration, en témoigne. Leur choix de privilégier systématiquement l’iconographie par rapport au texte est également significative, même si l’on peut regretter avec Marc Smith 24 Cf. Laure Cédelle, « La numérisation des textes médiévaux littéraires », dans La numérisation des manuscrits médiévaux. Actes de la journée d’étude organisée par l’Ecole nationale des chartes…, p. 23-25, en particulier p. 24.
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26 que cette attitude ne « conforte le public dans l’idée, déjà trop enracinée, que le département des Manuscrits [il s’agit de la BNF] est un musée de l’enluminure »25. Mais pour donner une autre idée des manuscrits médiévaux au public, les bibliothèques ne choisiront pas forcément les solutions adaptées aux besoins du paléographe : elles procéderont plutôt par extraits, traductions, commentaires… La numérisation telle qu’elle est menée dans la plupart des cas ne conduit donc pas à une égale amélioration de la recherche dans tous les domaines, et il est sans doute moins vrai d’en parler pour l’édition savante ou la paléographie que pour l’étude des enluminures. 2.3.2 Les conditions d(cid:146)une vØritable amØlioration des conditions de la recherche. A cela s’ajoute que, quel que soit le mode de numérisation adopté, la recherche n’est réellement facilitée que si tout un travail de contrôle, d’indexation est assuré en parallèle par la bibliothèque. D’abord, il faut veiller à la qualité des images fournies. La numérisation ne remplace avantageusement les support préexistants qu’à cette condition. Entre résolution de haut niveau et temps de chargement corrects, c’est ensuite une affaire de compromis et de juste milieu qu’il appartient à la bibliothèque de définir. La netteté et la précision dans les détails sont également des aspects qui se décident au départ, avant même la prise de vue. L’IRHT, par exemple, fait à cette fin préparer pour ses campagnes de numérisation des tableaux destinés aux photographes qui contiennent des indications précises de cadrages : « double pleine page », « pleine page » ou « détail ». Là, la numérisation apporte véritablement un avantage par rapport aux autres techniques de reproduction existantes. Pour une miniature, elle permet de faire apparaître les touches, les aplats, bref la technique picturale invisible à l’œil nu, quand bien même elle ne restituerait pas les couleurs dans leur subtilité et dans toute leur exactitude. Il est significatif de constater que le même souci des cadrages se 25 M. Smith, « Numérisation et paléographie », dans La numérisation des manuscrits médiévaux. Actes de la journée d’étude organisée par l’Ecole nationale des chartes…, p. 9-16, à la p. 13.
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28 Enfin, l’amélioration des conditions de la recherche passe aussi par l’accès à des fonctionnalités telles que les liens hypertextes, l’affichage simultané de plusieurs écrans, ou par la mise en place de différents outils de travail permis par la numérisation : déchargement, impression, tris, signets, etc. Ces derniers sont loin d’être unanimement adoptés par les bibliothèques. Déchargement et impression notamment sont rarement autorisés à titre gratuit ; la qualité de l’image à l’impression est par exemple atténuée de manière à dissuader les éventuelles tentatives d’impression. Les bibliothèques assurent ainsi un contrôle sur l’utilisation qui peut être faite de « leurs » images et financent en partie (cela reste minime) le coût de la numérisation. Comme pour les questions de diffusion, gratuite ou payante, la question du contrôle des déchargements et des impressions est affaire de politique et de choix, sans que les deux soient forcément liées : ainsi, si Troyes a choisi de laisser le déchargement et l’impression libres au nom de la même logique de service public qui lui fait préférer Internet comme mode de diffusion le plus large, Montpellier a fait un cédérom payant mais sur lequel tous ces outils de travail sont bien présents28. Sur la base du CINES en revanche un formulaire de commande en ligne renvoie à la bibliothèque de conservation pour facturation. Il s’agit donc d’une optique différente. De même, la plupart des sites anglo-saxons rappellent en avertissement sur leur page d’accueil que les droits afférents aux images appartiennent aux bibliothèques détentrices des documents29. Dans tous les cas, le choix peut se justifier, mais il importe à la bibliothèque de le définir rigoureusement au départ. Pour ce qui est de l’aide à la recherche en revanche, certains choix sont moins pertinents que d’autres. Ils sont donc également révélateurs de la plus ou moins grande priorité donnée par la bibliothèque à ce dernier objectif. 28 Le cédérom de la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier est par ailleurs couplé à un site Web évolutif (manuscrits-bumed.cines.fr, consulté le 19/10/01). Cf. annexe 4.3. 29 Cf. par exemple le site Digital Scriptorium – projet américain réunissant plusieurs bibliothèques (http://sunsite.berkeley.edu/Scriptorium, consulté le 17/07/01). Cf. annexe 6.
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29 II. Comment ? Les moyens humains et financiers. Tout programme de numérisation nécessite la mise en œuvre de moyens techniques, financiers et humains importants. Nous n’aborderons pas ici les aspects purement techniques de la numérisation : ils ont été suffisamment développés ailleurs30. En revanche, nous insisterons sur les moyens humains et financiers. La numérisation est en effet loin de se réduire à la seule saisie numérique des images ou des textes. L’investissement qu’elle requiert en amont et en aval, tant sur le plan humain que financier, est une donnée essentielle à prendre en compte. Ce sont des paramètres qui peuvent aisément doubler ou tripler le temps de réalisation d’un projet et sont aussi à la clef de sa réussite. 1. Moyens humains. 1.1. La mobilisation de toute une équipe ; les étapes d’un programme de numérisation. Dès lors qu’une bibliothèque envisage de se lancer dans un véritable programme de numérisation (j’entends par « programme » la numérisation d’un fonds entier, ou tout au moins d’un ensemble conséquent de manuscrits rassemblés sous une thématique commune), elle est amenée à mobiliser une équipe autour de ce projet, souvent dans le long terme. La plupart des projets mettent en effet au minimum deux à trois ans à aboutir, de la conception initiale à la réalisation finale – c’est du moins la moyenne pour un cédérom (cf. annexe 4.3) ; elle est un peu plus élevée pour une base de données en ligne : à la bibliothèque municipale de Troyes comme 30 Se reporter aux références données en introduction, note 4.
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3 Remerciements Je remercie en premier lieu toute l(cid:146)Øquipe de la bibliothŁque universitaire de MØdecine Centre Ville de Montpellier, qui m(cid:146)a accueillie pour mon stage d(cid:146)Øtude, en particulier HØlŁne Lorblanchet et Mireille Vial pour leur constante disponibilitØ. Plusieurs personnes, dans diffØrentes bibliothŁques engagØes dans des programmes de numØrisation de manuscrits mØdiØvaux, ont acceptØ de rØpondre (cid:224) mes questions ou de m(cid:146)expliquer leur travail, soit directement dans leur Øtablissement, soit indirectement par tØlØphone ou par mail : AndrØ-Pierre Syren (cid:224) la bibliothŁque municipale de Dijon, Marie-Fran(cid:231)oise Bois-Delatte (cid:224) la bibliothŁque municipale de Grenoble, Denise Rouger (cid:224) la bibliothŁque municipale de Lunel, Pierre Guinard (cid:224) la bibliothŁque municipale de Lyon, Gladys Bouchard (cid:224) la bibliothŁque municipale de Montpellier, Evelyne Bret (cid:224) la bibliothŁque municipale de N(cid:238)mes, Marie-HØlŁne de La Mure (cid:224) la bibliothŁque Sainte-GeneviŁve, Jocelyne Deschaux et Patrick Hermebring (cid:224) la bibliothŁque municipale de Toulouse, Thierry Delcourt, Fran(cid:231)ois Berquet, Pascal Jacquinot ainsi qu(cid:146)Emmanuel et SØverine (cid:224) la bibliothŁque municipale de Troyes. Qu(cid:146)ils en soient tous vivement remerciØs. Serge De Poorter, conservateur aux Archives dØpartementales de l(cid:146)HØrault, a lui aussi pris le temps de me dØcrire les diffØrents projets de numØrisation qu(cid:146)il a jusqu(cid:146)ici entrepris : je l(cid:146)en remercie beaucoup, ainsi que Jean-Michel Paris, directeur de la BibliothŁque dØpartementale de prŒt de l(cid:146)HØrault, qui m(cid:146)a le premier signalØ l(cid:146)existence ces projets. Je remercie Øgalement pour les Øclaircissements qu(cid:146)ils ont pu m(cid:146)apporter sur divers sujets ValØrie NØouze, conservateur (cid:224) la Sous-Direction des bibliothŁques au ministŁre de l(cid:146)Øducation nationale, et Claude Greis, conseiller pour le livre et la lecture (cid:224) la DRAC Languedoc-Roussillon. Je dois les quelques connaissances concrŁtes que je possŁde en matiŁre de numØrisation de manuscrits mØdiØvaux (cid:224) Odile LØpinay et Gilles Kagan, de l(cid:146)IRHT : je les remercie eux aussi pour leur disponibilitØ et leur gentillesse. Je ne saurais non plus oublier de remercier ceux qu(cid:146)(cid:224) l(cid:146)Enssib j(cid:146)ai pu mettre (cid:224) contribution (cid:224) des titres divers, en particulier Florence Le Bras et Nathalie CŒtre ainsi que Marie-Noºlle Icardo. Enfin, je dois une reconnaissance toute particuliŁre (cid:224) Mireille Vial, qui a accompagnØ les premiers pas de ce mØmoire, ainsi qu(cid:146)(cid:224) Laure CØdelle, qui en a acceptØ la direction et dont les conseils ne m(cid:146)ont jamais fait dØfaut.
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30 à la bibliothèque Sainte-Geneviève, la mise en œuvre des projets de numérisation des enluminures a débuté vers 1997-1998 et devrait s’achever en 2002-200431. La cohésion de l’équipe, sa continuité, son éventuel renouvellement doivent donc être assurés pendant des laps de temps assez longs. Ce rôle de coordinateur est en principe tenu par un conservateur – dans bien des cas, assez logiquement, celui qui est chargé du fonds ancien. Il lui appartient également, en qualité de chef de projet, de superviser les différentes étapes de déroulement du programme du début à la fin. Ces étapes, communes à tous les projets au-delà de la diversité des cas particuliers, peuvent être définies de la façon suivante : - étape 1 : définition du projet. C’est peut-être la phase la plus importante car c’est là que sont précisés les objectifs du projet : que veut-on faire ? pour quel public ? avec quels documents (choix du corpus) ? selon quel mode de diffusion (cédérom, Internet) ? Cette phase préparatoire réunit d’abord les initiateurs du projet – souvent les bibliothécaires, éventuellement déjà en concertation avec d’autres partenaires pressentis pour participer à l’opération. Ce fut par exemple le cas à la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier pour la préparation du second cédérom sur les manuscrits médicaux : les premières réunions ont rassemblé les conservateurs de la bibliothèque et des médecins intéressés par ce projet qui ont aidé à en définir le contenu (étendue et pertinence du corpus retenu). Cette étape est aussi celle de la constitution de l’équipe. Celle-ci réunit toujours deux types de compétences, scientifiques et techniques. Elle fait appel autant à des personnes extérieures à l’établissement qu’à des membres du personnel de la bibliothèque. En interne, le choix est fonction des compétences, de la motivation et de la disponibilité de chacun ; les personnes extérieures à la bibliothèque sont avant tout sollicitées pour leurs compétences. Enfin, c’est également au cours de cette étape préliminaire que sont évalués une première fois la durée et les coûts du projet, en fonction de tous les critères déterminés auparavant. 31 Les données pour Troyes m’ont été directement fournies par la bibliothèque. La fourchette retenue (1997-2002) est très large car 1997 correspond à la date où le programme de numérisation des miniatures du fonds de Clairvaux a été engagé par l’Etat, 2002 sera la date de l’ouverture de la base au public, ouverture retardée essentiellement pour des questions techniques indépendantes de la bibliothèque. Pour Sainte-Geneviève, cf. Marie-Hélène de La Mure, « La base d’enluminures de la bibliothèque Sainte-Geneviève », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 45, n° 1, 2001, p. 124-126. A la bibliothèque municipale de Lyon, la base d’enluminures, en projet depuis 1994, a ouvert l’an dernier avant la fin de l’indexation – cf. partie III.
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32 - étape 4 : traitement en aval du corpus numérisé. Nous reviendrons plus longuement sur cette phase dans la partie suivante (1.2, indexation). Paradoxalement, alors que c’est l’étape la plus exigeante – elle demande qu’un personnel scientifique et spécialisé s’y consacre dans la durée –, c’est aussi celle qui est le moins prise en compte, financièrement et lors de l’évaluation initiale du projet : sa durée est souvent sous-estimée et son coût, mal évalué, négligé au départ par les bibliothèques ; son financement n’est que rarement pris en compte par les pouvoirs publics, qui subventionnent plus volontiers la saisie numérique proprement dite, alors qu’elle n’est qu’une étape intermédiaire et non l’aboutissement d’un programme de numérisation (cf. partie 2). - étape 5 : validation, corrections et mise à disposition du public. Cette étape ne devrait en principe intervenir qu’après l’achèvement de la précédente. Toutefois, en raison des difficultés rencontrées et afin que le public ait malgré tout rapidement accès aux images numériques, de nombreuses bibliothèques font le choix de mettre ces images en ligne avant la fin de leur traitement. Le problème ne se pose pas dans les mêmes termes avec un cédérom : produit fini, il n’est mis sur le marché qu’une fois achevé dans son intégralité. La phase de validation et corrections est néanmoins importante dans l’un et l’autre cas. Les éventuelles modifications qu’elle entraîne comptent dans le temps de réalisation du projet, qu’elle contribue à allonger. Enfin, dans le cas de réalisations en ligne, il y a également en aval un important travail de suivi à effectuer pour assurer la pérennité du site et éviter son obsolescence (vérification des liens, mise à jour éventuelle des informations…). Dans le cadre de ce mémoire, nous avons choisi de nous arrêter sur trois exemples précis qui illustrent, chacun de manière différente, l’importance de l’effort humain demandé aux bibliothèques dans le cadre d’un projet de numérisation. • La campagne de numérisation des enluminures par l’IRHT. Les bibliothèques sont aujourd’hui de plus en plus impliquées dans les différentes étapes du programme de numérisation mené par l’IRHT : repérage de l’ornementation et choix des prises de vues dans les manuscrits, photographie des vues retenues, indexation et versement des images dans la base de données de
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33 l’Institut, Initiale (cf. annexe 4.4) 32. Si elles participent encore peu à l’indexation, qui reste du ressort de l’IRHT (les bibliothèques Mazarine et Sainte-Geneviève font seules exception), la première phase – inventaire des enluminures, détermination des cadrages – leur est intégralement déléguée. Trouver au sein de l’établissement la ou les personnes qui réunissent les compétences nécessaires et la disponibilité suffisante (au moins un mi-temps) pour s’y consacrer est un véritable défi. Les bibliothèques recourent le plus souvent au recrutement de vacataires étudiants pour accomplir cette tâche. Outre le surcoût entraîné si les vacataires sont payés sur le budget de la bibliothèque, il y a, très pratiquement, toute une organisation à mettre en place et à gérer : déterminer les horaires des vacataires en leur assurant à chacun un espace de travail minimal correct et l’accès à un ordinateur ; répartir au préalable les fonds entre eux de manière rationnelle ; coordonner leur travail, en assurer le suivi et la continuité. Ce dernier point est extrêmement difficile à gérer : tous les vacataires ne renouvellent pas leur contrat au-delà d’un an. Si l’inventaire n’est pas fini, il faut donc recruter une nouvelle personne et entreprendre sa formation, ce qui ralentit d’autant l’avancement du programme. A la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier, par exemple, il est vraisemblable que cet inventaire, en cours, mobilisera plus d’une personne : même à raison de 16 heures par semaine, l’étudiante embauchée pour poursuivre le travail de repérage des fonds, initié au cours de mon stage d’étude pour les manuscrits médicaux, aura du mal à achever l’inventaire de l’ensemble du fonds (environ 500 manuscrits médiévaux). La bibliothèque, où les prises de vues doivent avoir lieu courant 2004, doit donc déjà songer à une nouvelle vacation. • La constitution d’une base de données sur les manuscrits de la bibliothèque : l’exemple de la bibliothèque municipale de Troyes. A Troyes, la mise en œuvre de nombreux projets consacrés à la numérisation des manuscrits médiévaux mobilise une partie du personnel de la bibliothèque depuis près de deux ans. La coordination des différentes tâches et actions est assurée par le 32 Cf. Elisabeth Lalou, « Une base de données sur les manuscrits enluminés des bibliothèques : collaboration entre chercheurs et bibliothécaires », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 46, n° 4, 2001, p. 38-42. Cf. aussi plus loin, partie 2.1.
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34 conservateur responsable du fonds ancien. Les missions de chacun ont évolué au fur et à mesure de l’avancement du programme et ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’avant. La numérisation des miniatures des manuscrits de Clairvaux a nécessité dans un premier temps une opération de repérage des enluminures, de choix des cadrages, d’identification préalable, similaire à celle que mènent les bibliothèques pour la campagne de l’IRHT (qui a ainsi pu réutiliser pour son compte les vues de la bibliothèque). C’est un agent de la bibliothèque qui s’est ensuite chargé des prises de vues. L’établissement a bénéficié de ses compétences de photographe, développées depuis l’installation dans les années 80 d’un laboratoire photographique à l’intérieur de la bibliothèque. La numérisation proprement dite à partir des ektachromes a été réalisée par la société Jouve. Le seul fonds de Clairvaux représente 50 CD. Aujourd’hui, la dernière phase du programme, le traitement des images, est en cours d’achèvement. Elle occupe au moins deux personnes à la bibliothèque, indépendamment du travail d’indexation pris en charge par l’IRHT au terme d’une convention particulière. Le photographe de la bibliothèque procède à une vérification systématique des images numériques fournies par Jouve et à leur retouche éventuelle afin d’améliorer le rendu des couleurs ou la netteté des contrastes. Une autre personne est chargée du versement des images dans la base, soit de leur publication dans le logiciel Book-line, à partir duquel sont créés des liens vers les dossiers documentaires de chaque manuscrit. Ces dossiers contiennent les données textuelles relatives aux images et aux manuscrits ; pour les images, la bibliothèque se sert de l’indexation établie par l’IRHT. Les dossiers documentaires sont également rattachés par la même personne aux notices informatisées des manuscrits présentes dans le catalogue général de la bibliothèque afin de constituer un « catalogue enrichi ». • La réalisation d’un cédérom sur les manuscrits médiévaux de la bibliothèque : l’exemple de la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier et les expériences des bibliothèques municipales de Dijon et de Grenoble. La réalisation d'un cédérom exige peut-être davantage encore que dans les projets déjà mentionnés de faire appel à un nombre important de personnes extérieures à la bibliothèque : professionnels de l'édition multimédia, spécialistes
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35 du domaine d'étude envisagé, informaticiens, graphistes…33 Dans tous les cas, le concepteur multimédia apparaît comme l'interlocuteur privilégié de la bibliothèque dans le cadre d'un projet de réalisation de cédérom. A Montpellier, la bibliothèque a bénéficié pour son recrutement de la présence du SUFCO (Service de Formation Continue de l'Université de Montpellier 3), qui propose un cursus de formation de concepteur multimédia. Les autres partenaires du projet ont été le CINES (constitution de la base de données accessible sur Internet et hébergement du site), l'atelier photo et le service informatique de la Bibliothèque interuniversitaire, l'IRHT (numérisation des photos), la société Kawenga (réalisation du logiciel, graphisme, développement informatique), enfin un certain nombre d'"experts" : le directeur du département de musicologie de l'Université de Montpellier, un professeur de musicologie médiévale de l'Ecole des Hautes Etudes, un musicologue-paléographe de l'IRHT, un professeur de l'Université du Kentucky spécialiste de l'un des manuscrits du corpus...34 Aux différentes étapes mentionnées précédemment s’est ajouté, dans le cas précis de ce cédérom, tout le temps nécessaire à réunir les textes des experts et à les reprendre dans l'optique d'un cédérom : un travail d'adaptation long et "totalement insoupçonné au départ" de l'aveu du chef de projet35. Par ailleurs, la bibliothèque, maître d'ouvrage du projet, doit assumer la coordination de l’équipe, par nature hétérogène et dont les différents membres n'ont souvent pas tous la même idée du produit fini souhaité, dont tous les acteurs ne sont pas non plus nécessairement appelés à se rencontrer. Le chef de projet doit mener un travail de communication, d'information et d'écoute extrêmement preneur en temps : si à Montpellier on souligne que la bibliothèque a eu "la grande chance de travailler avec un concepteur particulièrement à l'écoute de nos desiderata", à Dijon en revanche le chef de 33 Ces partenaires sont aussi présents – ou du moins devraient l’être – quand il s’agit de mettre des images numérisées en ligne, en particulier sur Internet. Leur absence est toutefois fréquente, alors que pour un cédérom, produit commercial, elle ne se conçoit même pas. 34 Cf. Mireille Vial, « Cantor & Musicus, le CD-Rom des manuscrits musicaux de la bibliothèque interuniversitaire de médecine de Montpellier », dans La numérisation des manuscrits. Actes de la journée d’étude organisée par l’Ecole nationale des chartes…, p. 39-44, et Id., « Les manuscrits musicaux de l’Ecole de Médecine de Montpellier », dans Cédéroms et patrimoine : vers une nouvelle médiation culturelle…, Rodez, 1999, p. 25-30. 35 Les citations pour Montpellier sont tirées d'un projet d'article destiné à paraître dans un prochain numéro de la collection « La Boite à outils » et qui m’a aimablement été communiqué par Mireille Vial.
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36 projet note que "c'est à ce point que l'on se rend compte combien les manuscrits projettent l'imaginaire des concepteurs, il a fallu imposer de ne pas mêler roman et gothique, cistercien et bénédictin..."36. A Dijon, le projet a été piloté par la cellule informatique du CNERTA (Centre national de Ressources en technologies avancées), service basé à Dijon et dépendant du ministère de l'agriculture. Le CNERTA s'est ensuite chargé de réunir les autres partenaires sans réelle concertation avec la bibliothèque, ce qui a généré ces tensions qui ont exigé du chef de projet un recadrage permanent des objectifs. A Grenoble, le cédérom a été co-réalisé avec un lycée technique proposant une formation en multimédia. L'équipe a donc réuni des scientifiques et des techniciens déjà partenaires du projet, des élèves et des enseignants. Le suivi était assuré par la bibliothèque, qui a rencontré une forte motivation de la part des enseignants et dresse de ce fait un bilan positif de ce partenariat37. 1.2. Les problèmes liés à l'indexation. Dans un programme de numérisation, l'indexation est certainement la phase de travail la plus exigeante. Elle demande un investissement en temps long, sa continuité et sa cohérence nécessitent qu'une ou plusieurs personnes s'y consacrent dans la durée. Opération scientifique, elle doit être effectuée par un personnel qualifié que les bibliothèques sont le plus souvent amenées à recruter à l'extérieur si elles veulent pouvoir continuer à assurer leur fonctionnement normal au quotidien. La bibliothèque Sainte-Geneviève emploie ainsi des vacataires pour réaliser l'indexation de sa prochaine base de données. A Lyon, c’est un étudiant médiéviste qui a été pareillement embauché comme vacataire en 1999 pour indexer 36 Citation extraite d'un courrier électronique reçu le 22 novembre 2001 de M. Syren, directeur de la bibliothèque municipale de Dijon. 37 Remarque du conservateur de Grenoble chargée de la coordination des fonds patrimoniaux reçue par courrier électronique le 13 novembre 2001. De la même façon, l'Ecole vétérinaire de Maisons- Alfort a réalisé un cédérom consacré à son patrimoine (3 parties : le patrimoine architectural, le musée Fragonard et la bibliothèque) en collaboration, pour la partie informatique pure, avec un lycée technique parisien.
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40 2. Moyens financiers. Le coût d’un projet de numérisation est, nous l’avons vu, important, et si les bibliothèques y consacrent nécessairement une partie de leur budget, elles ont aussi recours autant que possible à des modes de financement extérieurs : subventions, sponsors, qui leur permettent de réduire les dépenses engagées. Ces aides sont diverses et dépendent en partie de la nature du projet – de son ampleur, de son intérêt, également du cadre dans lequel il s’inscrit : national, régional ou local. C’est pourquoi il est intéressant d’examiner les questions de financement des projets de numérisation de manuscrits médiévaux à l’aune de ces différents cadres. 2.1. Le cadre national : l’Institut de recherche et d’histoire des textes, un exemple unique en Europe. Beaucoup d’articles ont été écrits, souvent par des chercheurs de l’IRHT eux- mêmes, sur la politique menée par l’Institut de recherche et d’histoire des textes en matière de numérisation des manuscrits médiévaux47. Nous n’en rappellerons donc que les principales étapes, en en soulignant l’originalité. Elle est avant tout d’avoir constamment fixé ses ambitions à l’échelle de l’ensemble du pays et de s’être attaché uniquement à l’objet d’étude : le manuscrit médiéval, indépendamment de son lieu de conservation ou de son appartenance juridique. L’IRHT48 est un laboratoire propre du CNRS créé en 1937 et consacré à la recherche sur le manuscrit médiéval. La période chronologique envisagée va de la fin de l’Antiquité au début de la Renaissance (apparition de l’imprimé, humanisme) et couvre les cinq langues anciennes de culture que sont l’hébreu, le grec, le latin, l’arabe et l’ancien français. Le manuscrit y est étudié autant pour son 47 Les plus récents sont les articles d’Elisabeth Lalou, « La numérisation des manuscrits médiévaux à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes », op. cit. note 44, et en collaboration avec Jacques Dalarun, « Numérisation et manuscrits médiévaux à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes », dans Actes du colloque « Vers une nouvelle érudition : numérisation et recherche en histoire du livre », Rencontres Jacques Cartier, Lyon, décembre 1999, consultables en ligne sur le site de l’Enssib (http://www.enssib.fr – consulté le 17/07/01). Sur la numérisation des enluminures en particulier, cf. les références citées en note plus loin. 48 http://irht.cnrs-orleans.fr (site consulté en septembre 2001).
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43 Par ailleurs, sur un plan plus pragmatique et très concret, l’intérêt de l’existence d’une telle structure pour les bibliothèques est multiple. Financièrement, elles y gagnent car l’IRHT, soit en amont les deux ministères qui financent le programme, prend en charge le coût de la numérisation (et du microfilmage) de leurs fonds de manuscrits médiévaux. Elles ne sont certes pas entièrement dégagées de frais : nous avons vu plus haut (cf. partie 1.2) que le travail préparatoire de recensement des enluminures, et parfois même l’indexation, leur était désormais délégué, et qu’il occasionnait dans la plupart des cas des dépenses en personnel supplémentaires (recrutement de vacataires, etc.). Cependant, aux termes mêmes des conventions conclues entre l’IRHT et les deux ministères de tutelle, l’IRHT doit fournir aux bibliothèques une copie du travail effectué : pour les microfilms, deux bobines (un contretype négatif de conservation et un contretype positif de consultation), pour les fichiers numériques (anciennement les diapositives), les copies correspondantes. Les bibliothèques récupèrent donc ainsi sans avoir engagé de dépenses excessives des copies de leurs fonds dont elles peuvent faire libre usage : de plus en plus, par exemple, envisagent-elles la numérisation des microfilms « de l’IRHT » (cf. annexe 4.2). Enfin, l’IRHT a acquis dans le domaine de la numérisation des manuscrits médiévaux une expérience dont peuvent profiter les bibliothèques pour leurs propres projets de numérisation. L’Institut joue ainsi un peu un rôle de conseiller scientifique et technique auprès des établissements qui le sollicitent. La mission de l’IRHT est réellement exceptionnelle car elle ne rencontre pas d’équivalent en Europe ni même dans le monde. Des entreprises collectives et des programmes communs existent bien entendu en-dehors de la France, des projets internationaux sont également développés. Mais on ne rencontre pas d’initiative aussi engagée que celle de l’IRHT en faveur d’une politique globale de mise en valeur des manuscrits médiévaux au moyen du numérique à l’échelle de tout un pays. Un projet comme le projet américain Digital Scriptorium regroupe les collections numérisées de dix bibliothèques et instituts américains dans une base de données unique et pourrait s’ouvrir à d’autres bibliothèques ; il est cependant loin de couvrir l’ensemble du pays. Si l’on s’en tient aux seules enluminures, le seul projet peut-être comparable aux entreprises françaises a été le vidéodisque des
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45 restreint, ce qui n’empêche pas les bibliothèques de rechercher et d’obtenir des financements à tous les niveaux. 2.2. Les cadres régional et local : des sources de financement multiples pour les bibliothèques. La diversité des sources de financement possibles pour les bibliothèque fait écho à la diversité des projets de numérisation engagés. Il n’y a cependant pas d’adéquation immédiate entre la nature du projet – par exemple, mise en valeur de fonds régionaux – et la source de financement – en l’occurrence, la Région. La réalité est bien plus complexe. Les cédéroms sur Cîteaux ont ainsi bénéficié de crédits à la fois de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Côte d’Or, de la Région, de la Ville et même de l’Union européenne, puisqu’ils ont été produits dans le cadre d’un programme européen (cf. ci-dessous). Le statut des bibliothèques (municipales ou universitaires) est aussi un facteur important qui intervient, quoiqu’à des degrés divers, dans le financement : les tutelles ne sont pas les mêmes, le poids des politiques (la municipalité, les élus) dans les bibliothèques municipales est à la fois un atout et une contrainte. Enfin, le type de produit réalisé (site web, exposition virtuelle, base de données en ligne ou cédérom) amène des financements différents, adaptés à chaque option : ainsi, il est évident qu’un cédérom, qui est d’abord un produit commercial, se prête davantage à la sponsorisation « privée » (de type grande entreprise, etc.) que le développement d’une base de données, si riche soit-elle. Dans les paragraphes suivants, nous essayerons de donner la mesure des différentes sources de financement et de leur diversité à l’aide d’exemples précis fournis notamment par les quelques bibliothèques qui ont bien voulu nous communiquer le budget de leur programme de numérisation53. 53 En particulier les bibliothèques municipales de Dijon et de Grenoble ainsi que la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier, auxquelles vont tous nos remerciements, pour leurs cédéroms – cf. annexe 4.3. Il faut noter cependant que le cédérom, produit fini, est plus facilement chiffrable que les réalisations en ligne, par nature évolutives.
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49 bibliothèques de la région en matière de valorisation du patrimoine (y compris par la numérisation) et d’envisager des actions communes (expositions, etc.). Au niveau local enfin, le rôle des municipalités dans le financement des projets de numérisation des bibliothèques – bibliothèques municipales – est toujours important. A Dijon, si la bibliothèque déplore le faible engagement de la Ville, celle-ci a malgré tout investi autour de 250 000 F de charge directe supplémentaire dans le projet, soit bien deux fois plus que la Région. A Grenoble, la participation de la Ville telle qu’elle apparaît dans le bilan financier estimatif du cédérom a été dix fois supérieure à celle de la Région (124 965 F contre 12 000 F), mais il faut bien voir que les chiffres donnés dans l’un et l’autre cas ne proviennent que de financements indirects. De fait, cet équilibre Région-Ville n’a rien de surprenant dans la mesure où les bibliothèques municipales sont financées par les collectivités locales. Indirectement, tout ce qui est pris sur le budget de fonctionnement de l’établissement leur est aussi à charge. Le bilan financier établi par la bibliothèque municipale de Grenoble comptabilise ainsi au crédit de la Ville les heures de travail du personnel de la bibliothèque, ce qui contribue à grossir le chiffre : à Dijon, le travail valorisé a également été indirectement financé par la Ville, car pris sur le budget de fonctionnement de la bibliothèque. De la même façon, la base d’enluminures de la bibliothèque municipale de Lyon, qui n’a reçu d’autres crédits que ceux de l’ARASSH, a été supportée intégralement par la Ville. La participation directe de la Ville est plus manifeste dans le cas de fonds lui appartenant en propre : ainsi à Lunel, où la municipalité a entièrement financé la numérisation partielle des collections et la réalisation d’un cédérom (coût estimé à 160 000 F environ). Les municipalités offrent par ailleurs d’autres services aux bibliothèques qui facilitent leurs opérations de numérisation : entre autres, la mise à disposition du service informatique de la Ville qui peut prêter son concours à certaines étapes du projet et l’hébergement sur le site de la ville de pages consacrées à la bibliothèque et à son fonds ancien (présence d’images numérisées). Il est intéressant pour conclure de noter à quel point ces sources de financement, d’origines diverses, se mêlent et se cumulent dans la plupart des projets de
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5 Bibliographie La numérisation en bibliothèques est un sujet d’actualité, qui a suscité et suscite encore une littérature abondante. Ne pouvant prétendre à l’exhaustivité, nous avons indiqué uniquement les principales sources de référence dans ce domaine, en insistant sur les études précisément consacrées à la numérisation des manuscrits médiévaux. Les présentations d’expériences ou de cas particuliers ont été regroupées à part. Patrimoine et numérisation : généralités ANDRE Jacques, CHABIN Marie-Anne (sous la dir. de), Les Documents anciens, n° spécial de la revue Document numérique, vol. 3, n° 1-2, juin 1999. AROT Dominique, « La bibliothèque numérique patrimoniale : paradoxes, missions, typologie et évaluation », dans Bibliothèques numériques, cours INRIA, 9-13 octobre 2000, La Bresse, Paris : ADBS Editions, 2000, p. 11-51. Association pour le développement des documents numériques en bibliothèques (ADDNB), [en ligne] http://www.addnb.org (page consultée le 16 juillet 2001). BEQUET Gaëlle, « La numérisation des documents patrimoniaux », dans Protection et mise en valeur du patrimoine des bibliothèques. Recommandations techniques, Paris : DLL, 1998, ch. 13, p. 106-116. BEQUET Gaëlle, CEDELLE Laure, « Numérisation et patrimoine documentaire », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 45, n° 4, 2000, p. 67-72. BURESI Charlette, A propos de la numérisation, document édité par la Sous- direction des bibliothèques et de la documentation, DES/B3, mise à jour de novembre 1999. CALENGE Bertrand, « Pôles associés. Numérique et numérisation », compte rendu de la 5e journée des pôles associés, Paris, 21 mai 2001, dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 46, n° 5, 2001, p. 119-120.
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50 numérisation envisagés. Les bibliothèques n’hésitent pas à faire appel, pour un même projet, à différents niveaux : Etat, Région, Ville. Chacun intervient dans la mesure où les programmes engagés lui semblent répondre à ses propres préoccupations : les manuscrits, et plus généralement les fonds patrimoniaux, ont l’avantage d’être suffisamment « universels » pour interpeller les pouvoirs publics de haut en bas. Toutefois, il est sûr que plus les projets sont larges, regroupent de partenaires, dépassent le seul intérêt local ou régional, plus ils ont de chance d’être pris en charge au niveau national voire international. Enfin, si les bibliothèques ont recours à des sources de financement multiples, il ne faut pas non plus perdre de vue qu’elle consacrent nécessairement une partie importante de leur budget à ces opérations de numérisation – le taux de participation indirecte des Villes aux projets des bibliothèques municipales de Grenoble, Dijon et Lyon par l’intermédiaire du « travail valorisé » en témoigne. La bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier offre un autre exemple : pour le cédérom Cantor & Musicus, elle a disposé pendant deux ans de la subvention affectée au patrimoine de la Bibliothèque interuniversitaire (BIU), normalement partagée entre chaque bibliothèque universitaire : une répartition du budget qui, au niveau central de la BIU, a certainement pesé. Par ailleurs, toutes les bibliothèques ne recourent pas à ces aides, qu’elles n’en aient pas connaissance (notamment pour les aides au niveau européen) ou qu’elles n’aient pu faire valider leurs dossiers pour diverses raisons (temps, objectifs mal définis en amont) – cf. également partie III, note 62. De plus, il y a des investissements difficiles à chiffrer et qui pourtant comptent énormément dans ce type d’opérations : ne serait-ce que le temps passé, le personnel mobilisé, les heures supplémentaires effectuées… pour tenter de parvenir à un résultat qui soit satisfaisant.
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51 III. Pour quels résultats ? 1. Les réalisations concrètes. 1.1. Présentation et analyse des tableaux donnés en annexe 4 : un essai de typologie. Prétendre recenser tout ce qui existe en matière de numérisation de manuscrits médiévaux serait vain : dans ce domaine, les projets fleurissent, qu’ils soient ou non suivis et donnent lieu ou non à des réalisations concrètes. Il nous a semblé plus intéressant, plutôt que de tenter d’établir une liste forcément incomplète, d’essayer de dresser une sorte de typologie des projets en cours, selon leur nature et selon le résultat obtenu60. L’accent a été mis, comme précisé en introduction, sur les projets français émanant de bibliothèques publiques et portant sur des fonds de manuscrits médiévaux. Toutefois, on trouvera également signalées à titre de comparaison en annexe des entreprises étrangères, ou n’émanant pas de bibliothèques, ou encore portant sur des fonds d’archives plutôt que de manuscrits : entreprises souvent similaires à celles qui nous intéressent dans leur démarche comme dans les difficultés rencontrées. Les renseignements fournis en annexe 4 sont inégaux suivant les projets (notamment en matière de coût, de temps passé, de politique documentaire adoptée) : cela tient aussi à la qualité des informations que nous avons pu recueillir, soit directement, soit indirectement par courrier. Ont ainsi été 60 Pour avoir des listes de réalisations existantes, cf. le recensement des différents programmes de numérisation en cours ou achevés dans les établissements sous tutelle du ministère de la culture établi sur son site (http://www.culture.gouv.fr/culture/mrt/numerisation/fr/f_02.htm, consulté le 11/09/01), et pour une sélection plus large de ce qui se fait en France et à l’étranger, se reporter au site « Ménestrel » [Médiévistes sur Internet : sources, travaux, références en ligne] (http://www.ccr.jussieu.fr/urfist/mediev.htm, consulté le 11/09/01) ou à celui de l’Ifla [International Federation of Library Associations] (http://www.ifla.org/ll/diglib.htm, consulté le 11/09/01).
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54 ouvrages acquis récemment grâce à des subventions particulières dont les images numérisées sont présentées assorties d’un bref commentaire, ainsi à Metz ou à Troyes (cf. annexe 1). - la présentation d’un fonds particulier et significatif de la bibliothèque sous la forme d’un texte illustré. La période médiévale offre là moins d’exemples que les périodes plus tardives, car la présentation d’un fonds particulier et significatif conduit le plus souvent à la diffusion de la totalité du fonds numérisé (ainsi pour les manuscrits de Cîteaux ou de Clairvaux, ou encore la bibliothèque des comtes de Champagne). Un type d’approche comparable a été mené par la bibliothèque municipale et interuniversitaire de Clermont-Ferrand pour la présentation du Bréviaire d’Alaric ou Liber legis doctorum, un manuscrit de droit particulièrement important. - les expositions virtuelles. Julie Ladant s’est attardée sur cet aspect de la mise en valeur des fonds patrimoniaux et leur intérêt en terme d’animation et de médiation culturelle64. Des exemples intéressants d’expositions virtuelles sont fournis par les bibliothèques Lorraine, ou encore par la bibliothèque municipale de Troyes (cf. annexe 3). - la mise en ligne d’une collection de documents ou de fonds patrimoniaux numérisés : cette dernière catégorie correspond aux « programmes » évoqués ci- dessus. Leur diversité doit cependant être soulignée : il y a les bases de données consacrées aux enluminures (les plus nombreuses aujourd’hui dans les bibliothèques) qui portent en général sur l’ensemble du fonds, les approches plus thématiques qui ne concernent qu’une partie du fonds mais peuvent en revanche associer d’autres collections : les manuscrits de Clairvaux par exemple donnent à voir des manuscrits de la bibliothèque municipale de Troyes et de la BNF, et peut- être également à terme comprendront-ils ceux de la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier. Les microfilms numérisés donnent eux aussi lieu à 64 Ibid., p. 18 et sqq. Le terme d’ « exposition virtuelle » mériterait une définition claire : faut-il y faire entrer la présentation que donne la bibliothèque municipale de Valenciennes de la Cantilène de sainte Eulalie ou celle que fait la bibliothèque municipale de Troyes de la Bible de saint Bernard ? Entre présentation d’un « trésor » et exposition virtuelle, la frontière est mince, d’autant que, comme le souligne justement Julie Ladant (ibid., p. 21), la plupart des expositions virtuelles se contentent encore de juxtaposer images fixes numérisées et textes explicatifs, sans exploiter les possibilités multimédia d’Internet.
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56 soit à ce jour plus de 1000 manuscrits et plus de 9000 images. A terme, elle devrait donner accès à près de 250 000 images. La base du ministère de l’éducation nationale contient, elle, les enluminures et éléments de décor des manuscrits médiévaux conservés dans les bibliothèques universitaires et de recherche. Pour l’instant, elle ne donne accès qu’aux collections provenant des bibliothèques Mazarine et Sainte-Geneviève : soit plus de 28 000 images. Toutes ne sont pas encore indexées (autour de 900 environ seulement, les autres images numérisées sont accessibles uniquement par la cote du manuscrit). Dans la base du ministère de la culture, le parti pris a été différent : les images non indexées (du moins dont la légende n’est pas renseignée) ne sont pas intégrées à la base. En annexe (4.4) sont données les grilles d’interrogation des deux bases telles qu’elles sont consultables aujourd’hui : il ne s’agit pas des versions forcément définitives, puisque l’une et l’autre base sont encore en test et incomplètes. Mais déjà, l’orientation plutôt « grand public » de celle du ministère de la culture, davantage « chercheurs » de celle du ministère de l’éducation nationale est manifeste. La base du ministère de la culture ne propose sur l’écran d’accueil que les champs d’interrogation suivants : « établissement », « cote », « date », « auteur », « titre » et, pour une recherche précise sur l’image, « sujet », qui correspond à la légende de l’image (il faut seulement penser à sélectionner auparavant « décor » et non « ouvrage » dans la case « corpus »). Le graphisme est sobre, le lecteur s’y retrouve immédiatement : il est face à des « cases » de mêmes dimensions, au nombre de six seulement, explicitées par un mot unique. A droite, les cases « consultation du lexique » donnent accès aux index. Les champs permettant une recherche plus élaborée (« folio/page », « date début » ou « date fin », « support »…) sont accessibles par un index déroulant à partir des flèches situées à gauche des cases « date » et « cote ». La base du ministère de l’éducation nationale est déjà plus complète. L’écran de recherche affiche dix champs : « référence du manuscrit », « auteur du texte illustré », « titre du texte », « classification », « datation », « origine du manuscrit », « possesseur du manuscrit », « attribution de la décoration » et, pour les images, « enluminure : légende » et « enluminure : mots-clés ». Sur le côté, des onglets renvoient aux
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57 index et thésaurus. La comparaison avec la base précédente met en évidence la présence de champs communs (auteur, titre, sujet, date, cote) et celle de champs nouveaux tels que « origine du manuscrit », « possesseur du manuscrit » ou « attribution de la décoration », qui manifestement s’adressent davantage au spécialiste qu’à l’amateur. Le champ « établissement » en revanche a disparu de la base de l’éducation nationale, ce qui n’a rien de significatif car elle n’est pour l’instant alimentée que par deux bibliothèques (bibliothèques Mazarine et Sainte- Geneviève) qu’il est possible de sélectionner préalablement sur la page d’accueil de la base. Ces bases vont certainement évoluer. Le champ « typologie décor », par exemple, dans la base du ministère de la culture, pourrait apparaître directement sur l’écran de recherche sans que cette modification ne le rende trop complexe. Toutefois, en l’état actuel, la comparaison entre les deux bases est intéressante car elle montre quels critères ont été, de part et d’autres, jugés indispensables à l’ouverture de la base ou dans le cadre d’un prototype. Les minima sont dans tous les cas : auteur et titre du manuscrit ainsi qu’un critère d’interrogation « iconographique », en l’occurrence la légende de l’image. Les autres champs ajoutés traduisent les préoccupations et les objectifs propres à chaque base. La base du ministère de la culture est par exemple très proche de celle d’une bibliothèque municipale comme Lyon, qui a également retenu comme critères d’interrogation (cf. annexe 4.1) l’« auteur du livre », le « titre du livre », la « date du livre », la « cote du livre » et deux champs pour l’iconographie proprement dite, « descripteurs » (mots-clés) et « légende de l’image ». Les autres champs, en particulier le champ « enlumineurs » (équivalent de « attribution de la décoration » dans la base du ministère de l’éducation nationale), ne figurent pas de prime abord sur l’écran de recherche : il faut chercher dans « tous les champs » pour y accéder. La démarche du ministère de la culture se situe donc parfaitement dans l’optique « bibliothèque municipale ». A titre de comparaison sont également données en annexe (annexes 4 et 6) les grilles d’interrogation des bases de l’IRHT et de la bibliothèque nationale des Pays-Bas : il est également intéressant de les rapprocher des trois bases que nous venons d’évoquer.
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58 2. Numériser des manuscrits médiévaux en bibliothèques : quel bilan ? Le bilan de la numérisation des manuscrits médiévaux en bibliothèques est un bilan contrasté. D’un côté, les résultats sont là : de plus en plus de manuscrits sont accessibles, en ligne ou sur d’autres supports off line, selon des modalités et des choix différents, parfois discutables, mais qui contribuent néanmoins à une diffusion plus grande de ces fonds jusque-là peu connus du grand public. D’un autre côté, si beaucoup insistent sur la nécessité de définir précisément les objectifs en amont (« numériser n’est pas une fin en soi »)65, c’est aussi pour rappeler que le moindre programme de numérisation implique un investissement financier et surtout humain important qu’il n’est pas toujours facile de bien mesurer au départ, et que si le progrès des techniques actuelles rend la saisie numérique relativement simple et à la portée de plus en plus de bibliothèques, la numérisation ne saurait s’y réduire. Les difficultés que rencontrent la plupart des projets sont symptomatiques de cet état de faits : l’ouverture de la base sur les manuscrits de Clairvaux est retardée à Troyes pour des raisons informatiques, à Lyon l’indexation des enluminures n’est toujours pas achevée faute de personnel pour cela, et la bibliothèque sait que la question va se poser à nouveau pour la prochaine base issue de la numérisation des microfilms. Pour ce qui est du contenu également, les bibliothèques ne sont pas à l’abri d’obstacles de toutes natures, d’erreurs techniques ou dans les choix initiaux, de contraintes diverses qui alourdissent encore le poids des opérations de numérisation. Le cédérom Cantor & Musicus produit par la bibliothèque municipale de Montpellier est un bon exemple de ces difficultés. Le principal « défaut » qu’ont relevé les critiques66 est son extrême densité : 250 études musicologiques, 200 études iconographiques accompagnent le corpus des 65 Cf. partie I, 1.1, ainsi que la contribution de Florence Clavaud dans La numérisation des manuscrits médiévaux. Actes de la journée d’étude organisée par l’Ecole nationale des chartes…, p. 47-57, en particulier p. 49. 66 Cf. notamment le compte rendu du cédérom par Malcolm Bothwell, « La musicologie médiévale et l’ordinateur », dans Le médiéviste et l’ordinateur, n° 39, hiver 2000, p. 34-39. La bibliothèque est la première à dénoncer ces défauts, qui seront pris en compte pour la réalisation du prochain cédérom.
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6 Cédéroms et patrimoine : vers une nouvelle médiation culturelle. Actes des XXXIIIe Journées d’Etudes du C.E.B.R.A.L. (Conques, 20-21 juin 1998), Rodez, 1999. DALBERA Jean-Pierre, « Numériser le patrimoine culturel : un enjeu collectif », dans Culture et Recherche, n° 77, mars-avril 2000, [en ligne] http://www.culture.gouv.fr/culture/editions/r-cr/cf77.pdf (page consultée le 3 janvier 2002). DALBERA Jean-Pierre, PASCON Jean-Louis, Patrimoine culturel et multimédia, ministère de la culture et de la communication, novembre 1999, [en ligne] http://www.culture.fr/culture/mrt/numerisation/fr/politique/politique.htm#Articles (page consultée le3 janvier 2002). DUCHARME Christian, Du CD-Rom à la numérisation. Développer les documents numériques en bibliothèque, Villeurbanne : IFB, 1997 (« La boite à outils »). DUPOIRIER Gérard (sous la dir. de), Les Bibliothèques numériques, n° spécial de la revue Document numérique, vol 2, n° 3-4, 1998. HOLTZ Louis, KAGAN Gilles, « La numérisation des enluminures des fonds des manuscrits des bibliothèques de France », dans La conservation : une science en évolution. Bilans et perspectives. Actes des 3e journées internationales d'étude de l'ARSAG, Paris, 21-25 avril 1997, p. 169-174. JAQUESSON Alain, RIVIER Alexis, Bibliothèques et documents numériques : concepts, composantes, techniques et enjeux, Paris : Ed. du Cercle de la Librairie, 1999. LADANT Julie, La valorisation des collections patrimoniales sur Internet en direction des jeunes publics : enjeux et méthodologie, mémoire d’étude, Enssib, 2001. LUPOVICI Catherine, « De la bibliothèque classique à la bibliothèque numérique : continuité et rupture », dans Documentaliste – Sciences de l’information, vol. 37, n° 5-6, décembre 2000, p. 286-297.
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61 l’internaute69. En terme de coût pour la bibliothèque, on ne peut pareillement avancer que des approximations : la plupart des programmes s’achèvent à peine, et nous avons déjà dit que les heures passées à y travailler n’étaient pas faciles à comptabiliser. Il est sans doute encore trop tôt pour établir un bilan global. Toutefois, de ce rapide survol des différents projets en cours se dégagent quelques lignes du bilan que peuvent esquisser, en interne, en termes de charge de travail et de centres d’intérêt immédiats, les personnels de bibliothèques sur la numérisation des manuscrits médiévaux et ce qu’elle a pu leur apporter. Le premier constat est , partout, l’importance de l’investissement humain. Nous ne l’avons jusqu’ici abordé qu’en terme de coût. Il se mesure également en temps passé… et en fatigue. A la fin d’un projet entamé depuis deux, trois ou quatre ans, dont l’achèvement est toujours retardé par des imprévus de dernière minute, une certaine lassitude se fait jour. Elle est partout perceptible là où des opérations d’envergure ont été entreprises : à Troyes, à Dijon, à Montpellier… Dans la présentation de Cantor & Musicus faite à l’occasion de la journée d’étude organisée par l’Ecole nationale des chartes le 13 octobre 2000, Mireille Vial, conservateur chargée du projet de cédérom, a clairement indiqué que « la dernière validation a demandé une énorme énergie qui commençait d’ailleurs à nous faire défaut »70. Pourtant, la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier travaille déjà aujourd’hui, toujours sous la responsabilité de Mireille Vial, à la réalisation d’un deuxième cédérom consacré cette fois aux manuscrits médicaux de la bibliothèque : ce qui signifie bien que le bilan des projets de numérisation ne saurait se réduire à ce seul constat de lassitude, ni même aux obstacles de toutes natures qui ont pu les traverser. Insister sur les aspects négatifs, parce qu’ils doivent aussi en quelque sorte servir d’exemple, voire de contre-exemple, n’a pas pour but d’occulter les aspects positifs qui sont également nombreux dans la perspective d’un bilan, en interne, des apports de la numérisation. 69 A Troyes par exemple il est possible de comptabiliser le nombre de connexions au site de la bibliothèque : encore faut-il savoir quelles pages ont été consultées, combien de temps, etc. 70 M. Vial, « Cantor & Musicus, le CD-Rom des manuscrits musicaux de la bibliothèque interuniversitaire de médecine de Montpellier », dans La numérisation des manuscrits médiévaux. Actes de la journée d’étude organisée par l’Ecole nationale des chartes…, p. 39-44, à la p. 41.
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62 Au sein de la bibliothèque qui entreprend un projet de numérisation, cette dernière a en effet un impact souvent très fort et très positif. Le projet mobilise non seulement ceux qui y sont précisément affectés, mais également l’ensemble du personnel qui y participe indirectement et en suit l’avancement. Cela a été vrai non seulement à la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier, qui est une petite structure (une dizaine de personnes), mais également dans un établissement plus grand comme la bibliothèque municipale de Troyes. Le conservateur responsable du fonds ancien et chargé de la coordination des projets de numérisation, François Berquet, n’a pas manqué de souligner71 l’intérêt que peut présenter pour le personnel associé à de telles opérations une démarche innovante en regard des missions plus traditionnelles de la bibliothèque. Cette réflexion vaut à tous les niveaux. Le bibliothécaire ou le conservateur chef de projet acquiert à la faveur de ces opérations une connaissance des fonds supérieure à celle qu’il pouvait avoir auparavant. De la sélection initiale des manuscrits à la phase finale de vérification des images, il est en effet indispensable d’avoir une vue précise des fonds retenus. Ce travail, et l’évidente satisfaction intellectuelle qu’il procure, s’apparente à celui qui est réalisé à l’occasion, par exemple, du montage d’une exposition. Dans le cadre d’un programme de numérisation, il est peut-être davantage poussé : indexer des enluminures, plus encore éditer un texte, nécessite de se « confronter » véritablement au document jusque dans ses moindres détails. Le rôle des bibliothécaires dans la conduite d’un projet de numérisation est donc multiple : coordinateurs, acteurs, ils en sont tout à la fois maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage. Si l’émergence des nouveaux médias, en particulier d’Internet, a certainement entraîné des ruptures dans le fonctionnement traditionnel des bibliothèques72, elle n’a jamais fondamentalement remis en cause ni leur existence, ni celle du personnel qui y travaille. Le lecteur peut certes désormais accéder directement au document, à distance, sans l’aide du bibliothécaire : encore faut-il que ce dernier lui ait justement donné cette possibilité, en mettant en œuvre pour lui des projets de numérisation. Ce n’est donc pas la fonction même de bibliothécaire qui est remise en cause, ni ses missions qui restent les mêmes 71 Propos recueillis lors de ma visite à Troyes le 26 octobre 2001. 72 Cf. à ce sujet les références données en note 15.
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63 qu’auparavant : diffuser la « culture » et être une interface entre le savoir et le public. Ce qui a peut-être changé, ce sont les conditions de mise en œuvre de cette mission : au lieu d’aller physiquement porter un manuscrit à un lecteur, et éventuellement le renseigner en salle sur un point particulier de sa recherche, le bibliothécaire se charge de plus en plus de mettre ce même manuscrit, et les instruments de travail qui vont avec, à sa disposition – et à celle des autres – sur un serveur informatique. Mais il faut rester réaliste et bien mesurer ce qu’un tel schéma a de caricatural : les lecteurs ne vont pas déserter les salles du jour au lendemain. On n’a d’ailleurs jamais autant construit de bibliothèques qu’aujourd’hui, et si l’on cherche tant à protéger les manuscrits, c’est qu’ils sont justement de plus en plus demandés et le seront encore longtemps. Les bibliothécaires et les autres professionnels du patrimoine sont bien conscients de cette mutation de leur métier, et l’ont assumée très tôt : les 23e journées d’études du Cercle d’études des bibliothécaires des régions Aquitaine-Languedoc (CEBRAL), qui se sont déroulées à Conques les 20 et 21 juin 1998, avaient déjà pour thème « Cédéroms et patrimoine : vers une nouvelle médiation culturelle », et insistaient précisément sur la notion de « médiation »73. Ainsi, paradoxalement, la numérisation, si elle a rendu possible l’éloignement des lecteurs, a aussi réintroduit plus fortement que jamais la notion de médiation culturelle en bibliothèques et placé les bibliothécaires au centre d’une politique de mise en valeur des collections particulièrement active… et qui est, traditionnellement, au cœur de leur métier. 73 Cédéroms et patrimoine : vers une nouvelle médiation culturelle. Actes des XXXIIIe Journées d’Etudes du C.E.B.R.A.L. (Conques, 20-21 juin 1998), Rodez, 1999. Sur l’importance de cette notion, en particulier pour des collections de type patrimonial, cf. J. Ladant, La valorisation des collections patrimoniales des bibliothèques sur Internet en direction des jeunes publics : enjeux et méthodologie…, notamment à la p. 35 (« la notion de médiation est ici très importante, puisque de toute façon il n’y a pas d’accès libre aux collections patrimoniales »). Cf. également les références données dans la bibliographie, notamment les actes du colloque Patrimoine et multimédia, 1996.
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65 numérisation, envisagée pour ce qu’elle est d’abord – un moyen de mise en valeur des collections –, devrait n’en être que plus efficacement utilisée et exploitée ; quant aux bibliothèques, elles devraient y gagner, à l’avenir, une meilleure lisibilité de leurs actions en matière de numérisation de manuscrits médiévaux, contribuant ainsi au réel succès des programmes mis en œuvre.
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66 Table des annexes Annexe 1 : exemples de présentation en ligne des principales richesses patrimoniales de la bibliothèque (bibliothèque Mazarine ; bibliothèque municipale de Metz). I Annexe 2 : exemple de présentation d’un fonds particulier et significatif de la bibliothèque (bibliothèque municipale et interuniversitaire de Clermont-Ferrand). II Annexe 3 : un exemple d’exposition virtuelle : « Très sage Héloïse » à la bibliothèque municipale de Troyes. III Annexe 4 : les programmes de numérisation de manuscrits médiévaux en bibliothèques en France. IV Annexe 4.1 : bibliothŁques ayant constituØ pour une mise en ligne une base de donnØes sur leurs manuscrits mØdiØvaux. IV Annexe 4.2 : bibliothŁques ayant numØrisØ ou projetant de numØriser l(cid:146)intØgralitØ des manuscrits (cid:224) partir des microfilms existants. IV Annexe 4.3 : bibliothŁques ayant rØalisØ un (des) cØdØrom(s). IV Annexe 4.4 : les bases de donnØes iconographiques des ministŁres de la culture et de l(cid:146)Øducation nationale ; l(cid:146)IRHT. IV Annexe 5 : l’édition des textes : quelques exemples de l’offre sur Internet en France. XII Annexe 6 : quelques réalisations et programmes étrangers. XIII
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I Annexe 1 : exemples de présentation en ligne des principales richesses patrimoniales de la bibliothèque (bibliothèque Mazarine ; bibliothèque municipale de Metz). - Une présentation « classique » des fonds patrimoniaux de la bibliothèque : les « trésors » de la bibliothèque Mazarine : http://www.bibliotheque-mazarine.fr/maztres.htm (page consultée le 12 septembre 2001). - Mise en ligne de la dernière acquisition de la bibliothèque : l’exemple de la bibliothèque municipale de Metz : http://www.mairie-metz.fr :8080/METZ/MED/EXPOS/MED_Psautier.html (page consultée le 12 septembre 2001).
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7 Ministère de la culture et de la communication, Numérisation du patrimoine culturel, [en ligne] http://www.culture.fr/culture/mrt/numerisation/index.htm (page consultée le 4 septembre 2001). La Numérisation au service de la préservation et de la valorisation des archives. Journées d'études de la Direction des Archives de France, Châlons-en- Champagne, 25-27 juin 1997, Paris : Direction des Archives de France, 1998. La Numérisation des collections. Journée d'information et d'étude organisée par le laboratoire Reconnaissance de Formes et Vision de l'INSA dans le cadre de l'Institut des Sciences du Document Numérique Rhône-Alpes, brochure avec résumés des différentes interventions : ISDN-ENSSIB, 25 juin 2001. La Numérisation des manuscrits médiévaux. Actes de la journée d'étude organisée par l'Ecole nationale des chartes en collaboration avec l'Institut de recherche et d'histoire des textes, l’Université de Poitiers (CÉSCM) et le concours de l'Institut national d'histoire de l'art (Paris, 13 octobre 2000), n° spécial de la revue Le médiéviste et l’ordinateur, n° 40, automne 2001. « La Numérisation du patrimoine culturel », dossier de Culture et Recherche, n° 71, mars-avril 1999 [en ligne] http://www.culture.fr/culture/editions/r- cr/cr71.pdf (page consultée le 3 janvier 2002). Patrimoine et multimédia : le rôle du conservateur. Actes du colloque organisé par l'Ecole du Patrimoine à la Bibliothèque nationale de France les 23, 24 et 25 octobre 1996, Paris : la Documentation française - Ecole nationale du Patrimoine, 1997 (« Bibliothèques »). ROUMIEUX Olivier, « Le tour de France numérique », dans Archimag, n° 146, juillet-août 2001, p. 27-42. Vers une nouvelle érudition : numérisation et recherche en histoire du livre. Rencontres Jacques Cartier, Lyon, décembre 1999. Actes du colloque [en ligne] http://histoire.enssib.fr/6archives/Colloques_journees/Nouvelle_erudition/intro. html (page consultée le 17 juillet 2001).
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III Annexe 3 : un exemple d’exposition virtuelle : « Très sage Héloïse » à la bibliothèque municipale de Troyes. Bibliothèque municipale de Troyes. Exposition « Très sage Héloïse » : http://www.bm-troyes.fr (page consultée le 20 septembre 2001).
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V ANNEXE 4.1 Les programmes de numérisation de manuscrits médiévaux en bibliothèques en France. BIBLIOTHEQUES AYANT CONSTITUE POUR UNE MISE EN LIGNE UNE BASE DE DONNEES SUR LEURS MANUSCRITS MEDIEVAUX. Etablissement Réalisation Mode de consultation Lyon (BM) Base des enluminures (12 000 images) Internet (base accessible depuis 2001) Sainte-Geneviève Base des enluminures (15 200 diapositives numérisées) Internet (fin de l’indexation prévue fin 2004, ouverture de la base en local courant 200276) Toulouse (BM) Base iconographique (autour de 2600 images) Consultation de la base en local à la BM Troyes (BM) Base d’images (numérisation en mode image) devant, à terme, couvrir l’ensemble du fonds de la BM Internet (base accessible prochainement, en passant par le catalogue ou par « La bibliothèque virtuelle » : accès aux manuscrits de Clairvaux et à la bibliothèque des comtes de Champagne) La BNF dispose pour sa part de sa propre base de données Mandragore (recensement de l’iconographie de l’ensemble de ses manuscrits : plus de 80 000 images indexées à ce jour, une estimation globale est impossible). Sur Internet, le
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VI public a accès à une petite base de données constituée pour les images de l’exposition « Charles V et son temps » (possibilité de recherche par liste de thèmes ou liste des manuscrits – auteur, titre, cote). ILLUSTRATIONS DONNEES PAGES SUIVANTES : - exemple d’interrogation de la base de données sur les enluminures de la bibliothèque municipale de Lyon http://sgedh.si.bm-lyon.fr/dipweb2/phot/enlum.htm (page consultée le 11 septembre 2001). - exemple de navigation possible dans l’exposition « Charles V et son temps » sur le site de la BNF http://www.bnf.fr/enluminures/accueil.htm (page consultée le 20 septembre 2001). ILLUSTRATIONS DONNEES EN APPENDICE A L’ANNEXE 4.1 : - exemple de recherche précise (« copistes ») dans les dossiers pédagogiques de la BNF http://www.bnf.fr/pages/pedagos/pages/indexico.htm (page consultée le 20 septembre 2001). - À titre de comparaison : Archim, la base de données des Archives nationales http://www.culture.gouv.fr/documentation/archim/accueil.html (page consultée le 18 décembre 2001). 76 Cependant la bibliothèque Sainte-Geneviève alimente aussi les bases de l’IRHT (Initiale) et du ministère de l’éducation nationale, et cette dernière devrait être accessible sur Internet aux alentours de février 2002.
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9 SETA-JOANNIC Frédérique, Le Rôle de la numérisation dans la mise en valeur des fonds patrimoniaux : l’exemple de la bibliothèque interuniversitaire Cujas, mémoire d’étude, Enssib, 1999. — « Etude préalable à une opération de numérisation : la démarche menée à la bibliothèque interuniversitaire Cujas », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 44, n° 6, 1999, p. 76-79. SIBERS Jean-François, « Patrimoine et documentation : la Banque numérique du savoir d’Aquitaine », dans Bulletin des Bibliothèques de France, t. 46, n° 5, 2001, p. 121-123. SIGAUD Françoise, Numérisation des fonds patrimoniaux des bibliothèques allemandes, Enssib, juin 2001, [en ligne] http://.enssib.fr/bibliothèque/documents/travaux/biball.html (page consultée le 4 janvier 2002). VIAL Mireille, « Patrimoine et nouvelles technologies : les manuscrits musicaux du Moyen Age de la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier », dans Bulletin des bibliothèques de France, t. 43, n° 6, 1998, p. 76-79. Principaux sites consultés Trop de sites de bibliothèques contiennent des images de manuscrits médiévaux enluminés numérisés pour qu’il soit envisageable de les citer ici. N’ont été mentionnés que les sites (principalement francophones) faisant office de répertoires de ressources dans le domaine du manuscrit médiéval. Se reporter aux annexes pour des exemples précis par établissement. International Federation of Library Association (IFLA), liste recensant différents programmes de numérisation dans le monde, [en ligne] http://www.ifla.org/ll/diglib.htm (page consultée le 11 septembre 2001).
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Direction Générale de l’Aviation Civile Ministère de la Transition écologique et solidaire Axes de surveillance organismes CCA année 2020 Bruno HALLER DSAC/PN/FOR – 8 novembre 2019
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Ministère de la Transition écologique et solidaire Direction Générale de l’Aviation Civile RAPPEL MÉTHODES DE SURVEILLANCE CCA (2/3) Réunions : uniquement à la demande - des organismes : pour traiter des problématiques particulières (de tout ordre) ; - de DSAC/PN/FOR : si problématique rencontrée avec un organisme.
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Ministère de la Transition écologique et solidaire Direction Générale de l’Aviation Civile RAPPEL MÉTHODES DE SURVEILLANCE CCA (3/3) Audits programmés : Programmés tous les 2 ans de manière nominale. L’organisme est prévenu en décembre de l’année (N-1). Audits non programmés : L’organisme est prévenu environ 1 à 2 semaines avant la date d’audit. Les domaines audités sont ciblés. Audits inopinés : L’organisme n’est pas prévenu.
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Ministère de la Transition écologique et solidaire Direction Générale de l’Aviation Civile AXE DE SURVEILLANCE 2020 Normes d’instruction - Objectif : 25 en 2020 avec nouveautés : NI réalisées sur séances de supervision, réunions de standardisation ou cours témoin; - Organismes ciblés : critères pris en compte : . Résultats faibles aux examens, . Organismes multi-sites. Merci par avance de bien vouloir communiquer les dates de supervisions et de réunions de standardisation à DSAC/PN/FOR
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Direction Générale de l’Aviation Civile Ministère de la Transition écologique et solidaire QUESTIONS ?
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Fiche d’éligibilité n° 2A-0008 – Edition 7 – mai 2020 Page : 2/8 1 BASES REGLEMENTAIRES DE L'ELIGIBILITE 1.1 Conditions techniques de navigabilité Le kit doit répondre dans le cadre de la procédure d'éligibilité prévu dans l'arrêté du 22 septembre 98 relatif au certificat de navigabilité spécial d'aéronef en kit (C.N.S.K.), aux conditions techniques suivantes : - JAR VLA édition originale du 26 avril 1990 en y incluant les amendements VLA/91/01 et VLA/92/1 - JAR 22 H pour le moteur - JAR 22 J pour l'hélice 1.2 Conditions spéciales Option parachute de secours avion : Cette option est décrite dans les documents Dyn’Aéro référencés : - MPLPK00 : Option Parachute Kit Structure - MPLPS00 : Option Parachute Kit Installation et répond aux Conditions techniques complémentaires pour avion en kit équipé d’un parachute de secours (Edition 1 du 09 mars 2005) Option remorquage : Cette option est décrite dans les documents Dyn’Aéro référencés MPLPAE0 (crochet de remorquage), MPLPBWO (enrouleur de câble) et répond à l’ensemble des conditions de navigabilité notifiées par le ministre chargé de l’aviation civile et en particulier à la note du 12 Septembre 1975 référencée 5381 DTA/SDT/R du SGAC relative aux "Conditions techniques complémentaires spécifiques à l'aptitude au remorquage de planeur ou de banderole" Les conditions d’utilisation de l’appareil en remorqueur sont définies dans le supplément au manuel de vol du MCR M référencé : TEXNO14. Seuls les MCR M équipés du moteur Rotax 914 UL et de l’hélice Dyn’aero MKIHE10 sont autorisés au remorquage et la masse maximale au décollage avec l’option remorquage installée est limitée à 472 kg. 1.3 Equivalent de sécurité Néant 2 CARACTERISTIQUES TECHNIQUES 2.1 Généralités Le kit MCR M est un avion monomoteur, biplace cote à cote et à ailes basses. La coque du fuselage est en carbone. La voilure est constituée d’un longeron composite bois/carbone et d’un revêtement de voilure en microsandwich carbone. La définition de type se trouve dans le document DYN'AERO référencé T BE NO FD. 2.2 Dimensions
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Fiche d’éligibilité n° 2A-0008 – Edition 7 – mai 2020 Page : 3/8 Voilure Envergure : 8.66 m Surface : 8.31 m² Allongement : 8.96 Corde moyenne : 0.96 m Dièdre principal : 3° Fuselage Longueur hors tout : 5,53 m Hauteur : 1,53 m Largeur cabine : 1,12 m Empennage horizontal Envergure : 2.5 m Corde moyenne : 0.55 m Surface : 1.38 m² 2.3 Train d'atterrissage Type : Classique Train principal : Amortisseur oléo-pneumatique Roulette de queue : Deux tubes en acier coulissants l’un dans l’autre avec suspension par Sandows. En option : Type : Tricycle Train principal : Amortisseur oléo-pneumatique Roulette de nez : Deux tubes en acier coulissants l’un dans l’autre avec suspension par Sandows. 2.4 Configurations GMP Configurations possibles : Moteurs Hélices ROTAX 912 UL / A / F Puissance maximale : - Décollage : 80 HP (59.7 KW) / 5800 RPM - Continue : 77.8 HP (58.0 KW) / 5500 RPM ROTAX 912 ULS / S Puissance maximale : - Décollage : 98.6 HP (73.5 KW) / 5800 RPM - Continue : 92.5 HP (69 KW) / 5500 RPM ROTAX 914 UL / F Puissance maximale : - Décollage : 113.3 HP (84.5 KW) / 5800 RPM - Continue : 98.6 HP (73.5 KW) / 5500 RPM Pas fixe EVRA 156-178-106 Bipale Composition : bois Diamètre : 156 cm x MT PROPELLER 156-220-2M Bipale Composition : bois Diamètre : 156 cm x DYN’AERO MKIHE10 ( ) Tripale Composition : composite Diamètre : 156 cm x O-STOL x r O-R DYN’AERO MKIHE11 ( ) Bipale Composition : composite Diamètre : 156 cm x X O-C x
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Fiche d’éligibilité n° 2A-0008 – Edition 7 – mai 2020 Page : 4/8 Moteurs Hélices ROTAX 912 UL / A / F Puissance maximale : - Décollage : 80 HP (59.7 KW) / 5800 RPM - Continue : 77.8 HP (58.0 KW) / 5500 RPM ROTAX 912 ULS / S Puissance maximale : - Décollage : 98.6 HP (73.5 KW) / 5800 RPM - Continue : 92.5 HP (69 KW) / 5500 RPM ROTAX 914 UL / F Puissance maximale : - Décollage : 113.3 HP (84.5 KW) / 5800 RPM - Continue : 98.6 HP (73.5 KW) / 5500 RPM Pas variable électrique MT PROPELLER MTV-7-A / 152-106 Tripale Composition : bois - composite Diamètre : 152 cm x MT PROPELLER MTV-7-A / 156-122 Tripale Composition : bois - composite Diamètre : 156 cm x x Pas variable hydraulique MT PROPELLER MTV-6-A / 152-106 Tripale Composition : bois – composite Diamètre : 152 cm x MT PROPELLER MTV-6-A / 156-122 Bipale Composition : bois – composite Diamètre : 156 cm x x MT PROPELLER MTV-21-A Bipale Composition : bois – composite Diamètre : 170 cm x x DYN’AERO MKIHE12 ( ) Bipale Composition : composite Diamètre : 156 cm x x O-C x DYN’AERO MKIHE13 ( ) Tripale Composition : composite Diamètre : 156 cm x x O-STOL x DYN’AERO MKIHE32 ( ) Bipale Composition : bois- composite Diamètre : 170 cm x x x x = Association possible r = Aptitude au remorquage O-C = Optimisation croisière O-R = Optimisation remorquage O-STOL = Optimisation STOL 2.5 Carburant Type : Sans plomb 95 à 100 LL 2.6 Huile Type : Semi ou synthèse (voir Note 1) 2.7 Liquide de refroidissement Type : Eau au glycol (voir Note 1)
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Fiche d’éligibilité n° 2A-0008 – Edition 7 – mai 2020 Page : 5/8 2.8 Masse et centrage - Mise à niveau Mettre l’avion en état de vol (avec eau et huile moteur) sans essence ni personne à bord sur des balances de sorte que le bord de la cabine soit à 1,6° piqueur par rapport à l’horizontale. - Référence de centrage Bord d'attaque de la corde moyenne - Masses Masse à vide : 250 kg Masse maximale : 544 kg 472 kg pour la configuration remorqueur de planeurs. - Plan de chargement Masse Bras de levier Nombre de siège : 2 86 x 2 172 kg 700 mm Essence : 1 réservoir de 80l 80 l 50 mm Bagages 15 kg 1150 mm - Diagramme Bras de levier / Moment arm (m) masse (kg) Masse maximale pour la configuration remorqueur de planeurs (472 kg)
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Fiche d’éligibilité n° 2A-0008 – Edition 7 – mai 2020 Page : 6/8 2.9 Débattement des gouvernes Profondeur : -10° / +3.5° Aileron : -20 / +10° Direction : -20 / +20° Volets 1er cran (croisière) : 0° 2ième cran (décollage) : 17° 3ième cran(atterrissage long) : 30° 4ième cran (atterrissage court) : 45° 2.10 Liste minimale des équipements Instruments de vol Anémomètre Altimètre Compas magnétique Bille Instruments moteur Compte tour Température d’huile Pression d’huile Température culasse Jauge essence 3 LIMITATIONS 3.1 Vitesses limites (Vi en km/h et noeuds) Vmini (vitesse de décrochage à 544 kg) : 70 km/h 38 kts VNE (vitesse à ne jamais dépassée) : 315 km/h 170 kts VNO (vitesse maximale d'utilisation normale) : 221 km/h 119 kts VA (vitesse de manœuvre) : 191 km/h 103 kts VFE (vitesse limite volets sortis) : 140 km/h 75.5 kts 3.2 Facteur de charge limite Volets rentrés : +4 / -2 g Volets sortis : +2g / 0
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Fiche d’éligibilité n° 2A-0008 – Edition 7 – mai 2020 Page : 7/8 4 DOCUMENTS ASSOCIES Tableau des composants : T GE NO 09 Manuel de montage : M EX NO 02 Manuel de vol : T EX NO 01 Manuel de maintenance : M EX NO 03 Programme de vérification : P EX NO 01 Supplément Manuel de vol : T EX NO 14 MCR M Remorquage de planeur Tableau des composants illustrés Hélices : M GE NO HE Tableau des composants illustrés Tableau de Bord : M GE NO IN Tableau des composants illustrés Options : M GE NO 17 5 NIVEAU DE BRUIT Le niveau de bruit du MCR M en configuration remorquage de planeur a été mesuré selon une méthode acceptée par le ministre chargé de l’aviation civile. Aéronef Catégorie : Avion Appellation : MCR M Fournisseur : Dyn’aero Masse Maximale au Décollage : 472 kg Moteur(s) Nombre : 1 Nombre de cylindres : 4 Type : Rotax 914 UL Puissance : 115CV/84.5KW à 5800 tr/min Régime moteur à PMC : 5800 tr/min Réducteur : non oui rapport : 2.43 :1 Hélice(s) Constructeur : Dyn’aero / Neuform Type : MKIHE10 (= DR3 56/47/101.6) Nombre : 1 Nombre de pales : 3 Diamètre : 1560 mm Pas : variable fixe calage : 22° à 75% du rayon Forme de saumon : arrondi Réducteur : non oui rapport :
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Fiche d’éligibilité n° 2A-0008 – Edition 7 – mai 2020 Page : 8/8 Echappement Constructeur : ROTAX Type : standard Silencieux d’échappement non oui Niveaux de bruit Niveau de bruit déclaré : 62,4 dB(A) Régime moteur associé : 2294 tr/min Intervalle de confiance : 0,34 dB(A) Niveau de bruit maximal autorisé : 70,0 dB(A) chapitre 10§ 10.4.b) Marge : 7,6 dB(A) Limitation : aucune NOTES NOTE 1 : Se référer à la dernière édition du manuel de maintenance et Bulletins Service du motoriste, en effet des variations peuvent apparaître selon le type de moteur et le carburant utilisé.