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Conventions de lecture de l’arbre de classification des verbes distributionnels du français
Objectif
L’arbre de classification sert à déterminer à quelle classe appartient une entrée verbale donnée. Il est conçu pour un utilisateur qui connaît les propriétés de l’entrée et qui applique successivement les critères indiqués dans l’arbre.
Constructions prises en compte
Presque tous les critères concernent la construction qui comporte le sujet et tous les compléments essentiels (Boons et al., 1976), et que nous appelons construction de base. Par exemple, pour transvaser, la construction de base est illustrée par la phrase Luc transvase le vin de la cuve dans le tonneau, qui a un complément direct et deux compléments prépositionnels. Quelques critères concernent des variantes de la construction de base, par exemple On élit Luc comme président / On élit Luc président, ou encore des constructions totalement différentes dans laquelle les arguments occupent d’autres positions, comme Le vin est transvasé par Luc de la cuve dans le tonneau.
Détermination de la construction de base
Avant d’utiliser l’arbre de classification sur une entrée, l’utilisateur détermine sa construction de base, car c’est celle-ci qui servira de référence pour l’application de la plupart des critères. La construction de base est choisie parmi les différentes constructions qui relèvent de l’entrée, et dans lesquelles le verbe conserve le même sens. Ce choix peut être délicat et même en partie arbitraire, mais il repose sur des priorités :
- priorité à la construction qui comporte le plus de compléments essentiels, par exemple Luc conjugue le verbe au futur par rapport à Luc conjugue le verbe ;
- priorité à l’actif par rapport au passif, même lorsqu’il est moins employé, par exemple Le paysage éberlue Max par rapport à Max est éberlué par le paysage ;
- priorité à la construction qui comporte une préposition par rapport à celle sans préposition, par exemple Les soldats patrouillent dans la ville par rapport à Les soldats patrouillent la ville ;
- priorité à la complétive sur l’infinitive, par exemple Luc craint qu’il ne pleuve par rapport à Luc craint d’être mouillé, et donc complément direct ;
- lorsqu’une construction contient deux compléments essentiels dont l’un dénote un lieu, et situe par rapport à ce lieu une entité dénotée par l’autre complément, priorité à la construction dans laquelle le complément de lieu est prépositionnel, par exemple Luc peint un portrait sur la cloison par rapport à Luc peint la cloison d’un portrait ;
- lorsqu’il existe un complément direct et un complément avec une des prépositions en ou entre, la construction dans laquelle apparaît ce dernier a priorité par rapport aux éventuelles autres constructions qui comportent un autre complément prépositionnel, par exemple Luc ventile le courrier en quatre tas par rapport à Luc ventile le courrier dans les services.
Numérotation des arguments
Presque tous les critères font référence à un des arguments syntaxiques de la construction de base à travers une numérotation. Les arguments syntaxiques sont le sujet et les compléments essentiels. Ils sont supposés être numérotés à partir de 0 et conformément à l’ordre (ou à un des ordres possibles) des compléments dans la construction. Le sujet porte donc le numéro 0. De plus, on place les compléments directs avant les compléments indirects lorsque cet ordre est acceptable : Luc formule ses réflexions à Marie plutôt que Luc formule à Marie ses réflexions. De même, on place un complément de lieu source avant un complément de lieu de destination lorsque l'ordre est acceptable : Max expédie les colis de Gap à Dax plutôt que Max expédie les colis à Gap de Dax. Ces principes laissent parfois le choix entre plusieurs numérotations. Dans ce cas, l’arbre de classification tente de prévoir toutes les numérotations recevables, quitte à inverser deux numéros et recommencer.
Les prépositions éventuelles introduisant des compléments essentiels sont indicées par le numéro correspondant. Les groupes nominaux ou propositions constituant les arguments syntaxiques sont symbolisés par N indicé par le numéro. Ainsi, dans Luc formule ses réflexions à Marie, le symbole N1 représente ses réflexions, Prép2 symbolise à et N2 symbolise Marie.
Critères
Les critères utilisés dans l’arbre correspondent à des propriétés syntaxiques et sémantiques de l’entrée à classer. La plupart prennent la forme d’un des intitulés décrits dans la documentation sur les propriétés, par exemple « N1 =: Qu Pind » qui indique la possibilité d’une complétive objet à l’indicatif en position N1. D’autres sont des formules booléennes sur de tels intitulés : par exemple, « (N1 =: Qu Pind) ou (N1 =: Qu Psubj) » indique la possibilité d’une complétive objet à l’indicatif ou au subjonctif. Les quelques intitulés qui ne sont pas explicitement documentés utilisent les mêmes notations que les autres.
Il faut appliquer successivement entre 2 et 14 critères pour déterminer à quelle classe appartient une entrée. Chaque étape propose un choix entre plusieurs critères exclusifs les uns des autres. Lorsqu’il y en a deux, ils sont souvent la négation logique l’un de l’autre. Par exemple, le critère associé à « (N1 =: Qu Pind) ou (N1 =: Qu Psubj) » est sa négation « non (N1 =: Qu Pind) et non (N1 =: Qu Psubj) ».
Critères distributionnels
Beaucoup de critères contiennent le symbole « =: » et indiquent une valeur que peut prendre un des éléments de la construction de base (ou parfois plusieurs valeurs). Ainsi, « N0 =: N-hum » indique que le sujet N0 peut prendre comme valeur un groupe nominal N-hum dénotant une entité non humaine. Un tel critère n’indique pas une valeur exclusive : si le sujet peut aussi prendre d’autres valeurs, cela n’empêche pas que le critère donne un résultat positif. La seule exception à cette convention est le symbole Npl obl qui désigne un groupe nominal obligatoirement pluriel ou à sens collectif.
Le symbole <E> représente l’absence de forme explicite, par exemple l’absence de préposition. Le symbole # se lit « différent de » et précède une ou plusieurs valeurs que l’élément peut ne pas prendre. Ainsi, « Prép2 # à » indique que la préposition peut avoir une valeur autre que à. Le critère « Prép2 # <E> » indique que la préposition peut avoir une forme explicite. Le critère « non (Prép2 # <E>) » indique qu’aucune préposition explicite ne peut apparaître en cette position.
Critères sémantiques
Tous les critères sémantiques sont exclusifs les uns des autres par nature : «  N1 bénéficiaire » indique que l'objet N1 est interprété comme bénéficiaire du référent N2 (Max goinfre Bob de gâteaux), alors que «  N1 détrimentaire » indique que l'objet N1 est interprété comme perdant le référent N2 (Max a possédé Luc de 100 euros). De plus, on donne la priorité à un complément de lieu de destination par rapport à un complément bénéficiaire : Max expédie la lettre à Luc par rapport à Max expédie la lettre à Gap. De même, on donne la priorité à un complément de lieu source par rapport à un complément détrimentaire.
Variantes de formulation
Un même critère peut généralement être formulé de plusieurs façons : par exemple, dans le contexte des verbes transitifs directs à deux arguments, la possibilité d’une complétive objet à l’indicatif peut être notée « N1 =: Qu Pind » ou « N0 V Qu Pind ». La formulation choisie dans l’arbre de classification n’est pas toujours la même que celle choisie dans les intitulés des propriétés décrites dans les tables.
Résultat de la classification
À l’issue de l’application des critères, l’arbre indique la classe à laquelle appartient l’entrée. Dans certains cas, il indique en outre une ou plusieurs propriétés additionnelles que doit posséder l’entrée et qui n’ont pas été vérifiées dans les critères qui ont mené à cette branche. Par exemple, la branche menant à la classe 39 passe uniquement par 4 nœuds de l’arbre :
3 arguments Prép1 =: <E> Prép2 =: <E> non (N2 =: V0-inf W)
Mais elle indique comme propriétés additionnelles « non (N1 =: V0-inf W) et non (Prép2 # <E>+comme) ». En d’autres termes, les auteurs du Lexique-Grammaire ont constaté lors de leur travail que toutes les entrées qui vérifient à la fois les 4 propriétés ci-dessus vérifient également ces propriétés additionnelles.